« Louis, peux-tu nous en dire un peu plus sur comment le groupe a été formé ? » demanda la femme qui les interviewait. « Vous ne vous connaissez pas avant Escapade, n'est-ce pas ? »
Louis secoua sa tête, se penchant en arrière dans la chaise confortable. Une caméra était pointée sur son visage, Liam assis à sa droite et Zayn à sa gauche. « Non, je ne connaissais pas ces mecs avant qu'on soit mis ensemble dans le groupe. On vient tous d'endroits complètement différents. »
« Mais vous avez tous été impliqué dans la musique avant, hein ? » demanda la femme. Louis l'aimait assez bien. Elle ne posait pas, encore, des questions sur les filles et s'était seulement focalisé sur leur carrière et la musique.
« D'une façon, oui. » Louis montra Liam du doigt. « Il avait auditionné à X Factor avant, mais n'avait pas été plus loin que le boot camp. »
« J'étais trop jeune, » ajouta Liam. « Simon m'a renvoyé à la maison, en me disant de revenir dans deux ans. Avant d'avoir cette chance, il m'a rappelé un an plus tard pour me proposer une place dans Escapade. »
« Et toi, Zayn ? »
Zayn haussa des épaules et Louis savait qu'il n'était pas à l'aise avec cette question. « Je chantais à quelques événements, genre des mariages et tout ? C'était juste pour gagner un peu d'argent pour aller à la fac. Une vidéo est devenue très populaire sur Youtube, et un jour j'ai eu un email de Syco. »
« Comme Justin Bieber, » fit remarquer la femme.
Zayn laissa échapper un doux rire, sonnant faux et forcé. Louis savait à quel point il détestait cette comparaison. « On pourrait dire ça, ouais. »
Elle se tourna vers Louis. « Tu étais dans un autre groupe, n'est-ce pas, Louis ? »
« J'ai envoyé une démo, » dit Louis en évitant la question. « Assez vieille école. Et j'ai eu une réponse de leur part quelques mois plus tard, alors que j'avais déjà oublié tout ça. Ça a été une surprise, mais je suppose que c'était censé l'être. »
Il laissa de côté tous les détails sur la façon dont son cœur s'était serré en lisant cet email, la peur prenant le dessus et ses insécurités pesant sur lui. Ça avait été surprenant de plus d'une façon. Et peut-être que ça avait été le but.
« Une partie de votre succès est due la grande alchimie que vous montrez. » La femme les regarda tous les trois, souriant gentiment. « Est-ce que vous vous entendez aussi sincèrement bien que vous le montrez ? »
Liam rigola. « En fait, on se déteste. Tout ça, c'est juste pour les caméras. »
« Je ne pense pas qu'il soit possible de simuler une amitié comme ça, » ajouta Louis.
« Genre, ces deux-là savent exactement ce que c'est. On a tous des amis en dehors du groupe, » dit Zayn d'un air songeur, « mais aucun d'eux ne comprend réellement ? Je peux parler de tout à Louis et Liam et ils me comprennent, parce qu'ils se trouvent dans exactement la même position. »
Louis acquiesça. « Ça aurait été délicat s'ils avaient mis un connard dans le groupe. Heureusement, on est tous les trois plutôt tranquille et cool les uns avec les autres. »
Liam haussa un sourcil, souriant à Louis.
« Tais-toi, » l'avertit simplement Louis et Liam lui fit un clin d'œil.
Le reste de l'interview continua sur ce rythme et dans cette atmosphère, donc au moment où la femme partit, Louis ne sentit pas spécialement fatiguée. Il l'était habituellement après une journée remplie d'interviews, à répondre encore et encore aux mêmes questions.
« Une voiture est garé dehors pour vous ramener à l'hôtel, » dit l'un des membres de leur équipe. Il était assez nouveau et Louis n'arrivait pas encore à se souvenir de son prénom. Marcel, probablement. Il était mignon dans sa chemise avec un débardeur en dessous et son pantalon gris. Ses lunettes étaient beaucoup trop grandes pour son visage. Il rappelait à Louis une certaine personne quand il tendait maladroitement des fiches et trébuchait sur ses propres pieds. C'était pour cette raison que Louis avait tendance à ignorer Marcel la plupart du temps. « Vous aurez environs deux heures. Lou et Caroline vous aideront à vous préparer pour les Grammys ce soir. »
Ils furent amenés à l'extérieur et, dès qu'ils s'assirent dans la voiture, Zayn vint se mettre à côté de Louis. Il se blottit contre lui et soupira d'un air endormi. « Réveillez-moi quand on est arrivé. »
Louis enroula un bras autour des épaules de Zayn, un doigt glissant dans les courts cheveux foncés se trouvant dans sa nuque.
« Il utilise vraiment toutes les occasions qu'il peut avoir pour dormir, » dit Liam, s'asseyant en face d'eux dans le van spacieux.
« C'est sain, » souffla Louis. « J'me sens toujours en manque de sommeil. »
« C'est le décalage horaire. »
« C'est ce boulot. »
Liam étira ses jambes et donna un petit coup de pied dans celle de Louis. « Tu l'adores. »
Bien sûr que oui. Il aimait chaque morceau de sa vie. Surtout Zayn et Liam – si ce n'était pas pour eux, Louis serait très loin de là où il se trouvait à présent. C'était la chose la plus rassurante et, en même temps, la plus triste à ce sujet.
Tout seul, juste par lui-même, Louis serait toujours coincé dans une petite ville d'Angleterre, chantant et jouant au clavier dans un groupe qui n'allait nulle part, c'était seulement pour s'amuser. Il serait en train d'étudier pour devenir enseignent à Manchester, travaillant à mi-temps dans une librairie de merde et allant boire une bière dans un pub chaque soir avec ses amis.
Puis, il rentrerait chez lui pour retrouver un garçon avec de belles boucles, des yeux brillants et le plus tendre des cœurs.
Prenant une profonde inspiration, Louis détourna son regard du visage de Liam et regarda l'extérieur par la vitre tintée. Los Angeles défilait devant ses yeux, rapidement et floue ; il n'y avait rien sur quoi Louis pouvait se focaliser pendant même une seconde.
« Qu'est-ce que t'as prévu de faire quand on sera de retour à Londres ? » demanda soudainement Liam.
Louis haussa des épaules, regardant toujours par la fenêtre. Zayn respirait de façon régulière contre son épaule, le tissu de son tee-shirt absorbant la chaleur humide. « Dormir, » répondit-il. « Rendre visite à ma mère et aux filles. Comme d'habitude. »
« On a deux semaines de pause, mec, » lui rappela Liam. « J'vais définitivement aller voir ma famille, mais il doit y avoir un séjour là-dedans. Qu'est-ce que tu penses de Porto Rico ? »
« Sympa, » admit Louis. « D'autant plus qu'il va faire très froid en Angleterre. »
« Tu devrais penser à un endroit, Lou, » lui dit Liam. « Et juste partir. Bien te reposer et te détendre au soleil, avoir un majordome personnel pour t'apporter des cocktails et décompresser sur une plage priver. C'est pour ça qu'on bosse si dur. »
« Emmène ta famille, » suggéra doucement Louis. « Ils vont adorer ça. »
« Louis. » Le ton de Liam laissait percevoir de la résignation.
« J'vais juste rester à Londres, me terrer dans mon appart' et regarder des émissions de merde pendant deux semaines d'affilées, » décida Louis. « C'est ce dont j'ai besoin en ce moment. »
Liam soupira mais acquiesça. « Si tu le dis. »
Louis le regarda, faisant ce qu'il croyait être un sourire convaincant. « Je le dis. »
+++
« Louis ! Louis ! »
Tournant sa tête, Louis regarda directement dans l'objectif d'un appareil photo, un flash l'aveuglant, mais il ne cligna même pas un œil. Une foule de paparazzi avait leurs appareils pointés sur eux derrière une barrière, criant les prénoms de Louis, Zayn et Liam pour avoir leur attention. Zayn était parfaitement immobile à côté de Louis, bougeant seulement sa tête de temps en temps. Liam était de l'autre côté de Zayn, faisant des signes de la main et souriant ouvertement.
Ça dura pendant trente autres secondes, puis un membre de leur équipe les chassa de l'autre côté du tapis rouge, où les fans étaient en train d'attendre. Louis se sentait plus à l'aise avec cette partie, serrant des mains, faisant des câlins et prenant des photos. Les filles poussaient des cris, aigus et forts, dans son oreille mais ça ne dérangeait pas trop Louis. Au moins, les réactions étaient sincères, et de nature positive – autre que les paparazzi qui courraient toujours après une photo qui pourrait éventuellement ruiner la vie des garçons.
Louis signa encore quelques livres, photos de lui et également des CDs avant qu'ils ne quittent le tapis rouge pour passer l'énorme porte menant à l'intérieur.
Une autre série d'interviews commença dans l'énorme atrium, leur manager les conduisant de l'une à l'autre. La plupart des questions tournaient autour d'eux n'étant que des invités ce soir, n'étant nominés dans aucunes des catégories et ne n'étant pas l'un des groupes faisant l'honneur de se produire en direct. Ils allaient présenter le prix du Meilleur Nouvel Artiste, cependant. Chaque apparition était de la promotion, leur avait dit leur manager, et il avait très probablement raison.
« C'est comme ça, » répondit Louis, haussant ses épaules. « L'année prochaine sera peut-être différente. »
Même si c'était les Grammys, Louis ne se sentit pas si différent que pour les autres remises de prix auxquelles il avait assisté au cours des deux dernières années. Il portait un blazer noir Armani, une chemise blanche mais pas de cravate, ayant quand même l'air très chic. Zayn avait opté pour un style un peu plus classique, tandis que Liam ressemblait à un David Beckham plus jeune. Cette récente évolution en particulier était assez perturbante pour Louis.
Quand ils entèrent finalement dans la salle et furent conduits jusqu'à leurs sièges, Louis jeta un coup d'œil aux papiers collés sur les sièges entourant les leurs.
« Taylor Swift, » fit remarquer Liam. « Juste à côté de toi. »
« Je vais devoir avoir l'air heureux si elle gagne, alors ? » Louis fronça ses sourcils, s'asseyant.
Leur manager prit le siège derrière eux, se penchant pour leur parler doucement. « Ça garantit que vous allez être assez souvent à l'écran. Donc n'oubliez pas de bien rester assis tout le temps. Applaudissez à chaque performance, souriez joyeusement à chaque gagnant. »
Louis le regarda. Richard Griffiths était leur manager depuis le tout début, s'occupant de leur image et de la couverture médiatique du groupe. Pas un seul mot n'était imprimé sans avoir eu son approbation au préalable. Malheureusement, Griffiths approuvait tout type de presse. Il clamait qu'un bon scandale était ce qui les maintenait intéressants – c'était pour cette raison que Zayn avait trompé chaque fille avec qui il était sorti, que Liam était un crétin irresponsable, et que Louis était un odieux connard avec une grande bouche.
Eh bien, c'était probablement ce que Louis était réellement – ce n'était juste pas tout ce qu'il était. Il était plus que ça, mais les gens n'avaient pas vraiment l'opportunité de le voir s'ils ne se donnaient pas la peine de le regarder plus attentivement.
« Les mauvais garçons vendent mieux que monsieur tout le monde, » avait l'habitude de dire Griffiths.
Ce n'était pas comme si Louis était, d'aucune façon, monsieur tout le monde – il l'avait été. Pourtant, il n'était pas, non plus, ce que les médias donnaient l'impression qu'il était. Il voulait simplement une équipe qui le comprenait et le laissait agir comme lui-même, à la place de forcer des actions étranges sur son compte. Louis était impatient que leur contrat de trois ans soit terminé et qu'ils trouvent une autre équipe de management. Il ne restait plus longtemps à présent. D'ici la fin de cette année, le contrat expirerait, et Louis était déjà en contact avec plusieurs autres sociétés, ce qui ne donnait plus l'impression que c'était encore loin.
« Vous avez compris ? » demanda Griffiths.
Louis haussa des épaules, se retournant pour regarder la scène. L'équipe technique était encore en train d'installer des choses, les caméras étaient placées tout autour de la salle et elle se remplissait doucement.
« Regardez qui est là, » entendit Louis dire une voix sarcastique, s'approchant d'eux. Il tourna sa tête et aperçut en premier l'expression glaciale du visage de Liam, ses poings fermement serrés.
« Qui t'as invité ? » demanda Zayn.
« J'sais pas si t'as entendu, Malik, » répondit Jake, prenant le siège devant eux, « mais je suis nominé pour un Grammy ce soir. »
« C'est ta troisième nomination, non ? » demanda Liam, haussant un sourcil. « T'en as pas encore ramené un seul chez toi, cependant. »
« J'suis considéré, au moins, » répliqua Jake. « Pas seulement invité pour remettre un award à des personnes beaucoup mieux que moi. »
Louis roula ses yeux et décida de ne pas faire de commentaire. S'il disait un mot maintenant, ça finirait seulement en une bagarre qui serait probablement reporté sur Twitter juste après – et Louis n'avait vraiment pas le temps ou le courage pour ça.
Jake Bugg avait été un connard depuis le tout début. Il se sentait supérieur, parce qu'il était un artiste solo et écrivait ses chansons tout seul. Louis était déterminé à arriver à un point où il écrirait ses propres chansons aussi, ils n'étaient simplement pas encore à ce stade. Leur liberté artistique venait petit à petit. Louis détestait Jake d'ajouter une insulte à la blessure – évidemment, aucun d'eux n'était heureux des restrictions qui venaient avec leurs contrats musicaux.
Cependant, ça ne faisait pas d'eux des artistes moins légitimes.
Quand Jake se tourna vers lui avec un sourire narquois et mauvais qui impliquait qu'il avait l'impression de gagner contre eux, Louis détourna simplement son regard, le posant sur Taylor Swift qui arrivait et s'installait sur le siège à côté de lui.
Il était déterminé à ne pas entrer dans son jeu.
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Bien sûr ça n'avait pas fonctionné.
Le lendemain matin, Louis fut traîné hors de son lit foutrement tôt, alors qu'il faisait toujours noir dehors. Son téléphone sonna horriblement fort à côté de sa tête et quand Louis roula et mit un oreiller sur sa tête pour noyer le bruit, quelqu'un toqua à sa porte.
« Louis, lève-toi, » cria Marco. « Ouvre la porte. »
« C'quoi ce bordel ? » grogna Louis, poussant la couette et roulant hors du lit. Il essaya d'aplatir ses cheveux, les mettant un peu en ordre, quand il ouvrit la porte. « Tu sais que c'est le milieu de la nuit ? »
« Il est presque cinq heures, » répondit Marco. Il faisait partie de leur management depuis le début. « Matin. »
« Milieu de la nuit, » répéta Louis.
« On a une réunion dans vingt minutes. Votre vol pour Londres est à huit heures. »
« Pourquoi on a une réunion ? »
Marco soupira. « Parce que t'as sérieusement merdé, mec. Maintenant, habille-toi. Dans vingt minutes, dans la chambre de Griffiths. »
Louis grogna, ferma la porte sans un autre mot et tituba jusqu'à la salle de bain attenante pour sauter sous la douche.
Quand il entra dans la chambre au bout du couloir, après sa propre vision de vingt minutes, Liam était déjà assis dans une chaise, une jambe bougeant nerveusement. Ses yeux trouvèrent immédiatement ceux de Louis, une interrogation dans son regard.
Louis haussa ses épaules et s'assit à côté de lui. « C'est à propos de quoi ? » demanda-t-il.
Griffiths jeta à peine un regard vers lui, montrant qu'il avait remarqué la présence de Louis avec un sourcil haussé, avant de continuer à taper quelque chose sur sa tablette.
Louis roula ses yeux. Il avait une idée de quel était le sujet de tout ça – c'était toujours à propos de l'un d'eux étant surpris en train de dire ou faire quelque chose qu'ils ne devraient pas. Un trop grand nombre de caméras dans une pièce était une garantie sûre pour que toutes les conneries fassent surface.
Et Louis savait qu'il avait merdé hier soir.
Zayn entra dans la pièce dix minutes plus tard, ayant l'air fatigué. Il se laissa tomber sur le lit, se roulant en boule.
« Tu voudrais bien t'assoir, s'il te plaît, Zayn ? » demanda Griffiths. Marco se mit derrière lui, faisant signe à Zayn de se redresser.
Zayn marmonna quelque chose mais redressa le haut de son corps, s'asseyant au bout du lit.
« Bien, je pensais qu'on avait été clair quand je vous ai dit d'agir respectueusement hier soir. »
Louis réprima un grognement, évitant son regard.
« Mais malheureusement, Internet est rempli d'une vidéo de toi, Louis, en train de faire un doigt d'honneur à Jake Bugg et de lui dire très distinctement d'aller se faire voir. » Griffiths leva sa tablette, la tenant en l'air pour qu'ils puissent voir. Une vidéo se mit en marche, montrant Louis se tenant à seulement quelques mètres de Jake sur le tapis rouge. Ça avait été filmé à la fin de la cérémonie et Louis se souvint très bien de ce moment.
« Il n'arrêtait pas de faire des commentaires, » se défendit Louis. « Sur comment on en arriverait jamais là, qu'on ne méritait aucune des récompenses qu'on a déjà reçu. La même merde que d'habitude. »
« Si c'était la même chose que d'habitude, » souligna Griffiths, « pourquoi ne l'as-tu pas simplement ignoré ? »
« Parce que c'est un putain de connard. »
Griffiths posa la tablette. « T'as besoin de freiner ton tempérament, Tomlinson. Ça vous attire des problèmes à tous les trois. » Il regarda Marco.
« Tomlinson du groupe Escapade fait une crise de jalousie au Grammy award, » lit-il à haute voix de sa propre tablette. « Louis Tomlinson, mauvais perdant après que Jake Bugg gagne le Grammy de la Chanson de l'Année. Tomlinson fait un doigt d'honneur à Bugg – »
« C'est bon, » grommela Louis. « J'ai compris. »
« Tu sais de quoi ça va avoir l'air dans les médias ? » Griffiths soupira fortement. « Que tu n'admets pas son succès. »
« C'est le cas, » fit remarquer Louis.
« Mais les médias ne sont pas supposés le savoir, » lui rappela Griffiths. « Devant eux, tu dois agir comme si les autres méritent tout ce qu'ils réussissent à obtenir. »
« Je n'ai pas dit un seul mot négatif à son sujet devant les caméras, » plaida Louis. Il savait que c'était inutile. Le mal était fait et il savait que c'était sa faute. L'admettre était juste un peu plus difficile à faire.
« Tu vas faire une déclaration officielle, et on enverra une excuse à Bugg de ton twitter dans quelques heures, » continua Griffiths sans même prendre en compte la dernière remarque de Louis. « Il n'y a aucune utilité à donner l'impression que c'était quoi que ce soit d'autre que c'était réellement. Tu vas devoir avoir l'air honnêtement désolé pour ça, Louis. »
« Je vais devoir le faire devant une caméra ? »
« Il n'y a aucun moyen que la question ne soit pas posée la prochaine fois que quelqu'un en a l'opportunité. On a donc prévu une apparition chez Alan Carr pour jeudi soir. Il va te poser la question, tu donneras ta réponse et ça fera le tour du monde. Jusque là, évitez tous les journalistes. Aucun commentaire sur ça à quiconque. Compris ? »
« On était supposé être en repos. J'avais prévu un voyage, » fit remarquer Liam. « Je ne suis pas au Royaume-Uni jeudi. »
« Eh bien, remercie Tomlinson, parce que maintenant ce sera le cas. » Griffiths se leva. « On part pour l'aéroport dans une heure. »
Louis savait que ça signifiait que la discussion était terminée. Il n'y avait rien à ajouter, rien qu'il pourrait changer à propos de ce que le management avait décidé. Ils n'avaient jamais leur mot à dire dans tout ça.
