Chapitre 16: Ce qu'il nous reste

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J'ai passé mon week end à attendre lundi pour le revoir avec l'espoir qu'il se passe quelque chose, qu'il s'arrête pour me demander comment je vais ou juste qu'il sourit en me voyant, ou même un regard suffirait.

Je me dirige vers l'amphi avec Mathilde, c'est la première fois que je m'assois avec elle, on se place vers le milieu et il est déjà assis quelques rangs devant nous. Quand je l'aperçois je sens des frissons parcourir mon corps et mon coeur palpite d'une façon que je connais que trop bien, je ne vois plus que lui. J'aimerais tellement parler à Mathilde de ce que je ressens pour lui et de tout ce qu'il s'est passé mais j'en suis incapable. Je n'arrive pas encore à accepter le fait que je sois dingue d'un mec, et le fait que ça soit ce mec en particulier, un mec avec qui elle a flirté, j'ai trop peur de la perdre. Elle est ma seule amie, la seule personne sur qui je peux vraiment compter et je n'ai pas envie de gâcher ça.

Pendant la pause je reste assis et j'attend qu'il sorte fumer sa cigarette pour croiser son regard. Au moment où il passe il jette un regard furtif vers moi avant de continuer sa route comme si je n'étais personne. Il m'ignore complètement, il ne m'accorde rien, aucune attention, je ne suis personne pour lui. Il n'a même pas envie de savoir dans quel état j'étais après avoir pris sa merde, il se fiche complètement de savoir ce que je ressens, ce que je pense de tout ça, ou même si je pense quelque chose.

Son comportement me tue, le regard qu'il me lance sans que je ne puisse rien attraper de lui, le fait qu'il ne me laisse aucune prise, qu'il me montre clairement que rien de ce qui s'est passé n'est à retenir, que lui n'a rien oublié car à aucun moment il n'a senti le besoin de se rappeler.

En l'espace de quelques secondes je ressens toute l'angoisse, la peur et la souffrance qui étaient enfouies au fond de moi depuis cette soirée. Ca y'est, tout ça m'a rattrapé, je peux me consumer de nouveau.

Le problème c'est moi, moi et mon putain de délire à la con. Comment j'ai pu être assez bête pour croire que m'avoir embrassé dans ces toilettes crasseuses lui donnerait envie de me connaitre. Ce n'était rien, rien n'avait de sens, l'alcool, la drogue et nous au milieu de tout ça. Pour lui je n'existe même pas, mais moi j'ai tellement une vie pathétique que la moindre marque d'affection me fait l'effet d'une bombe. Le moindre geste me fait imaginer qu'on pourrait tenir à moi, qu'on pourrait m'aimer. Mais pourquoi voudrait-il aimer un mec comme moi? il a toutes les personnes qu'il lui faut autour de lui, ll en connait tellement des gens que moi à coté je n'ai rien à lui apporter. Je pense en permanence à lui parce que je n'ai personne d'autre à qui penser, il est la seule chose un peu agréable qui me soit jamais arrivée dans ma vie, mais lui c'est sa vie en tant que telle qui est agréable, il joue, il aime, il vit sa vie sans dépendre de personne. Moi de mon coté je recherche désespérément quelqu'un pour venir me sauver, j'ai besoin qu'on m'arrache à ma vie, qu'on n'y foute le feu, qu'on ne laisse que des cendres et qu'on reconstruise tout. Je veux pouvoir oublier qui je suis, qu'on m'emmène tellement loin au point d'oublier comment revenir, que ça dure tellement longtemps que je ne sache plus où ça se trouve, qu'on me fasse tellement tourner la tête que je ne sache plus dans quel état c'était.

Je veux qu'il me choisisse, qu'il crie au monde entier qu'il a décidé de me choisir et qu'on s'embrasse sans devoir penser ni à l'endroit, ni aux gens, ni au moment. Je veux que ça soit simple comme l'amour, qu'on ne se cache pas, qu'on ne réfléchisse pas, qu'on soit idiot comme des gens qui s'aiment. Qu'on puisse être bête, je veux me sentir stupide, avoir l'esprit vide, ne plus penser. Pourquoi je pense autant? pourquoi ma tête est toujours pleine? pourquoi rien n'est jamais simple?

Si je pouvais aimer une fille est-ce que tout serait plus simple? peut-être pas tout mais au moins l'amour j'en suis sûr.

Est-ce que si j'étais tout sauf ce que je suis je parviendrais à m'aimer?

Un garçon qui voulait être normalWhere stories live. Discover now