Je continue mon chemin sans jamais me retourner. Cette nana est exactement le genre que j'essaie d'éloigner le plus possible. Pour qui elle se prend, à me toucher comme si elle détenait tous les droits ? S'il y a une chose que je déteste, c'est bien qu'on pose la main sur moi.
Cette phobie me détruit à petit feu.
Le corps toujours secoué de frissons, j'enfile ma veste et rabats le capuchon sur ma tête, m'enfonçant dans les rues animées d'Amsterdam. La ville des arts. Elle porte bien son nom. Quelques affiches colorées sont placardées sur les murs de briques brunes des immeubles historiques du quartier de Jordaan. Elles annoncent l'arrivée d'un festival culturel important. La soirée est peut-être tranquille, les trottoirs déserts, mais dès samedi, une foulée d'artisans grouillera près des canaux pour peindre le portrait des touristes venus admirer les champs de tulipes en pleine floraison. Un putain d'enfer. Cela fait un an que je vis ici et, déjà, je déteste le printemps.
Je traverse un petit pont de béton chevauchant un canal, puis me faufile parmi les ruelles jusqu'à l'arrêt le plus près. À peine ai-je le temps de tourner le coin de la rue que le Tramway manque de partir sans moi. À bout de souffle, je pénètre dans l'engin en remerciant d'un signe de tête le chauffeur qui m'a attendu et prends place à l'arrière, le plus loin possible des autres passagers. La proximité m'étouffe. Cela fait longtemps qu'elle m'insupporte. Chaque fois que je vis un événement comme celui au pub, la peur me ramène des années en arrière. Certains soirs, je me demande si j'arriverai à me lever le matin sans que l'anxiété me bouffe le cerveau.
J'en doute fortement.
J'observe les rues défiler quand une horde de touristes empruntent le Tramway. Bientôt, les bancs se remplissent. Un homme vient s'asseoir à mes côtés. Il est large, beaucoup trop pour l'espace disponible. Son coude m'écrase. J'ai beau me coller sur la vitre, je n'arrive pas à lui échapper. Mon cœur se démène si vite qu'il heurte les parois de ma cage thoracique. La douleur me coupe la respiration.
— Tu peux te pousser ?
Il me coule un regard désolé.
— Si je me pousse, je vais tomber en bas du banc.
VOUS LISEZ
Le Succès du Malheur - PUBLIÉ LE 6 MAI 2021 AUX ÉDITIONS NISHA
RomanceSous contrat d'édition ; paraîtra le 6 mai 2021 chez Nisha et caetera ! Splendide hasard ou coup du destin ? Ella Haver fait tout pour oublier son ex, qui l'a jetée comme une vieille chaussette du jour au lendemain. Mais Dieu que c'est difficile de...