Une fois qu'ils eurent quitté la chambre, Louis se pressa dans l'espace personnel de Liam, enroulant timidement ses doigts autour de son poignet. « Li... »
« Non, Lou, » dit Liam, semblant fatigué. « Juste, non. »
Louis mordit sa lèvre, jetant un coup d'œil à Zayn, qui ne fut pas d'une grande aide, un haussement d'épaule impuissant étant sa seule réponse. « J'ai jamais voulu – »
« Je sais que Jake est casse-couilles, » le coupa à nouveau Liam. Il dégagea son bras, se libérant de la prise de Louis. « Ils ont raison, Lou. Ton tempérament devient ingérable ces derniers temps. »
Louis baissa ses yeux, entrelaçant ses doigts pour s'empêcher d'attraper à nouveau Liam. « Je suis désolé. »
« Je sais que tu l'es. » Liam le regarda, Louis put sentir son regard brûler sa peau. Puis, il répéta plus doucement, « Je sais, Louis. Cependant, ça ne change rien. » Il se tourna pour regarder Zayn. « Je serai dans ma chambre, j'dois finir mes valises. A tout à l'heure, les gars. »
Louis l'observa partir puis se tourna vers Zayn.
« Il savait que tu voulais que tout ça se produise, » lui assura Zayn. « Mais, mec, c'est vraiment la merde. On était tous impatient d'avoir quelques semaines de repos. »
Louis ne savait même pas quoi répondre. Bien sûr qu'ils l'avaient été. Il avait également attendu avec impatience cette pause. Sa colère les avait amenés à ce point, donc Louis n'avait aucune idée de comment canaliser celle qu'il ressentait contre lui-même à cet instant. Piquer une crise n'était pas une option, ni ne l'était se plaindre à Zayn et Liam.
Il garda tout en lui.
« Il a raison, tu sais. » Zayn se rapprocha de lui et serra légèrement l'épaule de Louis. « T'as toujours été colérique, mais t'arrivais à mieux le contrôler. Ce n'est plus très long. Je sais que c'est dur, Lou. J'aimerai perdre le contrôle et pousser un coup de gueule contre tout ce qui est mal dans ce monde dans lequel on a glissé, mais, » il laissa traîner sa phrase, haussant légèrement ses épaules. « Il n'y a pas vraiment d'utilité à le faire. Ça empirerait juste toute la situation. »
Louis hocha simplement de la tête, à court de toute autre réponse qu'il pourrait donner.
Zayn s'éloigna, laissant Louis derrière et tout seul.
Il n'avait pas toujours été comme ça, pensa Louis, enfouissant ses mains dans ses poches. Il y avait eu un temps où il avait su comment refréner son tempérament.
Cette méthode ne fonctionnait plus. Ce n'était même pas une option.
+++
Le pâle soleil matinal frappa le visage de Louis quand il sortit de l'hôtel, une heure plus tard. Un van noir était garé devant la porte, et Louis dut cligner plusieurs fois des yeux, les plissant à cause la lumière.
Liam et Zayn se précipitèrent tous les deux dans la voiture, prenant leurs places. Zayn était au téléphone, parlant à son père d'une voix calme et sourde. Liam bailla, fixant l'extérieur par la vitre tintée.
Pendant un moment, Louis resta debout devant la porte d'entrée de l'hôtel. Leurs responsables n'étaient pas encore là de toute façon, alors il n'y avait aucune nécessité à déjà entrer dans le van, autre que pour être hors de vue. Cependant, ils allaient retourner dans la grisaille et la pluie de Londres et Louis voulait profiter encore un peu de la météo de Los Angeles.
Le soleil n'était pas encore entièrement levé, l'air avait l'odeur d'un matin frais et de la chaleur, la peau de Louis était moite et chaude. Une légère brise fit bouger les courtes manches de son tee-shirt et passa à travers les quelques mèches de cheveux qui dépassait de sous son bonnet.
Londres lui manquait, mais ce n'était certainement pas le cas de la foutue pluie.
« Louis, tu viens ? » demanda soudainement Liam, et Louis tourna son visage du ciel pour regarder vers la voiture.
« Ouais, désolé. » Il grimpa à l'intérieur à côté de Zayn et posa ses pieds sur le siège à côté de Liam. Quelqu'un ferma la porte et, un instant plus tard, le van commença à bouger.
Ils passèrent le trajet en silence, tous trop fatigués d'une longue nuit dehors et d'une courte nuit de sommeil. Liam jouait à quelque chose sur son téléphone, des bips sonores coupant le silence.
A l'aéroport, tout se passa comme d'habitude, de façon précipitée et mouvementée. Ils furent escortés à l'intérieur par la police, s'enregistrèrent pour la classe affaire puis ils passèrent les contrôles de sécurité séparément de tout le monde.
Comme toujours, quelques filles les reconnurent, leur courant après jusqu'à la porte d'embarquement et demandant des photos. Louis s'arrêta pour chacune d'elles, faisant des grimaces et des signes de paix.
« Jake Bugg est un idiot, » dit l'une des filles, semblant sincère. « Je t'aime, Louis. »
Il lui sourit en lui faisant une rapide étreinte, avant qu'ils soient conduits à travers une porte de sécurité et dans le tunnel menant à l'intérieur de l'avion.
C'était la bénédiction et le fléau de leurs vies, vraiment – le soutien de leurs fans. C'était sympa de savoir qu'il y avait des personnes derrière eux, les soutenant toujours et les aimant de façon aussi inconditionnelle. Mais d'un autre côté, pensa Louis en s'asseyant et attachant sa ceinture de sécurité, c'était également effrayant d'avoir quelqu'un qui le supportait même lorsqu'il agissait comme une petite merde. Ces gamines n'étaient pas supposé soutenir Louis lorsqu'il agissait comme un trou du cul, et il souhait pouvoir être une meilleur idole.
L'avion décolla quelques minutes plus tard, s'élevant au dessus des nuages où un soleil aveuglant frappa le visage de Louis à travers la petite fenêtre. Il fixa l'extérieur jusqu'à ce que ses yeux commencent à brûler.
Lorsqu'il les ferma, des flashs rouges et orange dansèrent devant ses paupières et le tirèrent vers le sommeil.
+++
« Qu'est-ce que c'est ? »
La question était sortie avant que Harry ait pu même le saluer. Il avait ouvert la porte avec un sourire radieux – comme si ça aurait été suffisant pour distraire Louis de la coupure sur sa lèvre et l'ecchymose violette autour.
Harry haussa ses épaules, se mettant sur le côté pour laisser entrer Louis. Il leva ses doigts jusqu'à sa lèvre inférieure. « Rien. »
Louis lança un regard circulaire au couloir, attendant jusqu'à ce que la porte soit fermée derrière lui, puis il se pencha en avant pour toucher la joue de Harry. « Harry, qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
« Juste – » Harry évita de le regarder. « Je suis maladroit, tu le sais. J'suis juste tombé. J'ai trébuché sur mes propres pieds. »
Louis secoua sa tête. « Et t'es tombé sur ta lèvre ? » Il pencha sa tête sur le côté, fronçant ses sourcils. « Harry. »
Harry était sur le point de répondre, mais Louis put entendre des pas s'approcher, alors il se recula rapidement et enfonça ses mains dans ses poches.
« Louis, » le salua Anne. « Ravi de te voir, chéri. »
« Moi aussi, Madame Cox, » la salua poliment Louis en retour.
« Est-ce que t'as déjà dîné ? »
Louis haussa ses épaules. « Non, pas encore. Je ne veux pas – »
« Je vais mettre la table et je vous appellerai quand on est prêt à manger, » dit-elle simplement, puis elle fit un clin d'œil avant de retourner précipitamment dans la cuisine.
« On peut, » commença Louis, pointant du doigt l'étage, sans finir sa phrase.
Harry hocha de la tête, ouvrant le chemin jusqu'en haut en silence. Ce fut seulement lorsqu'il ferma la porte derrière lui que Louis osa tendre à nouveau la main vers lui.
« Qui t'as frappé, bébé ? » demanda-t-il, passant prudemment son pouce sur la lèvre ouverte de Harry.
« Nathan, » admit finalement Harry. Il blottit sa joue contre les doigts de Louis. « Il a dit que je le méritais. »
« Putain, si j'étais toujours là, il ne serait jamais assez approcher pour – »
« Non, Louis, » l'interrompit Harry. Ses grands yeux verts le regardaient sérieusement, ses joues légèrement rebondies pâles. Il avait seulement seize ans, beaucoup trop jeune pour devoir traverser quelque chose comme ça. Il avait de belles boucles angéliques et il était sincère, toujours gentil et poli. Louis n'avait aucune idée de comment quelqu'un pourrait vouloir lui faire du mal.
Ça reviendrait à frapper un chiot. Qui diable frappait les chiots sans défense ?
« Tu n'es pas là, et même si tu l'étais, ce n'est pas une solution, » fit valoir Harry, sa voix ferme.
« Tu ne t'es même pas défendu ? » demanda Louis, les yeux écarquillés.
« Je ne pense pas que ça aurait aidé à la situation, » marmonna Harry.
Louis se dirigea vers le lit et tira Harry avec lui, jusqu'à ce qu'ils soient couché, Harry se blottit contre le flanc de Louis. « Qu'est-ce qu'il a dit ? »
« Il a dit qu'il voulait que j'arrête de le regarder, » répondit doucement Harry.
« Le regarder ? » Un pincement de jalousie serra la poitrine de Louis.
« Je n'étais pas en train de le faire, » clarifia Harry. « Pas comme ça, de toute façon. » Ses doigts traînèrent sur la hanche de Louis, jouant doucement avec l'ourlet du pull qu'il portait.
« Alors il a simplement déversé sa colère sur toi ? » L'idée rendit Louis malade, l'image de Harry encaissant sans aucune résistance apparaissant dans sa tête. Louis voulait remonter le temps pour être là, il voulait protéger Harry.
« Il n'est pas stupide, Lou, » dit Harry. « Il le sait. Il peut le voir. »
Louis fronça ses sourcils et la main qui était en train de caresser paresseusement le dos de Harry de haute en bas s'arrêta. « Quoi ? »
« Il a dit que je devais arrêter de le regarder comme un pd. » La voix de Harry était étouffée, sortant de façon un peu tendue.
« Ce n'est pas ce que tu es, » grommela faiblement Louis. « Quel connard. »
En fait, ils ne s'affichaient pas. Louis voyait Harry depuis presque un an à présent, mais ils avaient décidé qu'ils ne voulaient pas encore faire leur coming-out. Vivre dans un petit village ne rendait pas ça facile, mais rendait surtout plus difficile le fait de se cacher. Ils savaient également comment ça serait s'ils arrêtaient de se cacher.
Le fait que Louis ait changé d'école avait rendu ça un peu plus facile. Depuis qu'il avait été transféré dans le lycée sportif à Crewe, la situation était un peu plus détendue. Voir Harry tous les jours à l'école avait été difficile, en agissant comme s'ils étaient juste amis. Et même être juste amis avait été difficile. Expliquer à tout le monde pourquoi il traînait soudainement avec un élève plus jeune et bizarre ? Louis avait été assez créatif pour cette partie.
A présent, ils se voyaient seulement à l'extérieur de l'école, donc personne ne remarquait vraiment qu'ils passaient beaucoup de temps ensemble. D'une certaine façon, c'était beaucoup plus dur, également. Louis ne voyait certainement pas Harry autant qu'il le voulait.
« Ce mec m'énerve, » se plaignit Louis, se déplaçant pour pouvoir faire face à Harry. « Je vais lui foutre mon poing dans la gueule la prochaine fois que je le vois. »
Harry le regarda, son visage tout proche. Ses cils projetaient des ombres sur ses joues et ses lèvres étaient roses et brillantes, à l'exception du moche bleu. Il secoua doucement sa tête. « Si je voulais qu'il ait un œil au beurre noir, je lui aurais fait moi-même, » fit-il remarqué. « Mais ce n'est pas le genre de mec que je veux être. »
Louis cligna des yeux, sentant la respiration de Harry contre ses propres lèvres et ses yeux se plongeant dans ceux de Harry.
« Et ce n'est pas le genre de garçon que tu es. S'il pense qu'il peut me frapper parce que je suis tombé amoureux du garçon le plus incroyable au monde, je peux le supporte. Je suis au dessus de ça. » Harry se pencha en avant, fermant le petit espace entre eux et embrassant doucement les lèvres de Louis. « Et toi aussi. »
Louis tendit une main pour toucher les cheveux de Harry, se rapprochant encore plus de lui et emmêlant leurs jambes. « Il t'a blessé. »
Avec un sourire, Harry prit la main libre de Louis et entrelaça leurs doigts. « Je t'aime aussi. »
Il y avait un million de choses que Louis aurait pu dire à ce moment-là, mais il se contenta de serrer la main de Harry, le tenant et embrassant doucement l'ecchymose. Harry ferma ses yeux et se blottit encore plus contre lui, jusqu'à ce que son front se pose contre le torse de Louis.
« Je sais que t'es en colère, » dit-il, la voix étouffée par le pull de Louis. « Promets-moi juste de ne rien faire d'irréfléchi. »
« Tu ne peux pas me demander de ne rien faire à propos de ça, » plaida Louis, ses lèvres appuyées contre les cheveux de Harry. Ce dernier était chaud et ses cheveux étaient doux. Il sentait un shampoing fruité qu'il avait probablement piqué à Gemma et sa paume était un peu en sueur.
Louis ne pensait pas qu'il serait capable de lâcher ce garçon. Il avait perdu son cœur en Harry, tout entier, et il ne voulait pas récupérer un seul morceau. Il était en sécurité avec Harry. Le simple fait d'être couché ici avec lui, de le tenir près de lui et de respirer en même temps que lui donnait à Louis l'impression d'être en sécurité.
« Tu peux l'embrasser pour que ça guérisse, » suggéra Harry, et Louis n'eut pas besoin de voir son visage pour savoir qu'il souriait en coin. « On en sort plus fort, de toute façon. »
+++
« Louis, réveille-toi. »
Louis cligna des yeux avant de les ouvrir complètement, semblant confus de trouver le visage de Zayn devant lui pendant un moment. Juste une seconde auparavant, il avait Harry blottit contre lui – sa présence avait semblé tellement réelle, sa chaleur tellement proche. Louis pouvait même encore la sentir. Il baissa ses yeux sur lui-même et trouva une couverture étendue sur son corps.
« Tu t'es endormi, » expliqua Zayn. « T'as dormi pendant tout le vol. »
« Ouais, » répondit Louis sans conviction.
Ça avait été un rêve. Enfin, un souvenir, mais Louis ne se permettait jamais de penser à l'un d'eux. Il n'avait pas beaucoup de contrôle sur ses rêves, cependant.
« Tu viens ? » demanda Liam.
Louis retira la couverture, essayant de se débarrasser du sentiment dans sa poitrine en même temps, ce qui malheureusement ne fonctionna pas aussi bien. Ignorance intentionnelle, alors. Ça avait fonctionné pendant les trois dernières années et ça continuerait de fonctionner maintenant.
A l'aéroport, ils attendirent leurs bagages puis se dirigèrent vers la sortie. Avant d'aller dehors, Liam s'arrêta et ouvrit ses bras sans dire un seul mot. Ils savaient qu'une fois qu'ils passeraient cette porte, ils n'auraient pas l'opportunité de se dire correctement au revoir. Louis plongea dans l'étreinte de Liam, le tenant tout près de lui et essayant de transmettre toutes les excuses qu'il ne pouvait pas former avec des mots. Liam frotta sa joue contre la tête de Louis, son étreinte ferme.
« Prends soin de toi. On se voit dans quelques jours, » dit doucement Liam.
« Toi aussi, » répondit Louis. « Repose-toi. »
Ce fut ensuite le tour de Zayn, tirant presque Louis hors des bras de Liam pour le prendre dans les siens. Il ne dit rien, étreignit simplement Louis fermement, avant de le lâcher et se tourner vers Liam pour lui faire un câlin, tout aussi étroit.
« Prêts ? » leur demanda ensuite Paul, le chef de leur sécurité.
Liam lâcha Zayn, hochant de la tête, ses yeux se posant une dernière fois sur Louis. Ils attrapèrent leurs bagages, se préparant pour la foule à l'extérieur. Comme d'habitude, des fans criaient très fort leurs prénoms, essayant d'attirer leur attention, et Louis se sentit mal de ne pas s'arrêter, mais la sécurité les pressa jusqu'aux voitures garées devant les portes qui les attendaient. Les paparazzi étaient là, des flashs suivant chacun de leurs mouvements et Louis n'arrivait pas à comprendre un seul mot de ce qu'ils criaient.
Comme Louis l'avait prévu, il pleuvait, des gouttes tombant sur ses épaules et son bonnet, trempant le tissu rien qu'avec le petit passage entre la porte et la voiture. Il était trop tôt, le ciel était toujours sombre, donc Louis ne put pas voir la pluie autant qu'il l'entendait lorsqu'il regarda par la fenêtre.
« A votre appartement ? » demanda le chauffeur.
« Oui, s'il te plaît, » répondit Louis.
Bouger, pensa Louis, observant d'un air fatigué les gouttes d'eaux peindre une image sans forme et sans couleur sur la vitre. Ils étaient toujours en train de bouger. C'étaient des voitures différents les emmenant d'un point à l'autre, des avions décollant tôt le matin et tard la nuit, et la moitié du temps Louis ne savait même pas où il se réveillerait.
Il était à Londres à présent, cette ville pluvieuse, froide et grise, et bien que ça devrait lui donner l'impression d'être à la maison, Louis n'avait pas du tout l'impression de rentrer chez lui. Il n'y avait aucun sentiment d'excitation dans son corps, ni cette anticipation de passer enfin une porte et trouver une vue familière.
Ce fut pourquoi il ne défit même pas ses valises quand il entra finalement dans son appartement. Il sortit simplement un autre sac de l'armoire de sa chambre et le bourra de vêtements et tout ce dont il avait besoin, repartant directement.
Les gens avaient probablement raison quand ils disaient qu'être chez soi n'était pas une maison ou un lieu. Dans le cas de Louis, chez lui était partout où sa mère était, et elle était à Doncaster à présent.
Elle avait fait la navette entre Holmes Chapel et Doncaster pendant presque un an, ce qui avait été très rude pour elle. L'offre d'emploi à Doncaster avait été ce dont elle avait toujours rêvé, cependant, donc Louis l'avait encouragé à le prendre. Elle avait à peine été à la maison, toujours épuisée lorsque ça avait été le cas, fatiguée et usée. Donc Louis avait pris beaucoup de responsabilités dans la maison. Il avait déposé et récupéré les filles à l'école et il s'était occupé des courses.
Puis il avait laissé tomber les cours pour suivre son rêve et, au moins, Lottie avait été assez âgée pour assumer une partie des tâches. Sa mère n'avait pas voulu déménager à Doncaster, pas alors que Louis avait été en plein milieu de ses A Levels et que et les filles avaient leurs racines à Holmes Chapel.
Après le départ de Louis, les choses avaient été plus dures, définitivement, et il se sentait toujours minable d'avoir agi aussi égoïstement. Il s'était rattrapé en achetant une maison à sa mère à Doncaster, assez grande pour tous les cinq. Les jumelles n'étaient même plus obligées de partager une chambre.
Louis n'était pas une seule fois retournée à Holmes Chapel – il n'avait aucune raison de le faire. Son chez lui était à présent à Doncaster.
« Louis, » souffla sa mère, surprise quand il entra furtivement dans la maison. Il était presque neuf heures du matin, et même si Louis avait dormi pendant tout le vol entre L.A. et Londres, il avait l'impression d'être réveillé depuis des jours. Voir son visage retira un peu de fatigue de ses épaules.
Elle était dans la cuisine, assise à la table, le journal dans une main, une tasse de thé et une assiette vide devant elle. Quand Louis entra, elle leva sa tête, le fixant avec ses yeux écarquillés pendant quelques secondes.
Louis était convaincu que Johanna Darling était l'une de ces rares femmes à ne pas vieillir du tout. Elle était belle et pleine de vie, comme toujours, une peau de pêche, fraîche, une coupe de cheveux chic et une teinture brune foncée.
Elle se leva et se précipita pour prendre son fils dans ses bras. « Bébé, quand est-ce que t'es rentré ? »
« On a atterri très tôt ce matin, » répondit Louis, posant son menton sur son épaule. Elle sentait le parfum qu'elle utilisait depuis qu'il était enfant, ses cheveux était attaché mais quelques mèches s'échappaient et chatouillèrent la joue de Louis. « J'espère que ça ne te dérange pas que je sois venu ici ? »
Elle se recula, encadrant son visage. « Ne sois pas stupide. »
Il sourit, embrassant sa joue. « Bonne année. »
« C'est vrai que je ne t'ai pas encore vu. » Elle embrassa son front, caressant doucement ses cheveux. « C'est tellement bon de t'avoir à la maison. Je dois partir dans quelques minutes, cependant. »
Louis secoua sa tête. « Je vais rester pendant quelques jours. J'dois seulement être de retour à Londres vendredi. »
« Les filles vont être aux anges. » Jay lui sourit radieusement, ne retirant pas ses mains de son visage. L'inquiétude assombrit ensuite son sourire. « T'as l'air fatigué, bébé. »
« C'est juste le décalage horaire, » répondit Louis. « J'ai juste besoin d'un bon repos. »
« Ton lit est fait, » lui dit Jay. « J'ai changé les draps après que tu sois parti la dernière fois, donc tu peux monter et rattraper un peu de sommeil, si tu veux. »
« Je vais essayer de rester éveillé jusqu'à ce soir, » dit Louis. « J'ai dormi dans l'avion. Est-ce que je dois aller chercher Daisy et Phoebs à l'école tout à l'heure ? »
« Ça serait adorable. » Sa main le lâcha et se dirigea vers l'entrée, attrapant un manteau et le mettant. « Je cuisinerai ce soir. Si ça ne te dérange pas, tu peux emmener les filles en ville et prendre tout ce que tu veux pour le dîner. »
« Rôti de bœuf, » répondit immédiatement Louis. « Ça m'a manqué les repas faits maison de ma maman. »
Elle sourit et le tira à nouveau dans ses bras. « C'est toujours bon de t'avoir à la maison. A ce soir, » dit-elle doucement en embrassant sa joue.
Louis lui fit un signe de la main, l'observant sortir sa voiture de l'allée jusqu'à ce qu'il ne puisse plus la voir. Le silence l'engloutit lorsqu'il referma la porte.
La maison serait très bientôt remplie de bruit. Là, il serait enfin à la maison.
+++
« C'était tellement gênant, maman, » se plaignit Fizzy, poussant ses petits pois avec sa fourchette. « Il était juste devant les portes et me faisait signe. »
« Ce n'était pas gênant, » se défendit Louis. « Tous les autres étaient très heureux de me voir. Sauf toi. »
« C'est pas que je n'étais pas heureuse de te voir, » corrigea-t-il. « Juste, pas devant mon école. »
Louis fronça ses sourcils. Avec le nombre de photos qu'il avait pris avec les amies de Fizzy et les filles allant à son école, il pensait que son apparition avait été plus qu'un succès. « Tes amies étaient toutes très polies. »
« Elles sont fans, Lou, » souligna-t-elle. « Et la plupart veulent se marier avec Zayn, de toute façon. »
Louis fit une grimace. « Elles seront coincé avec un clochard désordonné qui s'endort sans avertissement s'il ne travaille pas sur un quelconque graffiti, sérieusement. »
« Il paraît bien sur les posters, » dit simplement Fizzy. « Bon dieu, les boybands sont tellement embarrassants. »
« Excuse-moi, mais ton frère fait partie de l'un d'eux, » lui rappela Louis, grinçant des dents. « Quel est ton problème ? »
« Le problème est que ce Gordon pense que les boybands sont stupides, » interrompit Lottie.
Louis pensa qu'il venait d'avoir une attaque. Il venait très probablement de subir un AVC. « Un garçon ? Est-ce que tu vois un garçon ? » Il se tourna vers sa mère. « Tu ne la surveilles pas ? »
Jay rigola, sirotant son vin. « Fizzy, si ce garçon parle mal de ton frère, il n'en vaut probablement pas la peine. »
« Il ne sait pas pour mon frère, en fait. » Fizzy posa sa fourchette, jetant un regard noir à Louis. « Mais grâce à lui il est bien au courant maintenant, et ça va ruiner mes chances avec lui. »
Roulant ses yeux, Louis piqua furtivement la viande dans son assiette qu'elle n'avait pas touchée. « Dans ce cas, mon but est atteint. J'ai tout fait correctement. »
Fizzy lui donna un coup de pied sous la table et Louis s'étouffa avec un petit pois.
Après, ça dégénéra en une grande bataille qui prit fin seulement quand Jay attrapa l'oreille de Louis et tira fort dessus.
« Louis William Tomlinson, pourrais-tu cesser d'être un tel mauvais exemple pour tes sœurs ? »
Faisant la moue, Louis frotta son oreille douloureuse, une fois qu'elle le lâcha. Les filles filèrent dans le salon et Louis jeta un regard noir dans leurs dos pendant qu'il nettoyait la table.
« Tu ne vas pas la laisser me remplacer par un garçon qui pense que je suis stupide, hein ? » demanda-t-il lorsqu'il mit les assiettes dans le lave-vaisselle, sa mère nettoyant une casserole dans l'évier.
Elle rigola. « Aucune des filles ne va jamais te remplacer, Louis. »
« Cependant, elles ne devraient pas sortir avec des garçons qui ne m'apprécient pas. »
« Elles ne vont certainement pas épouser l'un d'eux, » souffla Jay.
Le ventre de Louis se retourna, le laissant un peu étourdi. « D'accord, parlons de quelque chose d'autre. »
Sa mère rigola, l'éclaboussant avec de l'eau. « Est-ce que Lottie t'a dit qu'elle avait dormi chez Matin après Noël ? »
« D'accord, désolé de te laisser avec la vaisselle sale, mais j'ai besoin d'air frais, » annonça Louis, fuyant la cuisine. Il s'arrêta à l'entrée du salon, observant ses sœurs blotties ensemble sur le canapé. Un film passait à la télévision et elles étaient toutes concentrées sur l'écran. Phoebe et Daisy avait étendu une couverture sur leurs jambes, leurs pieds pendant du canapé, n'atteignant pas encore le sol.
Ce serait bientôt le cas.
Pendant un moment, Louis se demanda s'il devrait les rejoindre, s'installer entre Phoebe et Fizzy et être entouré par ses sœurs. A la place, il se retourna et attrapa son manteau, à l'endroit où sa mère l'avait soigneusement suspendu sur le porte-manteau à côté de la porte d'entrée. Il ouvrit doucement la porte et sortit.
Il faisait froid, l'odeur de la pluie avait disparu. A la place, l'air semblait plus frais sous les étoiles d'une nuit de janvier. Louis pencha sa tête en arrière et regarda le ciel, le trouvant sombre et nuageux. Il fit le tour de la nuit et flâna jusqu'à la seule balançoire que sa mère avait installée dans le jardin. Fizzy et Lottie avaient toutes les deux grandi avec une balançoire, et Louis avait toujours été celui qui les poussait pendant des heures. Sa mère en avait également voulu une ici pour les jumelles, donc Louis lui en avait acheté une.
Cependant, il n'avait pas une seule fois poussé une des jumelles sur cette balançoire. Il conserva ça quelque part dans le fond de son esprit, se faisant un rappel mental de jouer dehors avec elles le lendemain.
Pour l'instant, Louis s'assis sur la balançoire, ses pieds touchant le sol. Il n'était pas assez grand pour que ce soit gênant, cependant, donc il commença à se balancer doucement, son regard fixé sur la maison. La terrasse qui donnait sur le salon était sombre, seul un petit trait de lumière passait à travers les fenêtres. Louis ne pouvait pas voir grand-chose de ce qu'il se passait à l'intérieur, seulement sa mère entrant dans la pièce avec des tasses et repartant avec les mains vides.
Le lendemain matin, elle ouvrirait le journal et lirait un autre article sur le comportement aigri de son fils. Louis pensa à lui donner un avertissement ; mais Jay avait appris à ignorer la presse. Surtout la mauvaise presse, puisque la plupart des choses que les médias écrivaient n'était, de toute façon, pas vraie.
Cette histoire était vraie, cependant. Même si ce n'était pas un gros problème, ça ne quittait pas les pensées de Louis. Il avait l'impression d'avoir été un peu trop loin, la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Ça avait probablement été trop, et Louis avait juste vraiment besoin de la pause qui les attendait.
Au moins, ils n'auraient plus à trop voyager jusqu'à ce que la tournée débute en février. Ils allaient faire un peu plus de promotion pour le nouvel album, donner des interviews, avoir des photoshootings et assister aux Brit Awards le mois prochain.
C'était un rêve, vraiment, un si grand rêve, que Louis était arrivé à mener cette vie. Il était chanceux et bienheureux – et un vrai connard de se plaindre et être malheureux pour n'importe quoi. Il n'avait pas le droit d'être malheureux.
Détournant ses yeux de la maison, il baissa son regard sur son bras, relevant les manches de son manteau et de son pull, jusqu'à ce que son doigt trace les lignes noirs qui était, à présent, devenu comme sa peau, encré dans son bras. Juste quatre petites lettres, semblant totalement sorties de nulle part. Un million de personne lui avait posé la question à propos de ce tatouage, avait voulu en savoir la signification.
Louis avait cessé d'avoir l'impression de dire un mensonge lorsqu'il répondait que c'était juste une blague, un hasard et qu'il n'avait pas de signification particulière.
Quand il entendit la porte de la terrasse s'ouvrir, il releva sa tête et fixa sa mère qui s'approchait de lui. Elle tenait une écharpe dans une main, beaucoup trop longue et rouge.
« Tu vas attraper froid si tu restes assis ici comme ça, » dit-elle, enroulant doucement l'écharpe autour du cou de Louis. Les extrémités pendirent lâchement, s'arrêtant à seulement quelques centimètres du sol. Elle était assez longue pour garder deux personnes au chaud.
Ce souvenir serra le cœur de Louis, un poing ferme le compressant et l'empêchant de respirer correctement. Il força le souvenir à disparaître, se concentrant sur sa mère. « Merci. »
« Ça sent la neige, » dit-elle. « J'suppose qu'on va pouvoir emmener les filles faire une bataille de boule de neige demain. Ça fait longtemps qu'il n'a pas neigé. »
Louis hocha de la tête, ses doigts s'enfonçant dans la douce laine rouge tombant sur ses genoux. « Cinq ans, » dit-il. « La dernière fois qu'il a neigé, c'était il y a cinq ans. »
Jay rigola. « Aussi longtemps ? Pas étonnant que Phoebe et Daisy n'arrive même pas à s'en souvenir. »
Louis garda son regard rivé au sol. Il souhaitait aussi ne pas pouvoir s'en souvenir, mais il s'en rappelait que trop bien.
« Est-ce que tu reviens à l'intérieur ? » demanda Jay, redressant ses épaules et croissant ses bras pour les maintenir au chaud.
Souriant, Louis fit un geste vers la maison. « Vas-y, maman. J'arrive dans une minute. Tu peux me faire un chocolat chaud ? »
Elle hocha de la tête, lui lança un regard entendu. « Ne sois pas trop long. »
Louis l'observa partir puis il recommença à se balancer. Ses orteils traînèrent sur le sol et l'écharpe se balança avec le mouvement. Une lumière chaleureuse parvenait de la maison et le silence absorbait le grincement de la balançoire.
Un premier flocon de neige tomba sur la jambe de Louis, contrastant avec la laine rouge. Il fondit en quelques secondes.
Louis leva à nouveau la tête, regardant en l'air et fixant les flocons qui était doucement et tranquillement en train de descendre vers lui. Il tourna une paume vers le ciel et la leva, la neige froide fondant sur sa peau. Son souffle forma de la vapeur devant son visage lorsqu'il expira en tremblotant.
Tu penses qu'un flocon de neige tombe à quelle vitesse ?
Louis se focalisa sur un seul flocon et l'observa tomber sur le sol, où il fut suivi par un autre, puis encore un autre.
Lentement, pensa-t-il puis il enroula un peu plus fermement l'écharpe autour de son cou, se balançant d'avant en arrière sur la balançoire. La neige continuait de tomber, répandant une fine couche de blanc sur le sol, la maison et Louis.
Douloureusement lentement.
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Empty Skies [Traduction - Larry Stylinson - Terminée]
FanfictionPendant trois ans, Harry a fui son passé. A présent, il emménage à Londres et se promet de réaliser son seul rêve - percer dans l'industrie musicale. Cependant, tout le monde n'y a pas sa place et la compétition est rude. Tout comme l'est son passé...