Cinquième étape : L'erreur.

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Hi, écrivit Louis, fixant le mot pendant plusieurs secondes. L'encre noire se détachait sur le papier blanc immaculé. Quelques endroits étaient toujours scintillant, l'encre pas encore sèche, et Louis passa un doigt dessus. Le mot fut étalé, tâchant le papier.

Une tâche, pensa-t-il, puis il fit courir son doigt sale sur le tatouage sur son bras droit, de l'encre se déposant dessus. C'était une tâche, juste comme le tatouage sur le bras de Louis, mais ce dernier ne pouvait plus être effacé, il resterait de façon permanente comme il était.

S'appuyant contre la tête de lit, Louis laissa tomber le stylo. Il était assis sur le lit de sa chambre d'hôtel qui était illuminée par la petite lampe de chevet. Depuis deux semaines, Escapade était en tournée aux Etats-Unis, gardant Louis distrait de la récente confrontation qu'il avait eu avec son passé.

A présent, dans le calme de la luxurieuse chambre d'hôtel, il s'était autorisé à laisser ses pensées dériver vers son passé, vers le moment où Harry avait dit à Louis qu'il l'aimait pour la première fois. Il avait semblé tellement innocent et apeuré, surpris par lui-même.

Le cœur entier de Louis avait appartenu à Harry à ce moment-là.

Traçant à nouveau le tatouage avec son doigt, il pensa à la douleur qu'il avait ressenti quand il avait été fait, à comment l'encre fraîche avait maculé sa peau, le Oops! devenant un contraste saisissant, comme s'il avait été tamponné sur sa peau. Il était lisse à présent, la couleur s'était un peu estompée, se fondant dans sa peau.

Ils avaient pris des risques pour avoir ces tatouages. Juste après le dix-huitième anniversaire de Louis, en janvier, ils avaient pris le train pour Manchester pour les faire. Harry avait supplié sa mère pendant des semaines pour avoir son autorisation, jusqu'à ce qu'elle craque finalement – sous la condition qu'il fasse son tatouage dans un endroit où il serait facilement couvert.

Ça avait été une idée stupide, vraiment. Une idée que seul un imbécile complètement fou amoureux aurait pu avoir. Puisque personne n'avait été au courant pour eux, ils avaient utilisé les premiers mots qu'ils s'étaient dits après avoir confessé leur amour comme un langage codé. Ça n'avait pas été facile d'être ensemble en public et ça avait eut un effet bizarre et excitant sur Louis, à chaque fois qu'ils les avaient utilisés. La première fois, ils avaient été à un match de football de Louis. Niall et Harry étaient venus au bord du terrain avant le match pour lui souhaiter bonne chance. Un ballon avait heurté le bras de Harry et il l'avait renvoyé, manquant complètement son but. Avec un sourire idiot sur les lèvres, il avait dit, « Oops ». Le cœur de Louis avait loupé un battement et Harry l'avait fixé pendant une seconde avant de le répéter, regardant Louis droit dans les yeux et rendant la signification claire. A partir de cet instant, à chaque fois qu'ils avaient été en public où ça leur avait été impossible de se dire « je t'aime », ils avaient dit « Oops » et « Hi » à la place.

Ça avait été l'idée de Louis d'avoir ces mots tatoués de façon permanente sur leurs corps.

Harry avait été si courageux. Alors que Louis avait aimé l'idée d'avoir un morceau de Harry tatoué sur lui, l'idée d'une aiguille perçant sa peau n'avait pas été aussi attractive. Alors Harry était passé en premier, souriant à Louis tout le long, tenant sa main et grimaçant seulement un petit peu à cause de la douleur.

Louis se souvint que le tatouage final avait exactement ressemblé au Hi qu'il venait juste d'écrire dans son carnet. L'encre noire maculait la peau de Harry avec l'écriture de Louis.

Ils s'étaient précipités dans tout ça, avait tout voulu, beaucoup trop tôt. Louis avait été certain à ce moment-là que Harry serait à ses côtés pour toujours, que rien ne changerait jamais ça.

Il avait suffi d'une seule phrase pour rompre le charme.

Soupirant, Louis tourna les pages de son carnet, le texte d'une chanson inachevé le fixant méchamment depuis le papier. Il y en avait plein dans ce carnet, plein de paroles qu'il avait écrit pendant les trois dernières années, les rassemblant dans un petit carnet miteux que Louis emportait partout. Chaque pensée sur Harry, chaque souvenir d'un passé que Louis voulait enfermer dans son cœur étaient gravés dans ce carnet.

C'étaient des chansons qui n'auraient jamais dû être écrites. Des erreurs, une collection d'erreurs que Louis avait faite dans sa vie et elles revenaient toutes à un moment précis.

Chacune de ses erreurs revenait à Harry.

Louis prit le stylo, fixant les mots devant lui.

I've felt the ground move beneath my feet (j'ai senti le sol bouger sous mes pieds)
All the walls are still closing in (Tous les murs sont toujours en train de se rapprocher)
And it's hard to love when you're caught beneath (Et c'est difficile d'aimer quand tu es piégé derrière)
the shackles of your skin (les chaînes de ta peau)


Il lit attentivement les mots, son pouce caressant le tatouage sur son avant-bras avant d'ajouter quelques lignes à la fin de la page.

We've lost it all love since (Nous avons perdu tout amour depuis)
It's far too much to take (C'est beaucoup trop à supporter)
But my love for you was blind and true (Mais mon amour pour toi était aveugle et sincère)
As my magnificent mistake (Comme ma grandiose erreur)


+++

Sortant de la gare, Harry se retourna avec un énorme sourire. Cinq minutes plus tôt, il avait été profondément endormi, sa tête sur l'épaule de Louis et leurs doigts entrelacés, nichés en toute sécurité entre eux. Il était pratiquement en train de rayonner, à présent, les yeux grands ouverts et pétillant de bonheur, Louis ne put pas s'empêcher de lui sourire en retour.

« Lou, regarde, » dit-il avec excitation, tendant sa paume vers le ciel. « Il neige ! »

Louis enfouit ses mains dans les poches de sa vestes, haussant ses épaules et blottissant son menton dans la laine chaude de son écharpe. Il leva les yeux vers le ciel, voyant les flocons de neige tomber. Ils fondaient sur le sol, l'humidifiant de plus en plus au fur et à mesure des minutes passant.

« Ce n'est pas vraiment de la neige, hein ? » demanda Louis, en attrapant un dans sa paume. Il laissa une gouttelette sur sa peau. « Elle ne tient pas. »

Harry regarda autour de lui, les gens passaient à côté d'eux sur la place bondée devant la gare. Louis l'observa tourner sur lui-même, balayant du regard l'endroit avant de le poser à nouveau sur Louis. « Personne d'autre semble s'en soucier. »

« Ce n'est pas différent de la pluie, Haz, » lui dit Louis.

« Mais ce sont des flocons de neige, » protesta Harry, en attrapant un autre. Il referma ses doigts autour et leva à nouveau son regard. « Tu penses qu'un flocon de neige tombe à quelle vitesse ? »

Louis n'avait aucune idée de comment Harry trouvait toutes ces questions, d'où venaient ces pensées un peu bizarres, mais il avait cessé de se poser la question depuis longtemps. Harry était bizarre, décalé, il méditait sur les choses les plus étranges de la vie – et Louis en était arrivé à aimer ça chez Harry, autant que le fait qu'il avait les cheveux bouclés, des fossettes et portait ces jeans larges ridicules qui descendaient bas sur ses hanches.

« Je ne sais pas, bébé, » répondit rapidement Louis. « Ils sont tous différents, non ? »

Harry cligna ses yeux, la neige fondait doucement en fine gouttes qui faisait scintiller ses cheveux, les rendant encore plus bouclés au dessus des ses oreilles. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Haussant ses épaules, Louis se rapprocha de lui, tirant l'une des boucles derrière l'oreille de Harry. « Ils disent que chaque flocon de neige est unique, hein ? Donc je suppose qu'ils tombent tous à une vitesse différente. »

Harry le regarda avec des yeux ébahis pendant un moment avant de regarder à nouveau autour de lui. Il posa une main hésitante sur la hanche de Louis, se tenant tellement près de lui que ce dernier pouvait sentit sa chaleur. C'était agréable de toucher Harry comme ça en public. D'après la façon dont Harry le regarda, Louis sut qu'ils étaient tous les deux en train de penser à la même chose. Personne ne les connaissait ici, personne ne prêtait attention aux deux jeunes hommes se trouvant devant la gare, sur le point de s'embrasser. Personne ne s'en souciait.

« T'es mon flocon spécial, Lou, » dit doucement Harry, semblant complètement sérieux, entièrement sincère à ce sujet.

« T'es tellement fleur bleue, » répondit légèrement Louis, et il savait que toute son affection devait se lire sur son visage. Ce n'était pas grave, cependant. Ce n'était rien que Harry ne savait pas déjà.

« Seulement pour toi, » répondit Harry.

Louis grogna, secouant sa tête. « Tu sais que tu deviens fleur bleue à chaque fois qu'on regarde une comédie romantique ? » le taquina-t-il, caressant la mâchoire de Harry avec son pouce.

« C'est parce que ça me fait penser à toi, » protesta Harry, une petite moue sur ses lèvres. « A nous. »

« Ta vie n'est pas une comédie romantique, Harry, » lui rappela Louis.

« Je suis sur le point de t'embrasser sous la pluie, » répondit Harry, souriant en coin. « Ça fait assez comédie romantique. »

« Il nous manque un peu de drame pour en faire un vrai scénario, tu ne crois pas ? » Louis le taquina puis lui sourit. « Genre, tu me quittes pour devenir une popstar tout seul, mais ensuite – »

« Tais-toi et embrasse-moi, » ordonna Harry, se penchant en avant pour capturer les lèvres de Louis.

Louis sursauta légèrement, fermant ses yeux et se laissant aller dans les bras de Harry. L'une des mains de Harry s'enfouit dans ses cheveux et Louis prit en coupe sa mâchoire avec la sienne, inclinant légèrement sa tête. La neige fondue s'était transformée en pluie, les mouillant doucement. Louis la sentit tremper sa peau, ses mains glissantes et froides, des gouttes d'eau tombant de ses cheveux sur sa tempe.

Quand ils se séparèrent, Louis put seulement imaginer que son sourire était aussi grand que celui de Harry, souriant comme un malade, plein de joie.

« Je t'aime, » dit doucement Louis, attrapant une goutte d'eau sur la lèvre de Harry avec sa bouche.

Harry blottit son nez contre la joue de Louis, enroulant ses bras autour de son cou. « J'ai envie que ce soit comme ça, » murmura-t-il, pour que seul Louis puisse l'entendre. « Te tenir et t'embrasser en public. C'est tellement agréable. »

« C'est génial, » acquiesça Louis. Il se recula légèrement, repoussant une mèche bouclée de devant le visage de Harry. « On finira par y arriver. »

Harry hocha de la tête, serrant encore une fois Louis dans ses bras. « Promis. »

Louis hocha également de la tête, inspirant l'odeur des cheveux de Harry avant de se reculer et entrelacer ses doigts avec ceux de Harry. « Allons-y, maintenant. On a un rendez-vous chez le tatoueur, espèce de flocon de neige ridicule. »

Harry rigola, radieux et fort. C'était le son préféré de Louis dans le monde entier.

+++

Louis fixa les mots devant lui un peu plus longtemps, cependant il pouvait toujours sentir la pluie sur sa peau et la bouche de Harry sur la sienne. Il retraça sa lèvre inférieure avec un doigt, regardant vers la fenêtre où la pluie tapait silencieusement contre le verre.

Ils avaient été bien ensemble, avait fait un bon couple. Harry avait été honnête et attachant, aimant et donnant – Louis avait aimé chaque partie de lui.

Peut-être que l'erreur n'avait pas été que Louis quitte Harry ; peut-être que Louis n'avait pas eu d'autre choix. Ils avaient été tellement proches, trop proches, partageant chaque battement de cœur, chaque souffle.

Peut-être que l'erreur avait été de tomber amoureux de Harry en premier lieu.

Louis ferma son carnet et éteignit la lumière.

Dans l'obscurité, cette idée ne sembla plus aussi lourde dans sa poitrine et fut plus facile à croire.

+++

Convaincre Perrie de venir avait requis toutes les forces jointes de Harry et Niall, alors ce premier sentit un soulagement s'installer dans sa poitrine, un poids lourd tombant de ses épaules quand il la vit entrer dans le pub.

C'était samedi soir et d'une façon ou d'une autre, Niall avait réussi à avoir une place à Harry pour une scène ouverte dans un pub du centre de Londres. Harry n'avait aucune idée de comment Niall avait fait, mais une chose était sûre – Niall pouvait convaincre tout le monde de faire ce qu'il voulait. Harry souhaitait avoir ce talent, mais du moment que Niall l'utilisait pour qu'il puisse monter sur une scène telle que celle-ci, il ne s'en plaignait pas.

« Merci d'être venue, » dit Harry, prenant Perrie dans ses bras.

« C'est normal, » répondit Perrie. « Je n'aurais pas raté ça. C'est énorme, non ? »

« Des personnes importantes viennent régulièrement ici, » confirma Harry, regardant autour de lui. « Des personnes qui sont impliquées dans l'industrie musicale. Je dois impressionner quelqu'un ce soir. »

« Tu vas tous les charmer, bébé, » lui dit Perrie.

Elle avait perdu quelques kilos, mais au moins ses joues avaient repris des couleurs. Elle souriait sincèrement ces derniers temps et ses yeux pétillaient quand elle rigolait, mais Harry la surprenait encore en train de fixer sans but l'extérieur par la fenêtre de leur cuisine, le regard vide.

Le fait de savoir que ce regard ne disparaîtrait jamais vraiment de ses yeux, qu'il s'installerait quelque part au fond d'elle, lui serrait le cœur. La douleur serait une partie d'elle, juste comme elle l'avait été pour Harry quand il s'était traîné hors de son lit, tout en sachant que Louis l'avait trahi et ne faisait plus partie de sa vie.

Il souhaitait qu'il y ait une façon d'épargner cela à Perrie.

Gardant une main sur son coude, il pointa l'autre côté du pub. « Ed, Niall et Barbara sont par là-bas, » dit-il. « Je dois aller dans les coulisses. »

« Ils ont des coulisses ici ? » Perrie haussa un sourcil. « C'est du lourd, alors ? »

« Il y a des découvreurs de talents partout dans la pièce, » dit simplement Harry.

Perrie embrassa sa joue. « Ça va être super. J'ai entendu cette chanson que tu répétais hier soir. » Elle lui fit un clin d'œil, souriant franchement. Il semblait être un peu forcé. « De rien pour l'inspiration. »

Mordant sa lèvre, Harry voulut protester, mais il n'était pas prêt à lui parler de son passé, de comment ce qu'elle avait vécu avait ré-ouvert des plaies qui ne s'étaient jamais vraiment refermées. A la place, il l'observa se diriger vers la table, commençant immédiatement à parler de quelque chose que Barbara portait.

Secouant sa tête, Harry se retourna.

Elle était à propos de Perrie. Il avait écrit une chanson au sujet d'une confiance trahie, d'un trou dans un cœur et de lèvres engourdies à qui manquait le goût d'une autre paire. C'était à propos de Perrie, pour Perrie. Elle avait souffert et, comme elle venait de le dire, Harry l'avait utilisé comme inspiration pour une chanson.

Il n'écrivait plus de chansons pour Louis.

Harry avait arrêté de faire ça depuis un long moment.

+++

« J'crois qu'ils ont détesté, » déclara Harry.

Ed sourit légèrement, secouant sa tête. Il tapota sa cigarette avec un doigt avant de prendre une autre taffe. « Mais non. »

Ils étaient à l'extérieur du pub, Ed fumant tranquillement tandis qu'une pluie fine tombait du ciel noir. Harry pencha sa tête en arrière contre le mur en brique sur lequel il était appuyé. « Personne n'a semblé particulièrement intéressé. »

« Ça fonctionnera la prochaine fois, je suppose. » Ed haussa ses épaules. « Ça prend du temps, Haz. »

« C'est juste tellement frustrant. » Harry entendit la porte s'ouvrir et tourna sa tête pour voir un groupe de cinq personnes sortir.

« T'as eu une proposition une fois, non ? »

« Par un mec qui pensait que si on envoyait mes paroles aux bons producteurs d'électro, ils pourraient en faire un tube, » dit Harry d'un air impassible. « J'pouvais pas accepter ça. »

Ed secoua sa tête. « J'suppose que non. »

« Excusez-moi ? »

Harry releva son regard du visage d'Ed, voyant un inconnu se tenir à côté de lui. Il était grand, mince et il portait des vêtements sombres. Il souriait gentiment et ses yeux étaient clairs, semblant amicaux. Il avait l'air familier, mais Harry n'arrivait pas tout à fait à déterminer où il l'avait vu avant.

« Je peux me joindre à vous pendant un moment ? »

Harry hocha de la tête, se décalant un petit peu pour lui permettre de se rapprocher d'eux.

« J'ai un petit problème, en fait, » dit le garçon.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Harry, prêt à aider.

« J'aimerais en quelque sorte te demander ton numéro, » répondit le mystérieux homme, haussant ses épaules. « Mais j'aimerais également te demander une démo. Est-ce que tu me trouverais grossier si je te demandais les deux ? »

Harry cligna ses yeux. « Tu veux mon numéro et une démo ? »

« Eh bien, le truc, c'est. » Il s'arrêta et sembla chercher ses mots pendant un moment. « Harry, c'est ça ? »

Harry hocha bêtement sa tête.

« Ecoute, Harry, on peut prétendre que je veux ton numéro à des fins professionnelles. Mais je finirais par l'utiliser pour t'inviter à un rendez-vous. » L'homme haussa à nouveau ses épaules. Harry remarqua que ses cheveux ne semblèrent pas être affectés du tout par la pluie. « Ça ne serait pas vraiment correct, hein ? »

Un sourire étira les coins de la bouche de Harry. Il jeta un coup d'œil à Ed qui semblait bizarrement préoccupé par sa cigarette, souriant pour lui-même. « J'suppose, » dit Harry d'un air songeur.

« Donc, mes amis viennent juste de partir. Que dirais-tu qu'on prenne un verre et parle de ta musique ? J'ai vraiment apprécié ta performance, » admit l'homme.

« Merci, » dit Harry, souriant franchement à présent. « J'pense pas que ça serait un problème si tu te joignais à nous, hein Ed ? »

« Bien sûr que non. » Ed écrasa sa cigarette, se tournant vers la porte. Il l'ouvrit, faisant un clin d'œil à Harry quand le gars entra à l'intérieur devant eux.

Harry suivit, le rattrapant pour le conduire jusqu'à leur table. « Hé, » dit-il, s'arrêtant à côté de la chaise de Niall. « Ça vous dérange si – euh. » Fronçant ses sourcils, Harry se tourna vers l'homme à côté de lui. « Désolé, j'crois pas avoir entendu ton prénom ? »

« Je m'appelle Nick, » répondit-il, souriant largement.

« Ça vous dérange si Nick se joint à nous ? » demanda Harry à la tablée. Barbara secoua légèrement sa tête, un sourire sur ses lèvres tandis que Niall tapota la chaise à côté de lui comme une invitation. Perrie fixa Nick avec les yeux écarquillés, lançant à Harry un regard horrifié quand Nick retira sa veste.

Harry ne comprit pas tout à fait ce qu'elle essayait de lui communiquer, alors il s'assit en face d'elle en haussant ses épaules.

« Je vais chercher un autre verre. J'peux vous prendre quelque chose ? » demanda Nick, pointant le bar du doigt.

Harry vit tout le monde secouer leurs têtes. « Ça ira, merci. »

Dès que Nick fut hors de portée de voix, Perrie se pencha en avant, le regard hagard. « Comment est-ce que t'as réussi à chopper Nick Grimshaw parmi toutes les personnes présentes ? »

Harry cligna ses yeux, se rendant soudainement compte pourquoi Nick avait semblé aussi familier.

« Nick Grimshaw ? » répéta Barbara, se tournant vers Perrie.

Cette dernière roula ses yeux. « Ne me dites pas que vous ne l'aviez pas reconnu ? »

Barbara et Harry échangèrent un regard, haussant tous les deux des épaules, désemparés.

« Tu savais ? » demanda Harry à Ed.

Ed sourit en coin. « Bien sûr. Il présente le programme le matin à la radio, Harry. Tout le pays le connait. »

« Ce n'est pas Greg James, cependant, » rajouta Niall. Son bras s'enroula autour des épaules de Barbara puis il se pencha en avant, pointant Harry. « Ça serait quand même très utile s'il ne te demandait pas seulement ton numéro. »

« Il m'a demandé une démo, » répondit Harry. Il avait l'impression d'étouffer, parce que ça semblait soudainement très sérieux.

Niall sourit radieusement. « Joue-le bien, Haz. Ça pourrait être ta chance. »

Nick revint, posant un verre de bière sur la table avant de s'asseoir. Il fut accueilli par le silence, tout le monde le regardant, et Harry se sentit fortement mal à l'aise pour lui.

« Donc je suppose que vous lui avez dit ? » demanda Nick, son ton léger. Il prit une gorgée de sa bière, regardant Harry du coin de l'œil. « Quels rabat-joies vous êtes. »

« Désolé, » lâcha Harry.

Nick rigola, secouant sa tête. « C'est pas grave. C'est pas un secret, hein ? » Il regarda autour de lui, se penchant en arrière dans sa chaise. « Alors, puisque vous connaissez tous mon nom maintenant, que diriez-vous de vous présenter ? »

Harry relâcha sa respiration quand Niall s'en chargea avec plaisir, commençant à bavarder.

La soirée avait pris un tournant intéressant.

+++

« Donc Harry, » dit Nick quand le silence s'installa à leur table pendant un moment.

Il était à sa deuxième bière, avait mené une longue conversation avec Niall et Ed à propos de Glastonbury et avait littéralement été un fanboy total sur Holly Willoughby, Fearne Cotton et Caroline Flack avec Perrie et Barbara. C'était un mystère pour Harry comment il pouvait avoir le même niveau de connaissances à propos des ragots récents et de la musique.

« J'ai bien aimé ton petit concert tout à l'heure. » Nick bougea un petit peu son verre. « Est-ce que t'es déjà signé ? »

« A terme, » commenta Niall.

« J'suis pas signé, non. » Harry haussa ses épaules. « Il y a eu une offre. »

« Deux, » corrigea Niall.

Harry fronça ses sourcils, lançant un regard noir à Niall. « Une récemment. L'autre quand j'étais très jeune. »

Nick soupira en signe d'acquiescement, l'observant attentivement. « Laisse-moi reformuler un peu ça, » dit-il. « Pourquoi tu n'es pas encore signé ? »

Rougissant, Harry prit une autre gorgée de sa bière.

« N'est-ce pas ? » demanda Perrie. Elle avait l'air bien trop excitée. « Il est tellement bon. Il pourrait percer, hein ? »

« Absolument, » acquiesça Nick. « J'aime ton style. Il y a beaucoup de chansons d'amour de nos jours qui se focalisent sur le chagrin. J'aime la touche positive que tes chansons ont. » Il sourit un peu narquoisement. « Enfin, il y a eu une chanson sur un cœur brisé, mais je suppose qu'il doit bien y en avoir une. »

Harry haussa ses épaules, regardant Perrie. « J'ai été inspiré pour celle-ci. »

« Il y a assez de personnes qui aimeront également ça. Il doit y avoir du contraste. Mais je pense particulièrement que celles folk, celle joyeuse – »

« Happily, » dit Harry pour fournir le titre.

« Oui. » Nick le pointa du doigt. « Elles sont géniales. J'aimerais en entendre plus. »

« Merci, » souffla Harry, incapable de former une seule autre pensée cohérente.

« De la musique joyeuse faite par un type heureux, » résuma Nick, ne se laissant perturber par le fait que Harry avait de toute évidence perdu sa voix et l'utilisation de son cerveau. « C'est un changement sympa. »

« C'est authentique, » commenta Ed. « C'est pour ça que les gens vont aimer. »

Nick hocha de la tête. « Exactement. Ça m'a convaincu, du moins. Même si ça a été le cas dès le moment où tu as souri en montant là-bas. » Il pointa la scène du doigt. « Ces fossettes sont magiques. »

Harry rougit à nouveau, ses joues chaudes.

« C'est un autre facteur, » lâcha Barbara. « Harry est très plaisant, hein ? C'est important dans l'industrie musicale. »

« Absolument, » acquiesça Nick. « T'es beau et charmant. Ils vont t'adorer. »

« Où est-ce que je signe ? » demanda Harry, souriant en coin. Son cœur battait toujours follement dans sa poitrine, mais il se força à se calmer.

Rigolant, Nick secoua sa tête. « Pas si vite, popstar. »

« Maintenant, je suis celui qui a un problème, je suppose, » fit remarquer Harry.

« J'suis sûr qu'on peut trouver un moyen de le régler, » proposa Nick.

Regardant ses amis qui l'entouraient, Harry se pencha en avant. « Donc, tu m'as demandé mon numéro et une démo. Je ne peux pas te donner les deux, cependant. »

Nick haussa un sourcil et Harry sentit Perrie lui donner un coup de pied sous la table. « Tu ne peux pas ? »

Harry secoua sa tête. Après une petite bataille, il réussit à attraper les pieds de Perrie entre ses chevilles. « J'veux pas que tu penses que je te donne seulement mon numéro parce que je veux ce contrat. »

« Ah, comme c'est noble de ta part. Quel prince, » roucoula Nick. « D'accord, faisons un marché. »

« Je t'écoute. »

« Tu me donnes ta démo et je prends le numéro de Niall parce qu'il est assez cool, » suggéra Nick, lançant un regard à Niall. Barbara fronça ses sourcils assez ouvertement en direction de Nick. « Je te donne mon numéro. Et tu décides ce que tu veux faire avec. »

Harry y réfléchit pendant une seconde. Il considéra la proposition, se demanda si c'était juste pour tous les deux. En aucun cas, il voulait que Nick se sente utilisé. C'était une situation particulière, vraiment, avec Nick montrant un intérêt en Harry en tant que personne et également dans sa musique. Avec sa position dans l'industrie musicale, ça rendit difficile le fait de faire une distinction claire entre les deux pour Harry.

Il n'irait pas à un rendez-vous avec quelqu'un seulement pour l'utiliser pour sa carrière.

D'un autre côté, Nick semblait vraiment sympa. Il était drôle et assez cool à propos du fait que Harry ne sautait pas immédiatement dans tout ça. Son sens de l'humour était sympa, et de ce que Harry avait entendu, Nick appréciait plein des mêmes groupes que lui.

Il n'y avait aucune raison de ne pas faire un essai.

« D'accord, » dit-il, hochant de la tête. « Ça marche. »

Nick sourit, sortant un stylo et écrivant son numéro sur un dessous de verre. Il l'échangea contre le CD que Harry lui tendit puis il passa le stylo à Niall, pour qu'il puisse écrire son numéro pour Nick.

Quand il se leva, Nick fit un clin d'œil à Barbara. « Ne t'inquiète pas, chérie. J'veux juste son numéro parce que j'ai le sentiment que pour parler affaires, je ferai mieux de le contacter lui plutôt que Harry. »

Barbara rougit, regardant Niall du coin de l'œil. « Euh, ouais. »

« C'était sympa de vous rencontrer. » Nick leva sa tête pour faire un petit signe. « A plus, je suppose. »

« A plus, » dit Harry. « Et merci. »

Nick lui fit un clin d'œil puis se retourna pour quitter le pub.

Pendant un instant, ce fut silencieux puis tout le monde recommença à parler en même temps.

« Putain, Harry, tu l'as fait ! » cria Niall.

« Il est complètement sous ton charme, » hurla Perrie.

« Je t'ai dit que cette performance avait fonctionné, » marmonna Ed.

« Est-ce que ce mec bizarre draguait Niall ? » demanda Barbara.

Harry décida de se focaliser sur le problème le plus urgent en premier. « Tu devrais faire attention Babs. Il va voler ton mec. »

Niall entrelaça ses doigts avec ceux de Barbara sur la table. « Tu te rends compte que je ne suis pas vraiment attiré par les hommes ? »

« Je m'en fous, » répliqua Barbara. « Ça me rend – » Elle pinça ses lèvres ensemble, haussant ses épaules. « Comme Harry l'a dit. T'es mon mec. »

Ils étaient sur la bonne voie, pensa-t-il quand un sourire niais se répandit sur le visage de Niall. Il se pencha en avant pour dire quelque chose dans l'oreille de Barbara. Harry surprit Perrie en train de les fixer, ce regard dans ses yeux. Il savait que ça lui serrait le cœur, une douleur affreuse qui ne cesserait pas – l'envie de quelque chose qu'elle n'avait plus.

« Je vais chercher une nouvelle tournée, » annonça Ed. « Ça se doit d'être célébré. »

Perrie leva son regard, fixant Ed s'éloigner pendant un moment avant de se focaliser à nouveau sur Harry. « C'est définitivement un tournant. » Elle attrapa les mains de Harry, lui souriant largement. « Je suis tellement heureuse pour toi, Haz. »

« Rien n'est encore décidé, » lui rappela Harry. « Pour tout ce qu'on en sait, il pourrait détester la démo. C'est différent des versions live. »

Perrie secoua sa tête. « Eh bien, même si c'est le cas – et ça ne le sera pas, soyons réalistes – tu pourrais te taper Nick Grimshaw. »

Harry sentit son cou chauffer. « Qui a dit que j'allais coucher avec ? »

Niall et Barbara refirent surface de leur petit bulle, et elle pointa sévèrement Harry du doigt. « Excuse-moi, Harry, mais t'es obligé. Pour lui faire sortir Niall de la tête. »

Perrie rigolé. « Fais-le pour Babs, Harry. »

« Sérieusement, » dit Niall, sa voix n'ayant pas la même pointe d'humour que celles de Perrie et Barbara. « Il semblait honnêtement intéressé. Ne le rejette pas sans lui avoir donné une chance. »

« Ce n'est pas ce que je comptais faire, » lui assura Harry.

A ce moment-là, Ed revint en posant plusieurs shooters sur la table. « C'est maintenant que le plus dur commence, Harry, » l'avertit-il. « Tu vas signer un contrat, ils vont te mettre au boulot pour respecter les accords et les managers vont affluer jusqu'à toi, te dire où aller et quoi faire. »

Harry cligna des yeux. « Je déteste quand tu fais ça, » grogna-t-il.

Ed sourit en coin. « C'est la vérité, mec. J'peux te le dire. »

« C'est compris avec la signature d'un contrat avec une maison de disque, je suppose, » songea Harry. Il leva son shooter, attendant que les autres en fassent de même. Il descendit son verre, l'alcool fort brûlant sa gorge.

« Et si le manager te connait bien, hein ? » demanda Niall. « Et s'il n'avait pas besoin de te dire toutes ces choses, parce qu'il te laisserait avoir ton mot à dire ? »

« Ça n'existe pas, » souligna Ed.

« Si, » contredit Niall. « Si c'est un ami. »

Pendant un moment, Harry put seulement le fixer. Parce que, si Niall était en train de proposer ce que Harry pensait, ça relèverait juste encore un peu plus le niveau de la soirée.

« Ecoute, » dit Niall d'un ton sérieux. « Harry, j'ai joué ton manager pendant les derniers mois. Ça a fonctionné, non ? Je réussis à te programmer des concerts, j'ai parlé avec les bonnes personnes. Je peux le faire. C'est ce que j'ai voulu faire toute ma vie. »

« Mais tes études, » protesta Harry. « Tu n'as pas encore fini. »

« Non, » acquiesça Niall. « Mais c'est une chance, Harry. Je veux être manager de toute façon, mais l'artiste que je veux manager a besoin de moi maintenant. Alors. » Il croisa ses bras sur la table. « Est-ce que cet artiste engage seulement un manager avec un diplôme ? Ou ça n'a pas d'importance ? »

Harry déglutit fortement. « Tu veux être mon manager ? »

« Il n'y a personne de mieux pour ce job, non ? »

« Je – »

Niall leva une main. « Attends. » Il se tourna vers Barbara qui l'observait avec un petit sourire ornant ses lèvres. « T'es d'accord avec ça, hein ? »

Elle leva une main, repoussant ses cheveux de sur son front. « J'pense que c'est autant une chance pour toi que ça l'est pour Harry.

Niall rayonna, inclinant son corps pour l'embrasser brièvement. Puis, il se retourna vers Harry, lui lançant un regard plein d'attente.

« On est une bonne équipe, » admit Harry. « Bien sûr, si tu le veux, je serais heureux de t'avoir à mes côtés. »

Niall sauta de sa chaise, tirant Harry dans une étreinte ferme, ce qui était plutôt périlleux avec la table entre eux. Quand il le lâcha, Perrie revint du bar, posant une autre tournée de shooters, tous remplis à ras bord.

Harry se tourna vers elle, voyant des larmes faire briller ses yeux lorsqu'elle tendit les verres.

« Arrête ça, » dit Harry. « Je t'ai assez vu pleurer pour le reste de ma vie. »

Perrie laissa échapper un rire mélangé à un sanglot. Elle posa son verre et encadra le visage de Harry avec mains, se mettant sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur les lèvres de façon sonore. Harry fut trop surpris pour réagir, clignant ses yeux de confusion.

« C'est juste tellement génial, » dit Perrie, haussant ses épaules. « Je suis vraiment heureuse pour toi, Harry. »

Ed leva son verre, posant une main sur l'épaule de Harry. « Félicitations, mec. »

Harry n'essaya même pas de retenir le sourire qui fendit son visage en deux.

+++

Lundi, Harry alla chercher Perrie au travail après son service à la boulangerie.

Il avait dîné au pub, travaillant sur une chanson assis à une table dans un coin. Il avait presque l'ensemble de la mélodie, il devait juste adapter en quelque sorte les paroles.

Son téléphone vibra à côté de lui sur la table. Harry l'attrapa en fronçant ses sourcils et ouvrit le message qu'il avait reçu de Nick.

J'vais voir un groupe qui s'appelle Pixie and the Dusts vendredi avec des amis. T'es partant ? xx

Harry sourit, vérifiant son agenda pour savoir quand il finirait le travail avant de répondre.

Ça m'a l'air bien. Compte sur moi ! xx

Il recommença à écrire sa chanson et, quand il refit surface un peu plus tard, Perrie était en train de ranger les tabourets. Harry l'observa pendant un moment avant de rassembler ses feuilles et les mettre dans son sac.

« Phil ferme ce soir, » dit Perrie. « Je vais juste chercher mes affaires et on peut partir dans une minute. »

Harry attendit à l'extérieur, traînant sur Twitter jusqu'à ce que Perrie sorte.

Il faisait encore assez froid pour le mois d'avril, mais Harry pouvait déjà sentir l'été. Perrie avait teint ses cheveux en blond pour l'accueillir, lui avait-elle dit la semaine dernière quand elle était rentrée en abordant encore une fois une nouvelle coupe de cheveux. Harry pensait qu'il était, également, prêt pour l'été.

Il était prêt pour un changement.

« Nick t'a envoyé un message ? » demanda Perrie.

Harry avait été hésitant avant de le contacter, mais Perrie l'avait un peu poussé, le faisant craquer.

« Ouais, tout à l'heure, » répondit Harry. « On va à un concert vendredi. »

« C'est super, » dit Perrie, poussant son épaule. « Sérieusement, ne sois pas aussi peu sûr de toi. Je ne t'ai pas vu ramener quelqu'un à la maison depuis qu'on a emménagé ensemble. Tu dois en avoir marre d'être célibataire. »

Harry rigola doucement. « Ce n'est pas si mal. »

« Qu'est-ce que t'attends ? » voulut savoir Perrie. « Tu ne trouvera jamais la bonne personne si tu ne passes pas un peu à l'action. Nick pourrait être Monsieur Parfait. »

Harry pensa à des cheveux légers comme des plumes, des petites mains dans les siennes et des yeux bleus brillants pendant un moment. Non. Ça s'était avéré être une mauvaise direction. « Il pourrait l'être, » dit-il à la place. « Je ne suis pas du genre à foncer la tête baissée. J'aimerais savoir qui je laisse entrer dans mon lit. »

« Il n'y a rien de mal à ça, » dit Perrie d'un air songeur. « Nick semble être cool avec ça. Ce qui fait un point de plus pour lui, non ? »

« Oui, » acquiesça Harry.

Ils descendirent les escaliers de la station de métro, commençant à courir lorsqu'ils virent le leur arriver. Après un petit sprint, Harry laissa Perrie passer en première et ils s'assirent l'un à côté de l'autre. Pendant le court trajet, ils restèrent silencieux, la tête de Perrie posée sur l'épaule de Harry.

Aucun d'eux n'était rentré de la journée, entre les cours et le travail, alors Harry vida leur boîte aux lettre quand ils arrivèrent, passant en revu les lettres en montant les étages. Il y avait une carte postale pour lui de la part de Gemma. Elle montrait un joli paysage en Italie et Harry soupira, envieux d'elle de partir en vacances avec son petit-ami.

« Quelque chose pour moi ? » demanda Perrie pendant qu'elle déverrouillait la porte.

« Une lettre, oui, » répondit Harry, la lui tendant et fermant la porte derrière lui. Il mit les autres lettres sur la table de la cuisine pour les ouvrir plus tard et alla dans sa chambre, mettant sa guitare à sa place habituelle.

« Oh mon Dieu ! » entendit-il Perrie hurler en suite, suivi par un cri aigu. « Harry ! »

Fronçant ses sourcils, Harry sortit sa tête de sa chambre, la voyant sauter en l'air dans leur cuisine.

« Harry ! » répéta Perrie, serrant l'enveloppe contre sa poitrine. « Ça peut pas être vrai ! »

« Quoi ? » demanda Harry.

« J'ai gagné des billets ! » Perrie courut jusqu'à lui, tenant deux tickets de concert. « J'pensais juste tenter ma chance et participer, et – » Elle sourit radieusement, jetant ses bras autour du cou de Harry. « J'ai gagné ! J'ai réellement gagné. »

« C'est super. Je suis content pour toi. » Harry lui tapota le dos.

« Tu dois venir avec moi, » exigea immédiatement Perrie. « Genre, je te le dois pour avoir pris soin de moi pendant les dernières semaines. »

Harry secoua sa tête. « Ce n'est pas nécessaire, Pez. »

« S'il te plaît, dis-moi que tu viendras. » Elle le regarda avec des yeux suppliants. « Je te promets que tu vas bien aimer. »

« Quel groupe c'est, en fait ? » demanda Harry, rigolant un petit peu.

« Escapade. » Elle agita les billets devant son visage.

Harry sentit ses doigts s'engourdir, son souffle se coupa. Il n'était pas sûr d'être toujours en train de respirer. Il se força à sourire. « Pourquoi tu n'emmènes pas l'une de tes amies ? »

« Elles ne les aiment pas, » marmonna Perrie, de toute évidence déçue. « Elles ne voudront pas venir. »

« Je ne les aime pas non plus, » fit remarquer Harry.

« Excuse-moi ? » Perrie se tenait debout avec ses mains sur ses hanches. « Ça ne te dérange jamais de les écouter. »

« C'est pas vraiment mon truc, les boybands. » Haussant ses épaules, Harry retourna dans sa chambre.

Perrie était sur ses talons. « C'est une chose tellement prétentieuse à dire, Harry. T'as dit qu'aucun groupe ne devrait être jugé par leur genre. Pourquoi t'exclurait Escapade de ça ? »

Harry sentit ses doigts se crisper, son sang coulant un petit peu plus vite dans ses veines, le rendant nerveux. Il avait réussi à éviter consciemment d'écouter Escapade jusqu'à ce jour – et il n'avait pas l'intention de changer ça de sitôt.

« Désolé, Pez, » dit-il en appuyant à travers ses dents serrées. Les mots étaient lourds sur sa langue. Il ne la regarda pas, pliant un tee-shirt qu'il avait laissé sur son lit plus tôt. « Je suis vraiment pas intéressé par aller à ce concert. Tu devras trouver quelqu'un d'autre. »

Perrie resta dans l'encadrement de sa porte, semblant un peu perdue, confuse par la réaction de Harry.

Il ne pouvait pas l'expliquer ; Harry ne pensait pas qu'il arriverait, un jour, à expliquer Louis à n'importe qui dans le monde.

« D'accord, je comprends, » marmonna Perrie. Elle se retourna et quitta la chambre de Harry.

Harry expira, fermant ses yeux. Ça ne s'était pas bien passé. Il n'aurait pas dû être aussi dur avec Perrie. Ce n'était pas sa faute ; elle ne savait pas après tout.

Avec un soupir, Harry tomba sur son lit et enfouit son visage dans ses coussins.

Ce n'était pas l'idée de voir Louis en personne qui effrayait Harry. Il avait lutté pendant longtemps et durement pour oublier Louis et, bien que ses blessures n'avaient jamais complètement cicatrisé, Harry avait réussi à passez du mieux possible à autre chose.

Ce qui l'effrayait, ce que Harry avait peur de ne pas être capable de supporter, était de voir Louis sur scène.

Vivre son rêve.

+++

Ils avaient reçu un autre refus.

Ça avait été la septième, parmi les nombreuses candidatures qu'ils avaient envoyé. Harry l'avait trouvé dans sa boîte mail quand il était rentré chez lui, vérifiant ses emails en premier. C'était une habitude qu'il avait développé pendant les dernières semaines.

Roulant sur lui-même, Harry se recroquevilla sur le sol de la cabane, attendant que Louis arrive. Il était en retard – peut-être que c'était son train qui l'était. Louis avait passé les quatre derniers jours à Londres, rendant visite sa tante et son oncle. Puisque c'étaient les vacances scolaires, il avait utilisé ce temps libre pour remplir ses obligations familiales.

Il manquait à Harry. Il était tellement habitué à avoir Louis près de lui tous les jours que passer quatre jours sans lui avait donné l'impression d'être incomplet à l'intérieur. Comme si la moitié de son cœur avait voyagé à Londres avec Louis.

Louis était le seul qui serait capable de rassurer Harry à propos du refus. Ça déstabilisait Harry, une peur de ne jamais y arriver se déversant en lui. Il avait besoin que Louis lui dise que tout irait bien.

Pendant un moment, Harry ferma ses yeux, s'autorisant à penser au mail qu'il avait reçu de Syco quelques mois auparavant – enfin une réponse positive. Elle avait été positive seulement au premier regard, cependant. Ils avaient demandé à avoir Harry tout seul, sans Louis et Niall, ils avaient voulu qu'ils viennent passer une audition. Le cœur de Harry avait battu à la chamade quand il avait lu l'email.

Il avait rejeté la proposition sans y réfléchir à deux fois. Ça avait toujours été leur rêve, ils étaient ensemble là-dedans et Harry ne voulait rien de tout de cela si ce n'était pas avec Louis à ses côtés.

Il traça avec son doigt le tatouage sur son biceps, caché sous la manche de son tee-shirt. Il se mélangeait bien avec sa peau, les bords rugueux disparus depuis longtemps. L'écriture de Louis était encrée dans la peau de Harry, comme un signe de leur appartenance à l'autre.

Les oiseaux cessèrent de gazouiller, un bruissement surprenant de l'arbre suivi et Harry ouvrit ses yeux, sachant que Louis était en train de grimper à l'échelle. Il se redressa, croissant ses jambes.

« Salut bébé, » le salua doucement Louis quand il atteignit la cabane, rampant à l'intérieur.

Quelque chose était comme éteint, Harry pouvait le dire à l'expression sur son visage. « Salut. »

Louis s'approcha de lui, rampant toujours, et il se retrouva dans l'espace de Harry en peu de temps, ses mains se posant sur sa taille.

« Tu m'as manqué, » souffla Harry avant de sceller leurs bouches dans un baiser. Il ouvrit ses lèvres, buvant le goût familier de Louis, se laissant aller dans sa chaleur. Louis poussa légèrement son épaule et fit se coucher Harry jusqu'à ce qu'il puisse s'installer entre ses jambes.

Ils s'embrassèrent pendant quelques minutes, peut-être heures, Harry perdit la notion du temps. Il avait à nouveau Louis dans ses bras, tout le reste pouvait attendre.

Louis releva brusquement sa tête, détachant ses lèvres de celles de Harry. Il respirait fortement, les yeux mi-clos, et il lécha ses lèvres. Le ventre de Harry se retourna, rendant sa respiration difficile.

Quelque chose n'allait pas.

« Je pars à Londres, » murmura doucement Louis.

Harry le fixa, immobile.

Sans un autre mot, Louis se pencha à nouveau en avant, attachant ses lèvres au cou de Harry. Il baissa le col de son tee-shirt pour sucer la peau de ses clavicules. La peau de Harry semblait engourdie, la sensation des lèvres de Louis irréelle.

Harry fixa le plafond, des petites rayures du ciel bleu d'été visibles à travers les lattes de bois, essayant d'enregistrer les mots de Louis. Son cœur battait fortement dans ses oreilles, son torse se gonflant avec lui.

« Tu – quoi ? » demanda-t-il, sa voix rauque.

Louis arrêta de bouger. Il lâcha le col et releva le haut de son corps. Son expression faciale était calme, de façon alarmante même.

« J'ai signé un contrat avec Syco, » dit-il doucement. « J'commence la semaine prochaine. »

C'était un mauvais rêve, décida Harry. Il ne pouvait pas détacher ses yeux de Louis. Mais il devait – il devait le faire, s'il voulait se réveiller et retourner dans son monde, avec son Louis.

« Ils voulaient que j'aille à Londres pour un casting. Pour un groupe de trois personnes. » Louis détourna son regard de Harry, mordant sa lèvre. « J'ai été retenu. J'ai signé ce matin. »

Les mains engourdies de Harry glissèrent des hanches de Louis jusque sur le sol et elles l'heurtèrent dans un bruit sourd. Il était sûr que son cœur ne battait plus du tout tandis qu'il fixait Louis du regard. Ses yeux étaient secs mais il ne pouvait même pas se résoudre à les cligner.

« Tu m'as menti, » réussit finalement à dire Harry d'une voix étouffée. Il n'était pas tout à fait certain à quoi il faisait référence. Le fait que Louis avait menti sur la raison de son voyage à Londres ou tout le reste qu'il lui avait dit.

