63. Besoin d'un câlin

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Dans la vie, nous passons tous, au moins une fois, par un moment de doute, de déception ou de défaite. C'est inévitable. Certains diront que c'est une étape qui peut aider à notre construction. D'autres au contraire, diront que c'est le prélude de notre chute.

Pour ma part, je n'ai pas vraiment d'avis là-dessus. Je crois juste que c'est propre à chacun et à chaque situation.

Mais en tout cas, de ce que je peux observer ce matin pour papa, je dirais que c'est plus le prélude de la fin qu'une aide à sa construction personnelle.

Après le départ d'Angelina, puis d'Émile, la maison à été si calme que l'on aurait pu croire qu'il n'y avait plus personne. Seul Kyle, au beau milieu de la nuit, s'est manifesté en hurlant puis pleurant. Mon demi-frère était malade. Durant quelques secondes, ses pleurs m'ont fendu le cœur. Puis la haine que j'éprouve pour Virginie m'a rattrapée et bien que je sache que ce n'est pas cool de tout mélanger de la sorte, je me suis dit que c'était bien fait pour lui.

Je crois que j'ai encore du mal à faire la séparation entre ma génitrice et lui...

Pour en revenir au soir, vers le coup des vingt-et-une heures, j'ai téléphoné à Mélissa et me suis confiée à propos de la situation cette fois-ci (quand elle a appris que je ne me sentais pas bien la fois où elle m'a parlé de son spectacle et de Léo, elle s'est trouvée mal...). J'ai pleuré. Comme un peu tout le monde dans la maison, sauf le monstre. Après quelques instants, Mel m'a conseillé de laisser faire le temps et de prendre soin de mon père.

Alors aussitôt mon appel fini, j'ai quitté la chambre et suis allée toquer à la porte de papa. Quand il m'a ouvert, ses yeux rougis m'ont, une fois de plus, fait comprendre qu'il avait pleuré. C'est donc dans un faible sourire, que je lui ai proposé de dormir avec lui. Mais il a refusé.

Je crois que j'aurais du dire que je n'arrivais pas à trouver mon sommeil. Ça serait mieux passé si j'avais fait comprendre que c'était moi qu'il fallait consoler et non pas lui comme j'ai laissé sous-entendre. Ça n'aurait été qu'un demi-mensonge et surtout, mon père aurait peut-être accepté ma présence pour la nuit.

Bref...

Désormais, nous sommes mardi. Je suis actuellement assise à table dans la cuisine et prends mon petit-déjeuner. Les yeux rivés sur papa, je viens de renverser une bonne partie du contenu de mon bol avec ma tranche de pain.

J'ai l'impression que je dois le surveiller comme du lait sur le feu. Il n'est pas très bavard, je ne sais donc pas trop comment il va, mais j'ai peur qu'il fasse une bêtise.

— Bonjour... Bon appétit !

La voix de la fautrice de troubles interrompt mon observation intensive. À côté d'elle, Kyle se gratte un œil, sa petite main dans celle dans ma génitrice. Il a une petite mine. Pire encore que la veille.

Ni papa, ni moi ne lui répondons. Quand on arrive en Enfer, on ne tape pas la bise à Lucifer, non ? Et bien voilà, là c'est pareil ! Qu'elle aille parler au mur si elle veut. Moi j'ai décidé de faire comme si elle n'existait pas.

— Je crois qu'il est préférable que je parte.

Cette fois-ci, je lui accorde un regard. Ce n'est que maintenant qu'elle songe à se casser celle-là ? C'était avant qu'Angelina et Émile ne partent qu'il fallait nous foutre la paix !

— J'ai pris contact avec particulier qui loue une chambre et je...

— On s'en fout de ta life ! la coupé-je. Dégage, ça nous fera des vacances !

— Madeleine, me gronde mon père.

Ah parce que c'est elle qui met la zizanie dans notre famille, mais c'est moi que l'on engueule ? Nous n'avons plus le droit de dire la vérité ? Nous sommes devenus des faux-culs ou quoi ?

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant