10 [La où tout recommence]

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Je ne comprend absolument rien.
Il y a 5 Minutes j'étais dans une taverne entourée de vikings et d'une prêtresse.
Maintenant je suis dans un hôpital entourée de mon père et de ma meilleure amie et on me dit que je suis malade.

Qu'est ce qu'il se passe au juste?!

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Je regarde mon père droit dans les yeux, paniquée, ébahie.
Je ne comprend vraiment pas ce qu'il se passe! Il me regarde dans le blanc des yeux , un regard qui en dit long sur ce qu'il pense. Un mixte entre « je suis désolé » et « tu me fais de la peine ».
Je tourne la tête vers Morgane.
Elle ne cesse de pleurer. Alors pris d'un élan d'agacement, j'hurle:

"PUTAIN MAIS QU'EST CE QUI CLOCHE CHEZ VOUS?! POURQUOI VOUS NE ME DITES RIEN?!
POURQUOI VOUS NE ME RÉPONDEZ PAS?!"

Morgane me lâcha la main,
se leva, prit une grande respiration et dit d'un ton monotone:

"-Écoute, Amalia, on te l'a déjà dit... plusieurs fois même... je t'ai retrouvé chez toi, derrière la porte évanouie lorsque j'étais venue te récupérer pour aller à la soirée.
Suite à ça j'ai appelé les urgences,
ils t'on emmené et nous on dit que tu étais tombée sur la tête et qu'il fallait t'opérer car tu avais un trop gros hématome au cerveau.
Le chirurgien dans la précipitation a touché un nerf qui t'a provoqué une amnésie passagère.

De ce fait on arrête pas de te répéter la même histoire depuis 3 heures!
T'as eu de la chance tu sais ça?!

-Mais alors tout est faux?!
Les vikings? La sirène? La prêtresse?!Ma grand mère?!

-L'anesthésie a dû te faire rêver.

-Non! Non! C'est impossible!!!"

Je me redresse d'un coup, attrape les fils de la perfusion et tire dessus d'un coup sec.
Ça la retire d'une traite mais je saigne beaucoup désormais. Je bondis hors du lit et me précipite en dehors de la chambre. Mon père et Morgane me suivent, ils crient en même temps
"OU TU VAS?!"

Je ne répond pas.
Je cours juste.
Et je pleure.
Je pleure encore et encore.

Je croise dans les couloirs des médecins, des infirmières, des patients. Je les esquives et croisent leurs regards qui semble ne pas comprendre.
Je dois passer encore plus pour une folle.
Une patiente en blouse qui court dans les couloirs en pleurant. Super.

Je me recentre sur ma route.
Le couloir est tout blanc et vide.
Il n'y a plus rien devant moi.
Ni patients, ni médecins, ni infirmières. Je suis seule.

Prise de panique je me retourne, derrière moi: plus rien.
Mon père et Morgane avaient disparut. Les médecins aussi.
Les brancards aussi.
Les infirmières aussi.
Tout était vide.

Ça y est.
Ça me revient.
La sensation que mes poumons sont plein. Plein d'eau, d'eau salée. Je me noie une fois de plus. Dans un couloir. Je suffoque et m'effondre. Il n'y a personne pour me sauver.
La tête contre le sol, je vois mon reflet. Ce sol couvert de lino beige moucheté de noir se transforme en un énorme miroir.

Je suis tétanisée.

Je regarde mon reflet que je peux maintenant bien percevoir. Elle est là. Cette foutue sirène.
Son sourire encore une fois, s'étant jusqu'à ses oreilles et fend son visage. Ses cheveux toujours violet rouge flottent comme dans l'eau.

Je ne suis pas sous anesthésie pourtant?! Je ne rêve pas?! Je ne suis pas folle?!

Voyant une main surgir du sol je comprend rapidement que cette p*tain de sirène va refaire surface.
Je lève la tête et vois au fond de ce couloir infini une porte coupe feu.
Je suis toujours tétanisée mais il faut que je parte.

Je me redresse alors et court.
Je court de toutes mes forces.
Lorsque je me retourne, elle se tient derrière moi, debout, les yeux emplit de haine. Je ne savais pas que les sirènes pouvaient avoir des jambes.
C'est une course poursuite qui n'a pas de sens. J'ai l'impression de faire du sur-place. Je n'arrive pas à la porte alors qu'elle me rattrape de plus en plus. Cela fait maintenant 10 bonnes minutes que nous courrons.
Elle n'est plus qu'à un mètre de moi.
Et moi je suis loin de la porte.
Très loin.

Puis, en une fraction de seconde je suis propulsée devant la porte. Comme si tout ce que j'avais couru au paravent venait de "s'activer".
Je suis essoufflée et je n'arrive plus très bien à respirer. Il faut dire que la course à pieds c'est pas trop mon truc.

Je pousse la porte de toutes mes forces. Je suis sans voix. Devant moi se tiens un mur d'eau.
Je perçois des poissons, des coraux.
La mer sans doute.
Sans aucune hésitation, je prend une grande bouffée d'air et saute en avant dans cette eau salée que je commence à comprendre maintenant.
Je ne me pose pas de questions.
À chaque fois je ressort vivante de l'eau et puis j'ai bien trop peur du monstre derrière moi.

C'est alors que je percute que je suis allée dans la mer, habitat naturel des sirènes.
Elle va me tuer c'est sur.
Je suis vraiment trop bête.
Je me retourne pour voir si elle m'a suivie. Non.
Les portes se sont refermées toutes seules et elle ne les a pas rouvertes.
Va savoir pourquoi.

Pourquoi ça m'arrive?
Pourquoi une porte d'hôpital? Pourquoi l'océan?
Pourquoi...?

Je n'ai presque plus d'air, il faut que je sorte de la. Mes yeux me piquent et je sens ma peau former des plaques d'eczéma sur mon visage.
La blouse d'hôpital me gêne car elle flotte au niveau de ma tête.
Je m'emmêle de dans comme une tortue dans un filet de pêche.
J'ai du mal à l'enlever mais finalement arrive à mes fins.
Je suis désormais nue dans cette immensité.
Je nage encore et encore. Je suis épuisée. Il n'y a aucune issue.
Comme pour la course, je fais du sur-place.

Je n'ai plus d'air, je bois la tasse sans faire exprès comme à mon habitude. Laisse place à l'eau qui s'immisce une fois de plus dans les poumons.

Et je coule, comme toujours.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 22, 2019 ⏰

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