0.2 [La où tout prend vie]

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"Bonjour Amalia,
c'est Rose, ta grand-mère..."
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Derrière ces mots, beaucoup de choses voulaient se dire.
Je décide de replier la lettre et de la ranger dans l'enveloppe que j'avais préalablement ouverte avec force et agilité. J'ai fais ça car je savais que j'allais pleurer en lisant cette lettre. Rien que le "Bonjour Amalia" m'a glacé le cœur. Mon sang n'a fait qu'un tour. Je ne veux pas faire couler mon maquillage et arriver en retard à la fête. Je la lirais en rentrant, ce n'est pas tout les jours que l'on a 17 ans.

Je récupère mon sac à mains que j'ai délaissé sur la chaise, prends mon anorak et sors dehors sous la pluie. C'est une fine pluie, tellement fine que les gouttes d'eau ressemblent à une brume humide et se déposent dans mes cheveux, ce qui a tendance à les faire frisotter.

Je me munie de mon téléphone et envoie un message à Morgane pour lui dire que je l'attends et que je suis prête. Mais elle ne réponds pas.
Je m'abrite sous le petit balcon que mon père avait construit lorsque nous avions emménagé. J'ai la peau humide et je sens mon maquillage se déformer sous ma peau.
J'attends, dix minutes puis quinze,
je renvoie un message à Morgan et commence à m'inquiéter de son état car je ne sais toujours pas pourquoi elle est en retard. Je reçois un message d'elle deux minutes plus tard.

-Désolée!J'ai eu une panne au moment de démarrer mais mon père m'a réparé tout ça!
J'arrive dans dix minutes,
j'ai prévenu les autres,
ne t'inquiète pas! Bisous à toute!

Soulagée, je décide de rentrer en attendant son arrivée.
Je m'assoie dans le canapé,
attrape mon bouquin favori et commence à le lire. C'est une histoire à l'eau de rose. Classique mais efficace. Lorsque je me rends compte que je pique du nez et que je lis le livre en diagonale, je le pose sur la table basse et regarde l'heure. 19h20.

Cela fait un quart d'heure que je devrais y être. Morgan n'est toujours pas arrivée.
Je décide donc de lire la lettre. Après tout j'ai le temps maintenant. Je l'ouvre et effleure du bout des doigts le papier rêche. Les larmes me montent aux yeux à l'idée que ce soit ma grand-mère qui aie voulu m'adresser ce message.

"Bonjour Amalia,
C'est Rose, ta grand-mère.
Tu te demandes certainement pourquoi je t'ai écris cette lettre et pourquoi tu ne la découvres que maintenant. Et bien tout d'abord si tu lis cette lettre c'est que je ne suis plus de ce monde.

Et oui, la vie est courte ma puce. Deuxièmement, ne pleure pas, je sais que c'est déjà trop tard et que tu te vides de toutes tes larmes mais essaie de ne pas pleurer et lis attentivement la suite. Ce message n'est pas un message d'amour, si tu en veux, regarde dans le sous sol, il y a une armoire avec des lettres et des photos de famille.

Je t'écris pour te dire qu'aujourd'hui, à tes 17 ans, tu vivras une expérience que seule notre famille peut vivre. En 1947, j'ai lu une lettre qui m'était adressée pour mes 17 ans, tout comme toi. Ce n'était autre que ma grand-mère qui me délivrait le même message que je suis en train de te délivrer.

Pendant deux semaines à partir du moment où tu lis cette lettre tu vas être projetée dans le passé à l'époque des vikings. Ne pense pas que je délire Shyrel,
c'est la réalité, j'en ai été témoin. Chaque filles de chaque générations de notre famille a été transportées dans le passé à une époque précise. Celle qui est transportée saura dans quelle autre époque, sa descendante sera projetée.

Mais tu n'y vas pas pour une promenade de santé ma puce, non tu y vas dans un but précis. Pour changer l'avenir, pour changer ton destin.

Malheureusement,
lors de mon excursion, je n'ai pas pu savoir pourquoi tu y serai amenée. Quoi qu'il en soit, protège-toi et protège ceux que tu aimes, car je ne sais pas si je te l'ai mentionné, mais les personnes que tu vas rencontrer là-bas ne sont autres que leurs doubles.

Tu rencontreras ton double aussi, surtout fais attention,
si tu est bienveillante dans cette vie là, ton double sera malveillant et inversement.

Bon courage ma puce,
je t'aime et surtout
fais attention"

Finalement, les larmes n'ont pas coulé, à ma grande déception.
Non pas que j'aime pleurer mais j'aurais aimer recevoir une lettre d'amour de ma grand-mère que je ne peux plus voir désormais.
Je n'ai pas envie d'aller au sous-sol pour lire des lettres qui ne me sont même pas adressées.

Je replis la lettre, la replace dans son enveloppe et la pose sur mon armoire.
Soudain j'entends crier.

-OH TU TE BOUGES! ON EST DÉJÀ EN RETARD! MAGNES-TOI PUTAIN!

Je me jette à la fenêtre et essaie de regarder à travers. C'est Morgane,
elle est trempée par la pluie qui n'a cessé d'augmenter depuis que je suis rentrée. Elle me voit à travers la vitre, je lui fais un signe pour lui dire que j'arrive.

Lorsque je repense à la lettre de ma grand-mère, un petit sourire agacé se note sur mon visage et je me dis vraiment qu'elle devait être folle et âgée pour écrire des histoires pareil.

Mais au moment où j'empoigne la poignée de porte,
mes pieds restent coller au sol.
Je n'arrive plus à les bouger, à les soulever. C'est alors que je suis prise d'un énorme vertige et tombe en arrière. Ma tête cogne le sol. Je ressens une forte pression sur ma poitrine et un énorme mal de crâne.
Je m'enfonce dans le sol plus profond que jamais à ce moment là.
Puis il m'absorbe pour me laisser m'enfoncer dans l'océan. J'ouvre les yeux, j'ai du mal à y voir dans cette eau salée.

Je suis toute engourdie,
je n'arrive pas à bouger, je me laisse juste tomber dans le fond de cet océan immense et sombre en manque cruel de luminosité.
Je n'ai plus d'oxygène,
je crois bien que je vais mourir, ici.
Je ne sais même pas comment je suis arrivée là, de ma porte à l'océan. Seule.

Puis, petit à petit une silhouette élégante et gracieuse commence à se dessiner de mieux en mieux.
C'est une femme qui nage vers moi. Elle me ressemble étrangement.
La seule différence entre nous c'est que c'est une sirène. Oui, une sirène.

Les cieux et les terres sont en nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant