44. Sortie en ville

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Quand j'étais petite j'ai, comme beaucoup de gamines, pensé que ma vie serait parfaite. Seulement contrairement aux autres, je ne m'imaginais pas aux côtés d'un beau prince descendu de sur son cheval blanc. Non, moi, je me voyais être une star. Cheveux longs dans le vent, robe glamour mettant en avant mes courbes de femme, je pensais que je deviendrais la future star du musical.

Puis la réalité m'a rattrapée et j'ai compris que les seuls instants où je serais éblouie par les projecteurs, ce serait durant mes rêves. Ballot, mais triste vérité.

Je sais qu'il n'est pas trop tard pour essayer d'approcher les étoiles. Je n'ai que quinze ans après tout. J'ai toute la vie devant moi... Cependant, à un moment donné, il faut être réaliste. Quand on n'a pas pris de cours de chant et que l'on n'a pas touché à un piano depuis des lustres, c'est plutôt difficile de faire le poids face aux prodiges de la musique et du théâtre.

L'autre solution qui peut peut-être s'offrir à moi, c'est le cinéma (même si là encore, j'arriverais tardivement sur le marché contrairement aux gosses de cinq qui ont déjà tourné dans une dizaine de films). Je pourrais peut-être devenir comédienne... J'ai plutôt de bonnes bases en théâtre.

Ouais, c'est décidé, il va falloir que je parle à mon père si je peux m'inscrire dans une agence d'artistes. Ça serait cool si je pouvais tourner dans un film ou une série française. Je ne demande pas l'impossible. Même un court-métrage à petit budget me conviendrait. Question de faire mes débuts et découvrir l'univers du cinéma. Aurais-je dû prendre l'option audiovisuel au lieu du théâtre ? Non non....

— Alors, toujours en guerre avec ton amie ?

La question de Gontran me ramène à l'instant présent. Nous sommes vendredi. Cela fait trois jours que Mélissa m'ignore, mais aussi trois jours que je déjeune avec le chieur. Je crois que nous sommes sur la bonne voie pour l'entente. C'est cool en fait.

Plus le temps passe et plus je me rends compte que je commence à m'ouvrir avec les gens. Angelina, Sacha, Jocelyn, Théo, et maintenant Gontran... Ne reste plus que je me réconcilie avec ma best et ma vie sera parfaite. Du moins, aussi parfaite qu'elle peut l'être actuellement.

— Je suppose que oui, puisque tu manges avec moi, continue-t-il en haussant les épaules.

Il est en mode déprime ou bien ?

— N'importe quoi, soupiré-je en lui piquant son pain, tu dis ça comme si t'étais mon bouche-trou.

Le silence et le regard qu'il m'offrent achèvent de me donner l'impression d'être une personne affreuse.

— Arrête un peu, râlé-je en soupirant, nous sommes amis désormais. Et je ne me sers pas de mes amis !

Ça, c'est bien vrai. Autrefois, j'aurais pu l'utiliser, mais entre mercredi et jeudi midis, j'ai beaucoup discuté avec lui (sans me buter j'entends là), et il s'avère qu'il est cool. Pas comme Jocelyn, car sourire de chaton, c'est sourire de chaton quoi (il s'est assis à côté de moi pour deux-trois cours. C'est Théo qui m'a fait la gueule pour le coup...), mais ça va. Il est différent du Gontan truc muche que je m'étais créé dans ma tête.

— Donc nous sommes vraiment amis ?

— Évidemment, imbécile ! me moqué-je en secouant la tête.

— O.K.

— Ouah, eh bien ! Cache ta joie surtout.

— Non mais c'est juste que c'est difficile de te suivre parfois, se défend-il.

Bon, c'est vrai qu'il n'est pas le premier à le dire...

— Tu finis à quelle heure cet aprème ? continue-t-il soudainement comme si de rien n'était.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant