Chapitre 2 : Partie 2

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      Gabrielle n'arrivait plus à penser, la douleur dans sa joue était insoutenable comme une plaie à vif, la brûlant et la rongeant à chaque mouvement. Son cœur saignait lui aussi d'une blessure à l'âme plus vieille qui venait de se rouvrir, témoignant d'une cicatrisation incomplète que les années auraient dû apaiser.

      Se regardant dans le miroir en pied sur la porte, ce dernier refléta une triste réalité. Elle était assise les genoux serrées contre elle, les mèches de cheveux mouillées par les larmes et sa joue rougie qui commençait à enfler. Au loin, elle voyait bien la trace qui apparaissait sous cinq doigts bien marqués indiquant la jolie manucure de sa maman.

      Son image refléta tant de choses qu'elle se refusait d'admettre, mais cette intense douleur était bien réelle. Soupirant avec lassitude pour empêcher ses larmes de ressurgir, elle envoya un simple message à sa grand-mère « Ok pour moi mamie, j'ai besoin de ton aide ».

      Elle ne se sentait pas la force de reparler de ces évènements. Pour sa grand-mère, elle devait les lui cacher jusqu'au dernier moment pour la protéger de cette réalité.

      Le téléphone sonna quelques secondes plus tard affichant le numéro de cette dernière qu'elle ignora pour répondre par un nouveau texto « Je t'appelle demain, ne t'inquiète pas tout va bien ». Ce coup-ci, il ne sonna pas.

     Elle se força à se lever avec difficulté pour prendre un gant qu'elle mouilla d'eau froide pour le mettre contre sa joue. La douleur baissa un peu en intensité mais restait toujours bien tenace l'obligeant à cligner des yeux pour refréner la nouvelle arrivée de larmes. Elle s'installa dans son lit décidant de ne plus jamais en bouger.

     Surement liées à la douleur et à la fatigue, la jeune Swatson s'assoupit quelques heures jusqu'à ce que la porte d'entrée résonne dans la maison signalant la sortie de l'amant repu comme un loup qui venait de conclure après une longue chasse.

     Quelque peu soulagée du petit brin de sécurité que venait de reprendre la maison, elle se leva pour rincer l'eau du tissu et le remit sur sa joue qui avait désenflé mais dont la douleur persistait.

    Retournant s'asseoir au bureau, elle eut l'idée de noter dans son nouveau livre les pensées qui la tourmentaient. Il serait le témoin de sa douleur, le nouvel exutoire de ses pensées noires et déprimantes qu'elle pourrait écrire. Mettre une trace indélébile de tout ce qui lui était arrivé depuis la mort de son père l'aiderait surement à affronter les éléments tumultueux de sa vie.

     Prenant le vieux grimoire entre ses mains, elle sentit de nouveau cette chaleur inonder son corps comme la première fois qu'elle l'avait pris rappelant des journées heureuses en bonne compagnie. Elle se ravisa supposant qu'un aussi beau livre ne devait pas être souillé par sa rage, sa colère et sa frustration. La haine était un moteur pour certains mais pas pour elle. Gabrielle avait décidé de vivre une vie positive et non noircie par les radiations de sa génitrice.

    Elle devait se battre et ne pas se laisser avoir par ces manipulations outrageantes dont faisait preuve Philippe pour encourager sa mère à irradier sa haine. Non, c'était sûr, elle ne voulait pas devenir comme cela.

    Abandonnant l'idée, elle se leva prendre une douche dans la salle de bains attenante à sa chambre. Elle évita le reflet de sa souffrance dans le miroir, et se prépara au coucher. Mais malgré la sécurité laissée par le départ de cet homme, l'insécurité liée à la femme qui dormait une pièce plus loin l'empêcha de trouver les songes.

    Elle ne reconnaissait plus sa mère depuis quelques mois. Elle avait commencé à l'ignorer et à ne communiquer que par des phrases quelque peu hargneuses par rapport à ses habituels longs silences. A quel moment avait-elle cessé d'être mère ?

Le Clan Swan Tome 1 - Le Pacte de l'OriginemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant