41. La fanfare dans le couloir des techno

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C'est toujours quand on s'y attend le moins que les choses arrivent. En tout cas, c'est ainsi que ça se passe avec moi.

En rentrant à la ferme, lundi soir, mon père m'a appris que ma génitrice avait téléphoné dans la journée et avait proposé que je vienne passer les vacances de Pâques à Paris. Si autrefois, j'aurais été aux anges, là, je n'ai pas sauté de joie. Au contraire. J'avais enfin fini par faire le deuil de la mère que je n'avais plus depuis mon enfance, et voilà qu'elle se signale à nouveau.

Autant dire que ma réponse n'a pas été positive. Mon père a essayé de savoir la raison de mon refus. Je crois qu'il avait peur de m'influencer, mais il se trompe. Cela aurait pu être Angelina, Émile ou bien ma génitrice elle-même qui m'aurait proposé ce séjour que j'aurais dit non tout de même. Elle peut bien aller se faire voir, elle et son mec avocat super riche !

Après ma mini-séance de rébellion, je suis montée dans ma chambre et je me suis laissée tomber sur mon lit. Je mentirais si je disais que cette annonce ne m'a pas perturbée. On aura beau dire, tirer un trait sur un membre de sa famille, même si celui-ci est mauvais, ce n'est pas facile. Ça chamboule. Ça prend aux tripes et on finit, dans des moments de faiblesse, par se demander si on a bien fait. Parfois même, je me dis que je suis peut-être celle qui débloque. Et si c'était moi qui étais en tort ? Je sais que je m'embrouille inutilement. Mais c'est plus fort que moi.

Bref, le mardi est arrivé, et comme le jour précédent, Mélissa a été partagée entre Léo et Maxime. Elle n'a pas arrêté de se creuser les méninges, même si elle a voulu faire croire qu'elle s'en foutait. Moi, j'ai été agacée de la voir tourner en rond et j'ai fini par le lui dire. Nous nous sommes légèrement engueulées, avant de nous réconcilier en nous rappelant qu'aucun mec ne nous séparera jamais.

Puis durant mon heure de permanence, alors que j'étais avec ma meilleure amie et que j'écoutais ma musique, Jocelyn est arrivé dans la salle, suivi de près par Théo. C'était tellement rare qu'il vienne ici que j'ai dû rester plusieurs secondes la bouche grande ouverte.

Évidemment, j'ai retiré mon casque lorsque j'ai vu qu'il venait s'installer à la table à côté de la mienne. Dans un sourire adorable, il m'a appris que le CDI était exceptionnellement fermé. Son ami, cheveux longs, s'est mis en mode asocial puisqu'il s'est tourné vers sa musique, les bras croisés sur son torse, les yeux fermés, comme s'il avait envie de partir pour un voyage astral ou je ne sais quoi. « Chelou » est l'adjectif qui m'est venu en premier à l'esprit à ce moment-là.

Au bout d'une petite minute de silence gênant, Jocelyn et moi avons commencé à discuter. De l'allemand premièrement (je crois qu'il espérait pouvoir me raisonner vis-à-vis de cette langue, mais il a fini par comprendre que c'était mort). De la soirée de vendredi et surtout des choix de chanson que je n'ai pas aimés (contrairement à lui). Puis est arrivé le moment où il m'a redemandé qui était « le chieur ». C'est ainsi que je me suis rappelé que j'avais laissé le sweat de ce dernier dans ma chambre et que je n'avais même pas cherché à savoir s'il était à nouveau en cours aujourd'hui.

Vite oubliées mes soi-disant résolutions de lèche-cul qui fait attention à ses camarades de cours...

Enfin bon, vous vous doutez bien que j'ai détourné la question. Sourire de chaton, en parfait camarade de classe compréhensible, n'a pas relevé. Ensuite, nous sommes partis sur plusieurs sujets, dont celui de la danse. Tout ça, à cause de sa réflexion concernant la ronde qu'il m'a vu faire avec Gontran (j'ai bien remarqué d'ailleurs comment il a sourit en me parlant de lui. Non mais je vous jure, même lui a décidé de se monter contre moi ou quoi ?). Je lui ai dit que ça avait été ridicule. Il m'a répondu que l'importance était de s'amuser et que le regard des autres, on devait s'en foutre.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant