Chapitre 6

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     La salle était prête. Les lustres brillaient de mille feux. Les quelques invités dansaient déjà. Dans un coin un homme regardait ce spectacle d'un œil furtif. Il scrutait chaque personnes une à une. Il cherchait quelqu'un en particulier. Un autre homme vint à sa rencontre.

« -Valéen, mon vielle ami !dit celui-ci en le serrant dans ses bras amicalement.

-Seigneur de la vallée Rosaliane, quatrième du nom..., il ne put finir sa phrase que l'autre le coupa.

-Mon cher ami, cela fait bien longtemps que je ne me fais plus appeler de cette façon. Désormais, je suis le Duc de Rivolsto.

-Duc de Rivolsto vous dites ?! Il est vrai que déjà bien des siècles ont passé, et que nous nous sommes point vu.

-Et oui mon ami les années passent comme les siècles. Mais pour nous qu'est-ce qu'un siècle ?! Une simple année d'un être humain. Vous ne croyez pas ?

-Oui, bien sûr..., répondit-il l'air songeur et perdu.

-Vous semblez perdu dans vos pensées.

-...

-Je vous trouve différent ; plus calme, plus réfléchit et surtout moins diabolique, finit-il par dire avec un rire nerveux.

-Moins diabolique...Vous savez qui je suis ! Commença-t-il à dire. Vous connaissez mes capacités, ce que je peux faire ! dit-il en osant la voix, mécontent. Vous savez tous de moi, tous. En tout cas presque tous...

     L'homme devant lui resta stoïque, déglutinant difficilement. A ça oui, il savait de quoi il était capable. Il lui avait, à plusieurs reprises, montrer l'étendue de ses capacités. Il savait qui il était. Le mal en personne ! Ou en tous cas sa progéniture, le fils du diable lui-même. Mais cet homme, lorsqu'il fut envoyé sur Terre, avait été séduit par la luxure humaine, par ses plaisirs anodins et surtout par elle, cette jeune femme d'une beauté éblouissante, son intelligence hors norme. Il en était tombé fou amoureux. Mais comment se pouvait-il, les fils du diable, serviteurs du mal ne pouvaient ressentir ce genre de chose là, c'était une chose réservé aux humains, un désir qu'il ne pouvait pas ressentir, pourtant...Il avait bien eu lieu dans son fort intérieur ? Et cela, son créateur lui reprochait bien. Pour le punir il lui refusa l'accès aux Enfer et le condamna à rester sur Terre pour l'éternité. Tous son pouvoir, en tant que fils du Diable, qu'il exerçait sur ses terres en enfer lui fut enlever et redistribuer à ses frères. Ou eux, avaient résisté aux plaisirs terrestres. Mais malgré tout il restait un des fils du Diable, avec le mal encré en lui.

     Le bal avait déjà commencé depuis plus de deux heures. Les invités festoyaient, riaient, discutaient, dansaient. Dans ce brouhaha on distinguait le son des violons et du piano accompagné des rires, des cris et des paroles des invités. Dans tout ce bruitage infernal un silence se faisait remarquer dans le coin où les deux hommes avaient, il y a une demi-heure, parlé mais qui, désormais, ne prononçaient plus aucunes paroles. Parmi les invités, on distinguait des vampires, des démons sous des apparences humaines et même des anges déchus. Tout ce beau monde s'amusait ensemble sans vraiment voir leurs différences.

     L'homme commençait à s'impatienter, Evange n'arrivait toujours pas. Il décida d'aller la chercher dans ses appartements. Au bout de quelques minutes il fut devant sa porte, droit, ferme. Il leva la main pour la porter vers cette porte en bois. Après deux-trois coups sens réponse, il entra précipitamment. La pièce était plongée dans un silence de mort. Il fut pris d'une colère infernale qui le redit jusqu'aux dents. Il sortit de la chambre comme une tornade, en fracassant sur son passage la porte sur le mur, mais par chance celle-ci était bien robuste.

     Dans un coin de la bibliothèque se trouvait la jeune femme, assise sur un fauteuil en velours vert, un livre à la main. C'était sa pièce préféré. Ici, elle pouvait se sentir libre, libre de rêver, de s'évader, de partir dans un monde qu'elle seule connaissait et qu'elle a créé de toute pièce. Elle se sentait bien ici, enfouit dans ses rêveries. C'était la seul chose qu'elle avait pour elle, sens qu'il puisse intervenir. En tout cas c'est ce qu'elle pensait. Car, dans un bruit sourd, la grande porte s'ouvrir, laissant apercevoir un homme fou de colère. Mais pas n'apporte quel homme, lui, Valéen, troisième fils du mal incarné, le Diable.

     Calme, impassible, tranquille. La jeune femme se leva de son fauteuil, sans un bruit. Elle allait passer le seuil de la porte quand, sous d'un, l'homme lui barra le chemin de son bras long et fort. Elle fut aussitôt stoppée et même intrigué par un tel mouvement de violence et de colère. L'homme la fusilla du regard. Mais celle-ci resta de marbre.

« -Vous me barrez le chemin ! dit-elle en se faisant plus grande.

-C'est fait pour ! Cracha-t-il entre ses dents, le regard toujours aussi sombre.

     Elle ne l'avait pas vu dans cet état depuis fort longtemps. Quelque chose devait se passe en lui, mais quoi ?

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