C'était leur rêve, n'est-ce pas ?

Quand Louis avait-il décidé d'en faire son propre rêve ? De le vivre sans Harry ?

« Haz, » commença Louis.

Et pourquoi étaient-ils toujours aussi proches ? Pourquoi Louis ne se détachait-il pas de Harry alors qu'il venait juste de lui annoncer qu'il le quittait ? « Non, » le coupa Harry, secouant sa tête. « Non. »

« Allez, ce n'est pas – »

Harry repoussa Louis, se redressant et se reculant loin de lui. « Qu'est-ce que tu veux dire par, la semaine prochaine ? »

« Je déménage à Londres, » dit simplement Louis – comme si ce n'était rien, juste tellement facile. « Haz, c'était une opportunité que je ne pouvais pas refuser. »

Le dévisageant, Harry entendit son cœur se remettre en mouvement – et il battait à la chamade. « Vas te faire foutre, Louis, » souffla-t-il, incapable de former une autre réponse.

Le voilà, Louis, le garçon qu'il aimait, le garçon dont il connaissait tout. Le garçon que Harry connaissait mieux que lui-même. Et pourtant, il savait tellement peu, n'avait pas su que Louis était capable d'une trahison de ce genre. Il fixa Harry avec cette expression indéchiffrable – comme s'il ne comprenait même pas ce qu'il avait fait.

« Harry, » dit-il à nouveau, sa voix s'adoucissant.

« T'as menti, » répéta Harry. « Je ne peux pas – » Il déglutit fortement, se mettant debout et se précipitant vers l'échelle. « T'as foutrement menti pendant tout ce temps. »

« Ce n'est pas vrai. » Louis le suivit, attrapant le coude de Harry avant qu'il puisse commencer à descendre. « Ecoute-moi, s'il te plaît. Bébé. »

Ça fit monter des larmes dans les yeux de Harry, elles se regroupèrent dans les coins, brûlant, sa gorge se resserrant. « N'ose même pas, » siffla-t-il. « Pas après m'avoir abandonné aussi facilement. »

La main de Louis se retira brusquement comme s'il venait juste de se brûler avec la peau de Harry. Ce dernier pouvait voir la douleur sur son visage, ses yeux bleus devenant gris, assombris par la peine.

Bien, pensa Harry, descendant l'échelle. Il regarda Louis une dernière fois, vit le désespoir dans ses traits alors qu'il secouait sa tête dans une protestation silencieux au départ de Harry.

Harry eut un million de choses à dire qui affluèrent dans sa tête, des accusations et des tirades pleines de colère. A la place, il soutint simplement le regard de Louis jusqu'à ce qu'il atteigne le sol, essayant fermement de transmettre chacun de ses sentiments à travers son regard froid et furieux. Il se tint au pied de l'arbre pendant un moment, ses yeux plongés dans ceux de Louis et son cœur se brisa juste un petit peu plus, lorsque Louis détourna son regard et mordit sa lèvre.

Harry se retourna et s'éloigna doucement, ses membres semblant étrangement raides, comme s'ils étaient gelés. Ce fut seulement quand il eut fait le tour de la maison, et qu'il sut qu'il était hors de vue, qu'il commença à courir.

Il courut aveuglément, ses poumons brûlant, ses larmes inondant ses joues et son cœur brisé dans sa poitrine.

+++

Louis cligna ses yeux, les ouvrant doucement, l'écran de sa télévision entrant dans son champ vision. Il reconnut le personnage de Little Britain, regardant pendant quelques secondes avant de se rendre compte que c'était son téléphone en train de sonner qui l'avait réveillé.

Il l'attrapa sur la table et décrocha quand il vit le prénom d'Aiden s'afficher.

« Louis, » le salua Aiden. « De retour à Londres ? »

« Depuis hier, oui, » répondit Louis, roulant sur son dos. Des rires sortirent de la télévision. « Comment tu vas ? »

« Bien, comme d'habitude, » dit Aiden. « Et toi ? Décalé ? »

Louis soupira. « J'viens de dormir toute l'après-midi. »

« Alors, tu t'es bien reposé pour sortir ce soir, » fit remarquer Aiden, semblant joyeux.

Louis fronça ses sourcils, considérant sa proposition. « Sortir pour faire quoi ? » demanda-t-il.

« Il y a un concert d'un groupe que t'aimerais probablement avoir comme première partie, » lui dit Aiden. « Ils jouent dans une petite salle à Camden, pour peut-être une centaine de personne. Pixie and the Dusts. »

« Quel nom stupide, » grogna Louis.

« Ils ont du potentiel. »

Louis devrait y aller – un groupe jouant dans des salles pour moins d'une centaine de personnes semblait effectivement être le genre de groupe qu'il recherchait. Et si Aiden disait qu'ils avaient du potentiel, il y avait de grandes chances qu'ils soient vraiment bons et méritent son attention.

« Pas ce soir, » répondit Louis.

« Louis, allez, » commença Aiden.

« On joue à nouveau à l'O2 demain, » expliqua Louis, se sentant fatigué à l'idée de devoir se présenter à un concert le lendemain. « C'est un concert supplémentaire avant que la partie européenne commence la semaine prochaine. J'suppose qu'une soirée chez moi ne me ferait pas de mal, pour rattraper un peu plus de sommeil. »

« Pourquoi je ne suis pas invité à ce concert demain ? » voulut savoir Aiden, d'un ton moqueur et consterné. « Je n'étais même pas au courant. »

« Tu peux venir, si tu veux. Je te ferais entrer, » proposa Louis. « Il a seulement été ajouté le mois dernier. A cause de la forte demande. »

« Il y a toujours une forte demande pour vous, » soupira Aiden. « Alors, je vais aller à ce concert tout seul ce soir ? »

« Désolé, chéri, » s'excusa Louis. « J'dois être en forme demain. »

« C'est pas grave. Je comprends. Je te vois demain ? »

« A demain, » confirma Louis.

« Bonne soirée, » dit doucement Aiden.

« Toi aussi. »

Louis raccrocha, refermant ses yeux. Il réussit à attraper la couverture sur le fauteuil, l'étalant sur son corps. Little Britain était toujours en train de passer à la télévision, les rires et les voix aiguës le berçant jusqu'à ce qu'il s'endorme.

+++

« C'était vraiment bien, » dit Harry, ses mains enfoncées dans les poches de son jeans.

Nick hocha de la tête, marchant à côté de lui. Leurs bras s'effleuraient, mais Harry ne prit pas la peine de mettre plus d'espace entre eux. C'était confortable. Les quelques amis qu'il avait invité marchaient devant eux, parlant ensemble et ne leur prêtant pas beaucoup d'attention.

« J'ai eu un tuyau comme quoi ils étaient fantastique, » lui dit Nick. « Ils font des trucs géniaux, mais ce n'est pas pour la radio. »

« Tu ne les passerais pas ? » demanda Harry, surpris.

« Top quarante pour le Breakfast Show, » expliqua Nick, haussant ses épaules. « Leur musique est pour les programmes de la nuit, quand tu peux passer de la musique originale et inhabituelle. »

Harry fixa Nick pendant une seconde. « Ça te manque ? »

« Parfois, » admit Nick. « Je voudrais pas revenir en arrière, cependant. Mon équipe est super et je m'amuse beaucoup comme ça. »

« C'est ce qu'on dirait, » acquiesça Harry.

« Aw, Harold, » roucoula Nick. « T'écoutes mon émission tous les matins juste pour entendre ma voix. »

« J'ai dû convaincre Betsy de changer la radio dans le cuisine pour mettre Radio One, » révéla Harry, lui faisant un clin d'œil. « Elle a seulement été d'accord quand je lui ai dit que le présentateur du Breakfast Show est un bon ami à moi. Elle a écouté Capital FM pendant les dix dernières années. »

« Quel est le problème avec Betsy ? » demanda Nick, serrant sa poitrine. « Chris Moyles arrive tellement bien à faire plaisir à sa génération. »

Harry rigola. « Elle apprécie beaucoup Matt. »

« Si seulement elle savait. » Nick secoua sa tête. Il s'arrêta lorsqu'ils arrivèrent à la station de métro. « On retourne chez Nicco, » dit-il. « Ça te dit ? »

« J'aimerais beaucoup, » admit Harry, mordant sa lèvre. « Mais je dois être à la boulangerie à cinq heures demain matin. Alors je ne devrais pas. »

« Très bien, » dit facilement Nick. Il semblait un petit peu nerveux, ses mains enfouis dans les poches de sa veste en cuir.

Harry le regarda pendant une seconde de plus, en réfléchissant à ses options. Il pourrait se pencher en avant et embrasser Nick – ça ne serait pas bizarre, hein ? Nick avait admis à la première seconde qu'il était intéressé par Harry.

« Peut-être qu'on pourrait refaire une sortie ? Genre, un dîner ou autre ? » demanda-t-il à la place.

Nick sourit d'un air satisfait, hochant de la tête. « Bien sûr, j'en serais ravi. Appelle-moi quand t'es libre. »

« J'suis presque sûr que t'es le plus occupé ici, » souligna Harry.

« Jamais trop occupé pour te voir, » dit Nick, faisant un clin d'œil à Harry et se penchant pour embrasser sa joue. Il se retourna, rattrapant ses amis qui étaient déjà en train de descendre les escaliers vers la station. « Parle à Niall. Je lui ai envoyé quelques trucs. »

Harry lui fit un signe de la main, observant Nick partir, restant en haut des escaliers jusqu'à ce qu'il ne puisse plus le voir. Doucement, il laissa le bout de ses doigts frôler sa joue qui picotait encore un peu à cause des lèvres de Nick. Une douce brise fit bouger ses cheveux, le faisant légèrement frissonner et enfoncer ses mains dans ses poches. Il se retourna, préoccupé par ces pensées envahissant sa tête.

Il était temps qu'il arrête de repousser tout le monde. Harry n'avait pas eu de relation sérieuse depuis que Louis était parti. Au début, il avait été trop blessé, trop bloqué sur Louis pour regarder quelqu'un d'autre. Et après ça, Harry était devenu prudent, très prudent sur qui il laissait s'approcher assez de son cœur.

Louis avait été trop proche, Harry lui avait donné chaque partie de lui – et il avait eu tort, sa plus grande erreur. Il avait été complètement dépendant de Louis, avait cessé d'être sa propre personne, chacune de ses actions et pensées focalisées sur Louis.

Harry avait confondu ça avec de l'amour, quand réellement, ça n'avait rien été à part une dépendance aveugle. Comme une addiction.

Il avait essayé de coucher avec des personnes au hasard, basant ça sur le sexe plutôt que les sentiments, mais à chaque fois qu'il avait essayé, il avait fait machine arrière à la dernière minute, avait fui avant de pouvoir franchir la dernière étape. Ce n'était pas lui, ce n'était de cette façon que la tête de Harry – ou son cœur – fonctionnait.

Il voulait quelque chose de stable, quelque chose d'honnête, voulait que le sexe signifie quelque chose et ne soit pas seulement un soulagement. Il voulait donner, mettre son cœur à nu pour que quelqu'un d'autre le voie et en prenne soin.

Peut-être qu'il avait une chance à cet instant.

Lorsqu'il rentra, Harry retira sa veste dans sa chambre. Il se dirigea vers la fenêtre pour fermer ses rideaux, ses mains se figèrent dans le mouvement, son regard attiré par l'énorme panneau publicitaire sur terrain de football.

Il avait affiché une publicité pour du thé pendant les dernières semaines, mais avait été changé pour une affiche d'Escapade à présent. Concert Spécial à l'O2 Arena de Londres, était-il écrit en haut. Le regard de Louis était baissé, ses mains enfouies dans les poches de sa veste en jeans, ses cheveux en désordre. Zayn regardait hors de l'appareil, Liam le fixait.

C'était trop, pensa Harry, la gorge serrée.

Il s'était juré de ne jamais rien chercher à savoir sur ce groupe, mais à présent il connaissait déjà le prénom des deux mecs, ressentant de l'amertume envers eux d'avoir pris la place de Harry et Niall – ce qui était ridicule, parce que ça n'avait jamais dû être Harry et Niall en premier lieu.

Fermant les rideaux, Harry se retourna et se dirigea directement vers la cuisine. Il sortit le CD que Perrie avait posé à côté du lecteur que Harry avait insisté avoir besoin dans la cuisine. Il mit le disque dedans, appuyant sur lecture.

Quand la musique commença, Harry expira, ses mains tombant le long de son corps.

S'il voulait enfin laisser Louis derrière lui – tout, chaque morceau de ce passé – il devait savoir où Louis avait poursuivi sa route. Il devait découvrir ce que Louis faisait à présent, où il était et comment il vivait. Il devait savoir qui Louis était sans Harry.

S'il ne le faisait pas, il se le demanderait toujours.

Harry pensa retourner dans sa chambre, laisser la porte ouverte et écouter les chansons depuis là-bas. Cependant, ça lui donna l'impression de fuir à nouveau, alors il prit juste la couette sur son lit et ferma la porte de sa chambre, ne laissant pas la musique pénétrer à l'intérieur.

Il se recroquevilla sur le sol de la cuisine, écoutant les chansons, les voix, dont il n'en reconnut qu'une seule.

When I close my eyes you're still there, still smiling without a care, chanta quelqu'un. I keep you in my dreams where you're close. I've run as far as I could but a piece of you is still with me, no place to hide.

(Quand je ferme mes yeux tu es toujours là, tu me souris toujours sans précaution. Je te garde dans mes rêves où tu es proche. J'ai fui aussi loin que possible mais une partie de toi est toujours avec moi, aucun endroit où me cacher.)

La chanson passèrent de gouttes de pluie à la fin de l'été, à des cœurs se déchirant à cause d'un mauvais mot, au sentiment de regret, des chansons rythmées à propos de vouloir changer le temps, revenir en arrière. Il y en avait d'autres qui étaient intermédiaires, des chansons qui ne ravivaient pas de souvenirs, qui ne portaient clairement pas l'écriture de Louis.

Harry n'avait pas besoin de regarder pour savoir quelles chansons Louis avait écrit. Les chansons qui racontaient des histoires à propos de longues journées d'été passées caché dans les arbres, de peau tatouée qui contenait les souvenirs de jours meilleurs.

It's spring, but you're still snowing after two and a half years, chanta doucement la voix de Louis, berçant Harry. I want it to be snowing inside of me and never melt there. I'm losing my sense of season.

(C'est le printemps, mais tu neiges toujours après deux ans et demi. Je veux qu'il neige à l'intérieur de moi et qu'elle n'y fonde jamais. Je perds mon sens des saisons.)

I know it's love. (Je sais que c'est de l'amour.)

+++

Harry se réveilla lorsque les lumières furent allumées, le surprenant dans son sommeil. Il se redressa, frottant ses yeux, et il trouva Perrie à la porte en train de le fixer. La musique était toujours en train de tourner, remplissant la pièce.

« Pourquoi tu dors sur le sol ? » demanda-t-elle.

Fatigué, Harry renonça à faire semblant. Il pourrait probablement trouver un mensonge à dire, mais il ne voulait plus mentir à Perrie. « Je ne voulais pas laisser Louis entrer dans ma chambre. »

Pendant un moment, Perrie fut silencieuse. Puis elle ferma doucement la porte et posa son sac à main. Elle retira ses bottes, alla vers le lecteur de CD pour l'éteindre puis s'assit à côté de Harry, enroulant ses bras autour de ses genoux. « J'pensais que tu ne le dirai jamais. »

Harry cligna ses yeux, penchant sa tête sur le côté. « Quoi ? »

« Pour Louis, » murmura Perrie, semblant coupable. « Niall l'a laissé échapper quand il était bourré la semaine dernière. Je lui ai parlé des billets et du fait que tu ne voulais pas venir avec moi. » Elle haussa ses épaules, mordant sa lèvre inférieure. « Il m'a dit que c'était parce que vous étiez dans un groupe ensemble. »

Niall ne pouvait pas être digne de confiance lorsqu'il avait bu. Harry aurait dû le savoir. Il détourna son regard, jouant avec sa couette. « C'est tout ce qu'il t'a dit ? »

Perrie hocha de la tête. « Je suis désolé, Haz. Si j'avais su, je n'aurais jamais accroché le poster et écouté leur musique, ou je ne t'aurais jamais demandé de venir à leur concert. » Elle mit un bras autour de lui. « Je ne vais pas non plus y aller. Je ne peux pas être fan de quelqu'un qui vous a trahi. »

Harry rit sèchement. « Pez, » dit-il ensuite, les souvenirs revenant brusquement, la neige et une écharpe rouge, un baiser sous la pluie, les murmures et les caresses cachés dans une petite cabane, les regards volés échangés à l'école. « Il était – on était – » Harry déglutit fortement. « Je l'aimais, » finit-il par choisir de dire. C'était la première fois que Harry le disait à haute voix. Ça semblait étrange sur sa langue, sonnait étrange à ses oreilles.

Perrie le fixa, une main toujours sur son épaule. « Est-ce qu'il a – »

« Brisé mon cœur ? » dit Harry d'une voix étouffée, appuyant ses paumes sur son visage. « Ouais. On était ensemble, genre – pas publiquement, » expliqua Harry. « Mais on était ensemble. Il a décidé de continuer sans moi, et je l'ai laissé me laisser derrière. Je l'ai laissé me pousser à terre, et je le déteste. » Il bredouilla tout, laissant tout sortir de lui à présent, les mots tournèrent dans sa tête, traversèrent son esprit, et Harry ne put pas en saisir un seul avant de les dire. « Je le déteste de m'avoir fait ça, et je déteste l'avoir laissé faire ça. Il n'aurait jamais dû avoir ce genre de pouvoir sur moi, me blesser de la façon dont il l'a fait. Il a juste décidé que je n'en valais pas la peine et il a tourné si facilement ses talons. Comment a-t-il pu partir aussi facilement ? »

« Harry – »

« Comment ose-t-il écrire des chansons sur ça ? » Harry jeta ses mains en l'air. « Comment peut-il écrire sur toutes ces choses qu'on a partagé, comme si ça comptait toujours pour lui alors que c'est lui qui a foutu en l'air ? »

Perrie le tira vers elle, ses bras fermement enroulés autour des épaules de Harry. « Putain, Harry, » marmonna-t-elle. « Quel connard. »

Harry ne la corrigea pas. Il enfouit son visage dans son cou, fermant ses yeux. Il savait que ce n'était pas juste, il savait qu'il y avait tellement à raconter sur cette histoire. Mais pour le moment, il avait juste besoin de quelqu'un à ses côtés, quelqu'un qui le comprenait.

Prenant une profonde respiration, il se recula, regardant le visage de Perrie. « Je vais venir avec toi. Au concert. »

« Harry, chéri, » commença Perrie, l'air inquiet. « T'es sûr que c'est ce que tu veux ? »

Harry hocha de la tête. Il avait pris sa décision. « Je dois le voir de mes propres yeux pour passer à autre chose. »

« D'accord, » murmura doucement Perrie, coiffant ses cheveux avec ses doigts. « Si c'est ce que tu veux. »

« Oui, » répondit fermement Harry.

+++

« Louis, t'es prêt ? »

Louis se retourna, levant son pouce à l'assistante qui venait de lui poser la question. « Ouep, prêt à aller sur scène. »

Zayn apparut à côté de lui, posant une main sur son dos et la laissant là.

« Où est Liam ? »

« Il devrait être là dans une minute, » dit Zayn. « Est-ce que t'as mémorisé la setlist ? »

Louis roula ses yeux. « Bien sûr. »

Les concerts spéciaux étaient sympa, parce qu'ils pouvaient faire des chansons différentes de celles qu'ils avaient prévu pour la tournée. C'était un changement agréable par rapport aux concerts qui étaient devenus une routine, même si chaque concert était différent dans l'atmosphère et l'ambiance.

« J'suis pressé de faire le rappel, » souligna Louis quand Liam les rejoint. « Jouer des nouvelles chansons pour la première fois est toujours sympa. »

« Ils vont l'adorer, » ajouta Liam.

« Ils feraient mieux. »

+++

Harry entendit la musique commencer à travers la lourde porte devant laquelle il se tenait. Il n'était pas encore entré dans la salle, n'avait pas pu se résoudre à le faire. A la place, il était resté dans le hall d'entrée, regardant les adolescentes surexcitées entrer à l'intérieur, bavardant et achetant des articles avec le visage de Louis dessus.

Ça avait rendu Harry malade.

Il pensa au jour où Louis avait quitté Holmes Chapel pour aller à Londres, à comment Harry s'était réveillé ce matin-là. Son cœur avait semblé lourd dans sa poitrine, comme s'il n'y avait plus sa place, voulant sortir.

Harry avait souhaité que ça ait pu être aussi facile – échanger son cœur contre un nouveau. Un qui ne savait pas quelle était l'odeur des cheveux de Louis, ou comment les battements de son cœur s'accéléraient quand Harry l'embrassait, comment il rigolait lorsqu'il se faisait chatouiller et comment il parlait dans son sommeil.

Ce matin-là, Harry avait décidé que, après tout, il ne pouvait pas laisser Louis partir.

Secouant sa tête, Harry prit une profonde inspiration, se trouvant à nouveau dans la même position. Il courait après Louis. Mais cette fois, il était venu en finir correctement avec lui.

Il ouvrit la porte et pénétra à l'intérieur, repérant immédiatement Louis sur scène. Détournant son regard, il chercha son siège, trouva Perrie dans la foule et la rejoignit. Il put la sentir se détendre lorsqu'elle lui lança un regard.

Harry pouvait seulement fixer Louis sur scène, le voyant en personne pour la première en trois ans. Il avait beaucoup changé, il était beaucoup plus musclé, ses cheveux plus longs, son visage beaucoup plus défini. Il portait un jeans et un tee-shirt simple. Le tatouage sur son bras était visible, exposé à la vue de tout le monde.

Harry ne pouvait pas le regarder.

De la musique entraînante résonnait, leurs voix claires et fortes par-dessus les cris du public, et ils firent un spectacle décent, s'amusant de toute évidence sur scène. Le regard de Harry suivit Louis tapant dans la main de Zayn et claquant les fesses de Liam, son énergie déchaînée et le faisant rayonner. Ses sourires étaient lumineux, faisant apparaître des petites rides aux coins de ses yeux.

Avec la foule autour de lui devenant folle, les filles criant bruyamment à tout ce qu'il se passait sur scène, Harry se sentait bizarrement calme. Son cœur battait doucement dans sa poitrine et il resta complètement immobile. Il oublia la musique, tous les bruits se noyèrent dans sa tête.

Il ne s'était pas rendu compte du temps passant jusqu'à ce que le groupe quitte la scène et Harry dut décoller ses yeux de Louis. Quand ils revinrent dix minutes plus tard, Harry n'avait pas bougé d'un millimètre, ses yeux se reposèrent immédiatement sur Louis.

« On a seulement une seule chanson pour le rappel ce soir, » annonça Louis. « C'est une nouvelle chanson, exclusivement pour vous pour la première fois. J'espère que vous l'aimerez. »

Il regarda Liam et Zayn, quand la musique commença, une douce mélodie. Liam commença à chanter, sa voix d'or chaleureuse.

I know it and yet, I'm afraid (Je le sais mais j'ai peur)
and to confirm it you hold me (et pour le confirmer tu me tiens)
you kiss me, you say that you miss me (tu m'embrasses, tu dis que je te manque)
but I can't calm down, oh why tonight? (mais je ne peux pas me calmer, oh pourquoi ce soir ?)


Zayn continua, sa voix remplissant le silence soudain dans la salle.

Where are you now? (Où es-tu à présent ?)
Tell me, what are you doing? (Dis-moi, que fais-tu ?)
Images inside my head, (Des images dans ma tête)
what are you thinking now? (A quoi penses-tu ?)


Harry laissa les mots emplir sa tête, il ferma ses yeux pour bloquer tout le reste.

Tout ce qu'il pouvait voir était Louis.

+++

Il n'y arriverait pas.

Les poumons de Harry lui faisaient mal, comme s'ils étaient transpercés par du verre brisé. Il l'ignora, cependant, courant un tout petit peu plus vite.

Il réussit à entrevoir l'horloge de la gare, et si elle était à l'heure, il lui restait encore une minute. Seulement une minute. Il monta en courant les escaliers menant au quai, en voyant que le train était encore là, il essaya de repérer Louis.

A la place, il aperçut Niall au bout du quai, et Harry fit un autre sprint pour le rejoindre.

« Niall, » souffla-t-il fortement, arrivant près de lui. Niall se retourna, les yeux écarquillés. « Où – »

Une sonnerie retentit dans la gare et le train commença à bouger. Harry releva son regard et ses yeux se posèrent instantanément dans ceux de Louis. Faisant un pas hésitant vers le train, il vit le visage de Louis à travers la vitre.

Harry eut l'impression d'être paralysé, trop choqué par l'image devant lui.

Louis fixa Harry avec des yeux rouges, ses joues tâchées par des traces de larmes. Sa peau était pâle, ses lèvres rouges d'avoir été mordues et il était en train de s'éloigner – tout doucement.

« Lou, » dit Harry alors que le mot resta coincé dans sa gorge, tendant sa main vers la fenêtre. « S'il te plaît. »

Louis mordit sa lèvre, des larmes se formant à nouveau dans ses yeux, puis il se retourna, son dos faisant face à Harry.

Harry s'arrêta dans son élan, baissant sa main avant de la refermer dans un poing. Il observa le train gagner de la vitesse, quittant la gare et emportant Louis loin de lui.

Cette fois, il ne pleura pas, ayant déjà versé toutes les larmes de son corps pendant les jours précédents. A la place, il essaya de respirer malgré les éclats de verre transperçant encore ses poumons, essayant de donner un sens à tout ça.

Il se tint immobile pendant un long moment, regardant au loin et se demandant ce qu'il avait fait pour que Louis lui tourne le dos.

+++

Ouvrant ses yeux, une seule larme s'échappa des yeux de Harry, ses lèvres tremblant un peu. Son regard trouva à nouveau Louis. Il était assis sur les escaliers de la partie supérieure de la scène, les yeux fermés, chantant avec tout son cœur.

Il ressemblait au garçon dont Harry était amoureux toutes ces années auparavant.

But I know I'll stay 'cause next to you is where I belong. (Mais je sais que je resterai parc'que c'est à tes côtés que j'ai ma place)

Les mots creusèrent un trou dans le cœur de Harry.

Let me believe it when you're gone. (Laisse-moi y croire alors que tu n'es pas là)
I guess it's just a helpless night, (Je suppose que c'est juste une nuit sans défense)
a helpless night, a helpless night. (une nuit sans défense, une nuit sans défense)


Ça l'était, pensa Harry, quand Louis le répéta encore et encore sur scène. C'était ce que cette soirée semblait être, sans défense, et ça rendit plus facile le fait de lâcher prise, d'enfin laisser Louis derrière lui de la façon dont il avait laissé Harry trois ans auparavant.

Perrie attrapa sa main, entrelaçant leurs doigts sans un mot, et Harry la serra en retour, fermement.

Louis ouvrit ses yeux et, pendant un moment, Harry pensa qu'il le verrait, mais évidemment que ce ne serait pas le cas. Il n'était pas supposé le voir, de toute façon. A la place, le regard de Louis erra sur la foule lorsqu'il chanta la dernière phrase, puis toutes les lumières s'éteignirent.

Peut-être que Louis avait, également, réussi à aller de l'avant.

My heart melts when you're gone. (Mon cœur fond lorsque tu n'es pas là.)


*

Les paroles utilisaient dans ce chapitre ne sont pas de l'auteur. Dans l'ordre d''apparition, il y a :
Lucky Bones // Magnificent Mistake
Akanishi Jin // The Fifth Season
Crystal Kay // Helpless Night

Empty Skies [Traduction - Larry Stylinson - Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant