Mon Héritage (EN PAUSE)

19 mai 2020

Je viens tout juste de passer la barre des 500 000 abonnés, il y a à peine une semaine, un cap, pour sûr. J'ai beaucoup de mal à réaliser ce qu'il m'arrive, mais c'est bien réel. Mais pour être honnête, ce n'est pas ce qui me préoccupe le plus en cet instant même. Je suis avec ma meilleure amie, c'est la seule personne qui me reste vraiment depuis que j'ai commencé à avoir des abonnés. La seule qui ait toujours cru en moi, la seule qui ne soit pas là que pour mon fric ou qui ne me juge pas à chaque respiration que je fais. J'ai perdu tous mes amis, parallèlement au fait que mes abonnés augmentaient. Je pensais au départ que tout cela n'était qu'un mythe, mais non. Il me reste aussi mon copain, bien que ça devienne de moins en moins facile à gérer. Nos deux mondes semblent trop distincts, trop différents, que pour cohabiter dans une relation saine. Mais je m'accroche, parce que je l'aime.

Aujourd'hui, je pars faire un vlog un peu particulier, puisque je vais à un concert. Cela fait en petit temps que nous en avions parlé avec ma meilleure amie, rencontrer nos idoles respectifs, se faire découvrir nos mondes, eux aussi bien distincts. Elle est fan de metal, moi, de rap. Pourtant, cela ne nous empêche pas d'aller voir nos deux idoles avec une excitation exceptionnelle. Grâce à l'argent et la notoriété que je gagne avec mes vidéos, j'ai pu obtenir des pass VIP assez aisément pour le concert de ce soir.

Il fut un temps, où nous nous serions plantées devant la salle dès 8h pour être absolument au premier rang, mais aujourd'hui, tout est si différent. Rencontrer d'autres YouTubeurs, les gens qui autrefois étaient mes idoles, sont devenus des collègues. C'était un boulot au quotidien, filmer tout et n'importe quoi, trouver de l'inspiration, toujours de l'inspiration, se prendre des claques, parfois des grosses claquent dans la gueule et puis au final, être satisfait. Parce que pour arriver là, quel chemin avait-on parcouru.

Nous suivons les pancartes VIP qui nous mènent jusqu'au parking. Nous arrivons devant les agents de sécurité à l'heure du rendez-vous convenue, nous présentons tickets et pièces d'identité. Les deux hommes nous font signent de les suivre et nous nous exécutons. Tout se passe dans un grand calme. Nous entrons dans le bâtiment. Un silence d'église règne. Il n'y a encore personne à part le personnel. Nous suivons les deux agents dans tout le bâtiment, c'est un véritable labyrinthe. Nous nous arrêtons devant ce qui semble être le couloir des loges des artistes. Actuellement, mon cœur bat à mille à l'heure. Comme d'habitude, je ne me rends pas entièrement compte de ce qu'il est en train de m'arriver. C'est comme si une partie de ma conscience est ailleurs. Ils frappent alors à la porte affichant « POST MALONE » en grosses lettres noires. La porte s'ouvre et c'est comme si rien de la fan qui est en moi n'existait plus, je suis ici comme Blazelette, plus comme Emily. Je ne suis plus rien de la fille que je suis, je ne suis plus qu'une YouTubeuse qui pense à son taff, sans profiter de l'immense chose qu'elle est en train de vivre.

- Emily et Madison pour la chaîne YouTube Blazelette, annonce l'un des deux hommes en noir.

L'homme derrière la porte sourit. Sourire ravissant, je dois dire. Il porte une chemise blanche ouverte sur le dessus, un pantalon noir et des crocs... Oui, des crocs, mais cela ne m'étonne point, il est ainsi. Il nous accueille comme il se doit, s'assied sur le sofa au fond de la pièce.

- Je dois avouer être une grande fan Austin, vraiment, avoué-je.

Il rit et avec ma meilleure amie, nous prenons place à ses côtés. C'est un homme charmant, vraiment chaleureux et drôle. Nous discutons un peu de tout en se filmant pour ma prochaine vidéo. On parle de bière, de célébrité, de tatouage, de tout et de rien. Être en face d'Austin Post ? Cela ne m'impressionne plus autant que ce que je pensais, bien que l'instant soit très agréable. Nous passons sans doute une bonne heure à l'interviewer et à rire. On boit quelques bières, faisons des concours d'afond, on lui fait découvrir nos bières locales et typiquement belges. Il finit par nous raccompagner jusqu'à la porte deux heures avant le show afin que nous puissions manger et nous installer afin d'assister aux premières parties. Il est sur le point de fermer la porte, quand, dans l'entrebâillement, il me lance un sourire et dit :

- Trêves de plaisanterie, Blaze, vous êtes une femme non seulement ravissante, mais d'autant plus charmante.

Mad est déjà loin dans le couloir lorsqu'il me glisse ces quelques mots. Il doit sans doute dire cela à beaucoup de journalistes qu'il croise au cours de ses tournées. Je souris, gênée.

- Merci Austin... Merci.

Nouveau sourire, je me retourne en même temps qu'il ferme la porte et nous nous quittons sur ces mots. Je marche d'un pas rapide pour rejoindre mon amie, qui se tourne vers moi.

- Bon, tu caches quoi là, t'es rose comme c'est pas permis, me lâche-t-elle tout en continuant de regarder droit devant elle.

- Rien rien ! m'exclamé-je.

- Bon allez, ça fait quoi de rencontrer son idole ?

Honnêtement, c'est jouissif, et en même temps, cela me parait naturel, comme dans l'ordre des choses. Mad, elle, a déjà rencontré son idole, plusieurs fois même. Elle est même déjà montée sur scène. Il faut dire que Mad est très grande, c'est le genre de fille à aller au bout de ses idées, peu importe les concessions qu'elle doit faire. Elle est belle, se remarque. Elle est, disons, unique en son genre. Et pour être honnête, ma vie ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui sans elle.

- Ça fait... Je sais pas, c'est comme un pote j'ai l'impression.

- Oh Blazy, arrête de faire la meuf trop célèbre, plaisante-elle.

On rigole, tout en essayant de retrouver notre chemin. Nous y parvenons finalement après de longues minutes. Quelques fans me demandent pour faire des selfies et comme d'habitude, j'accepte avec grand plaisir. J'aime cette proximité que ma carrière m'offre avec mes fans. Beaucoup semblent mieux me connaître que moi-même. C'est si étrange de ce dire qu'autant de personnes dont vous ne connaissez même pas l'existence puissent vous connaître aussi bien. Si cela m'effrayait ? Absolument pas, au contraire, je ne m'étais jamais sentie aussi comprise que depuis que j'exerçais ce métier.

Nous nous trouvons dans la fosse, assez devant, comme deux groupies. Au milieu de la foule, les gens ne me reconnaissent pas, ils n'ont d'yeux que pour Post. C'est étrange et en même temps, cela me manquait d'être une inconnue parmi les autres, enfin, parfois. Nous sommes serrés comme des sardines, mais je me sens incroyablement bien. Le concert se passe comme n'importe quel concert.

J'avoue être déjà complètement euphorique a cause de l'alcool. Nous passons la nuit sur place, l'hôtel que j'ai réservé de trouvé juste à côté. Pas très cher, mais il y a un lit, c'est tout ce qui compte. Cela nous permet de profiter de notre soirée et de boire sans compte. La soirée se passe, les heures coulent, comme l'alcool qui s'accumule dans nos veines. Quand soudain, deux agents de sécurité nous attrapent.

- Veuillez nous suivre mesdemoiselles, entends-je dans mon oreille.

J'avoue que sur le moment même, mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps. Je suis presque prête à pleurer. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils nous veulent. Peut-être qu'ils vont nous mettre dehors car nous sommes trop alcoolisées. Honnêtement, c'est la seule option qui s'affiche dans mon cerveau à ce moment même. Mes jambes tremblent. Je ne marche déjà plus très droit, quelle honte. Nous nous laissons faire, sans broncher. Nous n'avons pas réellement d'autres choix. Je ne souris plus, ni ne rigole plus, plus du tout d'ailleurs. J'essaye d'aligner mes pas, mais avec les deux lourds collés à nos basques, j'ai un peu du mal. Puis soudain, j'entends :

- On vous les a trouvé Monsieur Post, Blaze et son amie.

Je me retourne vers la personne à qui ils parlent et lui souris, vous savez, ce sourire qui trahi complètement votre état d'ébriété, oui, ce sourire-là. Il nous sourit aussi, les deux hommes partent en nous laissant être ses mains.

- Je me suis dit, que ça serait sympa de boire tous ensemble, nous lance-t-il

Je ne peux bien évidement qu'acquiescer à cette proposition. Nous entrons dans une pièce où se trouvent d'autres artistes, les photographes, toute l'équipe. Nous nous asseyons, totalement ivres.

J'ai beaucoup de mal à me souvenirs du reste. Je me souviens avoir vomi dans les toilettes et puis avoir été raccompagnée jusqu'à l'hôtel par des agents, avec Mad. Mais c'est à peu près tout.

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Hello les amis, vous avez été quand même pas mal à apprécier cette première partie, ça m'a fait extrêmement plaisir !
Comme j'avance bien, j'ai décidé de vous en poster une deuxième, mais sinon, je garde le rythme de poser une fois par semaine le samedi (sauf quand j'avance bien et que vous êtes gentils du coup ^^)