Le Clan Swan Tome 1 - Le Pacte de l'Originem

Chapitre 7 : Partie 1

      Le corps de Gabrielle lutta pour monter les escaliers devenus trop raides pour Salenia qui n'avait plus l'habitude d'un corps physique et dons les muscles venaient se défendre contre le contrôle qu'elle y exerçait. Et comme pour accentuer la difficulté, Gabrielle avait retrouvé la maîtrise de son cœur et luttait pour reprendre le contrôle de son corps, complètement paniquée.

       Lorsqu'elles arrivèrent dans la chambre, Sal relâcha les rênes et sortit de la jeune fille qui s'effondra au sol essoufflée.

       Il s'en était fallu de peu pour que la jeune fille ne brise son âme en deux suite à la demande de son cœur qui se sentait trahi par son entourage et qui saignait par tant de souffrance. Même si quelques minutes s'étaient écoulées, Salenia avait eu beaucoup de mal à prendre le contrôle sans faire de dégâts. La difficulté que représentait le maniement d'un corps humain prouvait bien, que ce n'était pas son point fort, de son vivant et cela ne s'était pas amélioré sous sa forme actuelle.

       Néanmoins, elle se félicita intérieurement d'avoir réussi une telle prouesse sans l'aide du grimoire qui était en principe sa source d'énergie. Elle savait qu'elle en subirait de très lourdes conséquences, mais elle s'en moquait car elle venait d'offrir un moment de répit à sa pauvre amie.

       Gabrielle s'était retrouvée à genoux juste derrière la porte de sa chambre lorsque Sal l'avait quitté, comme si un poids énorme s'était levé. Son cœur battait à tout rompre comme un cheval lâché plein fer dans une grande plaine pour fuir l'ennemi. Son sang montait à une vitesse folle jusqu'à son cerveau, lui laissant une sensation bouillonnante. Ses oreilles bourdonnaient comme un million d'abeilles logées dans son canal auditif et ses yeux se mouchetaient de noir renforçant la panique laissée par la désorientation qu'elle subissait.

        Elle ne savait pas où elle se trouvait, ni comment elle s'était retrouvée dans cette position. Seul le contact du sol sous ses mains lui indiquait qu'elle était encore en vie et sûrement en lieu sûr.

        Au bout de quelques minutes, ses sensations désagréables s'atténuèrent et les choses redevinrent normales, hormis sa voix qui tressautait sous les battements de son cœur, resté encore en alerte par l'adrénaline que son corps avait lâchée dans la panique.

           - Qu'est-ce que tu m'as fait ? fit laborieusement la jeune fille fulminant d'une rage alimentée par la terreur qu'elle avait ressentie pendant ce bref instant.

        Gaby se souvenait vaguement de ce qui s'était passé dans le salon. Des morceaux d'images revenaient dans le désordre, lui indiquant qu'une voix qui ne semblait pas être la sienne, non dictée par ses pensées, avait mis un terme à la discussion. Le compte-gouttes des images qui affluaient lui indiqua que finalement elle était sortie victorieuse du procès.

           - Je suis désolée, lui répondit Salenia avec une véritable sincérité qui s'accentuait avec la fatigue, tu commençais à te briser cela se lisait dans tes yeux. Ils étaient devenus ternes... J'avais peur que jamais tu ne redeviennes comme tu es là, une jeune fille pleine d'entrain et innocente.

       Gabrielle détaillait le fantôme de sa chambre, rien n'avait changé depuis la première fois qu'elles s'étaient rencontrées, la même transparence, le même visage, les mêmes vêtements... Pourtant un point avait changé, elle n'avait pas imaginé le danger que représentait l'ex-immortelle jusqu'à cette démonstration de talent. Si sous cette forme spectrale, elle était capable d'une telle chose, sous sa forme vivante, elle devait être véritablement dangereuse.

       Comprenant le remue-méninge auquel s'adonnait la jeune fille, Sal lâcha prise et se laissa glisser comme si elle possédait un corps physique, le long de la porte d'entrée pour se mettre au même niveau que son amie. Elle avait levé la tête pour la reposer contre le bois, les yeux clos et les jambes tendues. Cette position dénotait de son habituelle force d'esprit et affichait une personne bien plus triste.