Winter [Summer 2]

4 • Billy

Alex

- Bon, j'ai loué une camionnette, on va pouvoir commencer à charger une première partie de ce qu'on ne garde pas.

Je m'en foutais. Pas mal, même. Tant que je rentrais au plus vite, elle pouvait faire ce qu'elle voulait. La dernière chose que je voulais, c'était croiser Michael.

- Tu as déjà emballé quelques trucs ?

- Hm...

Dès qu'elle eut fini de manger, elle alla au centre-ville pour récupérer la fameuse camionnette qu'elle avait joyeusement surnommée « Billy ». Ma mère était folle au point de donner des noms aux objets, même à ceux qui ne lui appartenaient pas, et j'étais coincée avec elle pendant encore un bon moment...

J'avais soufflé, secoué la tête, puis étais allée chercher les premiers cartons pour commencer à les charger. Autant l'ignorer. Sans parler du fait que sa camionnette faisait peine à voir. Billy avait une grande partie de sa peinture écaillée, et son autocollant « Louez-moi ! » était à moitié déchiré. Pauvre Billy.

La neige tombait en énormes flocons. Quand j'étais petite, dès qu'il y avait un peu de neige, je me précipitai sur les endroits où elle n'avait pas encore totalement fondu. J'aimais juste pouvoir entendre le craquement que ça produisait, même si j'avais bien souvent les pieds trempés quand je rentrais chez moi. À Gary, il neigeait bien plus qu'à Bloomington. C'était comme quand j'étais petite, mais en mieux.

M'oubliant un peu, je me servis de la pointe de mon pied pour dessiner dans la neige, les bras encore occupés par un carton un peu plus léger que les autres.

Quand la porte des voisins s'ouvrit sur des rires.

- Demain à quatre heures chez moi, okay ? T'oublies pas, Mike !

Une fille souriante sortit en première, se retournant vers son interlocuteur.

C'est qui cette blondasse ?! Elle se croit dans une comédie musicale à crier sa bonne humeur comme si elle était seule au monde ?!

C'était derrière ce genre de pensées que je cachais mon cœur serré. C'était à Michael, à qui elle parlait...

Je faillis lâcher le carton quand je le vis la tirer vers lui pour l'embrasser.

C'était le même. Ses cheveux avaient poussé ; de là où j'étais, c'était la seule chose remarquable. Michael n'avait pas changé. Sauf de petite amie.

Je repris rapidement mes esprits et fis semblant de rien, retournant à mes occupations.

Peut-être devrais-je mentionner les larmes que j'avais aux yeux en calant le carton dans le coffre de Billy (mon dieu, son nom me semblait encore plus stupide à cet instant précis), mais je préférai garder la tête haute. Après deux ans, il était normal qu'il soit passé à autre chose... Elle semblait mille fois mieux que moi, en plus...

Qu'est-ce que je m'étais imaginée ? Que l'on vivait dans un roman ou dans un film ? Que notre romance durerait pour toujours ? Bien sûr que ses lèvres en embrasseront d'autres, bien sûr que ses mains passeront dans d'autres cheveux, évidemment qu'il sera heureux avec une autre personne. Et pourtant pendant longtemps je l'avais espéré.

Lorsque je me retournai, mes yeux tombèrent inévitablement sur le perron d'à côté. Il était encore là, et je baissai automatiquement la tête lorsque nos regards se croisèrent. Sa nouvelle petite amie quitta Jackson Street en même temps que je m'empressai d'aller chercher un autre carton.

Je manquai de glisser sur la neige en m'apercevant que Michael en avait profité pour traverser la limite non existante entre nos deux propriétés pour venir observer mon dessin improvisé. Sans lui prêter attention, je continuai mon chemin le souffle coupé jusqu'à Billy envers qui je commençais à trouver un certain soutien. Cachée derrière les portières de son coffre, je reprenais mon souffle.

Toujours sans lui adresser la moindre attention, je retournai chercher quelques cartons en remarquant malgré moi (bon okay, peut-être que j'ai voulu regarder) que Michael modifiait mon dessin de la même manière que je l'avais fait.

De nouveau, j'attrapai un carton et allai me cacher derrière Billy.

- Bonjour, Alex.

Mon souffle se coupa à nouveau un court instant lorsqu'il m'interpela finalement.

- Bonjour, Michael... bredouillai-je.

J'étais complètement immobile.

- Tu comptes m'ignorer longtemps ?

Qu'est-ce qu'il voulait que je lui dise ?

- Je t'ignore pas...

- Alex, tu ne me regardes même pas. Ne me fais pas croire que tu ne m'ignores pas.

- Je ne veux pas t'embêter, c'est tout, dis-je timidement.

Je faisais semblant de caler les cartons. Quitte à rester à l'abri de Billy, autant ne pas passer pour une cruche à ne rien faire.

Enfin, c'était avant que Michael finisse par venir me rejoindre dans ma "cachette".

- On va vraiment faire comme si on se connaissait pas ?

Maintenant que j'étais de plus près, je pouvais voir ses traits mûris. Ses yeux bruns me dévisageaient sérieusement pendant que je virai au cramoisi.

- Ça serait mieux pour tout le monde, non ? haussai-je les épaules.

- Non.

Je me mordais nerveusement l'intérieur de la joue. Il aurait pas préféré m'ignorer ? Tout ce que je voulais à cet instant, c'était être seule.

- Si tu n'avais pas l'intention de revenir, tu aurais pu être plus claire.

Mon cœur avait bondi dans ma poitrine et ma tête avait explosé.

- Tu n'as aucune idée de la raison pour laquelle je ne suis pas revenue, tentai-je de rester calme les dents serrées. Quand on ne sait pas, on la ferme.

J'avais refermé violemment les portières du coffre de Billy. Michael avait sursauté puis reculé d'un pas lorsque je m'étais retourné vers lui.

- Et pour information, je voulais vraiment revenir. Je n'ai juste pas eu le choix.

- Maintenant tu es là, non ? me défia-t-il du regard les bras croisés.

Nos prunelles se fixèrent un long moment avant que je décide d'ignorer sa remarque pour le contourner. Enfin, c'était sans compter son entêtement.

- Alex, je veux juste comprendre, me stoppa-t-il en m'attrapant le bras.

- Ma grand-mère est morte, Michael, craquai-je. Je voulais revenir pour passer un bon moment avec vous deux, pas pour l'enterrer.

Mes yeux s'embuaient. Merde merde merde...

- De toute manière on n'est plus ensemble, c'est pas grave... ajoutai-je en le forçant à me lâcher pour essuyer mes larmes.

•

Pas super comme retrouvailles... 😅Plus Michael ou plus Alex ? 🤔

Pauvre Billy, il a rien demandé à personne...

Merci une énième fois pour tous ces gentils retours ! J'essaye de faire de mon mieux et vos messages m'encouragent à ne rien lâcher, merci !

À bientôt 👋