12. Douleur lascinante

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Je conduis jusqu'à chez Damien, complètement épuisée. Je crois que j'ai même failli percuter un piéton tant mes paupières se fermaient toutes seules ! Me dirigeant vers l'appartement de mon frère, je passe devant mon chez moi et un puissant sentiment de nostalgie et de tristesse s'empare de moi. Mon coeur se serre douloureusement et des frissons déagréables parcourent mon corps.

(Bon... Ne te laisse pas envahir par la panique, Lucy. Calme...)

Tout en gardant les yeux sur la route, j'aventure ma main à l'aveugle, tentant d'attraper un paquet de gomme. Après plusieurs secondes, je brandis fièrement le paquet et enfourne un chewing-gum dans ma bouche puis mâche, mâche, la saveur de menthe se dispersant sur ma langue.

Enfin arrivée, je coupe le contact et saisis mon sac avant de sortir de ma voiture. Je marche jusqu'à l'entrée, les jambes qui flagèllent légèrement. Je prends quand même la peine de sonner, étant donné qu'il est presque minuit.

À peine quelques secondes se sont écoulées que Damien m'a ouvert la porte, la mine fatiguée. Ses yeux expriment la surprise lorsqu'il me voit. C'est vrai que je n'ai pas le meilleur accoutrement...

Portant un short en jean et un crop top noir, la veste que j'ai enfilé plus tôt dans la journée est détachée jusqu'au milieu, laissant le haut du vêtement descendre sur mes épaules et mes fidèles baskets. Mes cheveux en pagaille et mes yeux bouffis de panda doivent faire peur...

- Lucy ?

- Je suis désolée de débarquer à l'improviste et aussi tard mais j'ai nul part où aller et...

Damien me coupe soudainement, m'empêchant de terminer ma phrase.

- Laisse. Aller, entre. J'suis pas pour te laisser dehors.

Je souris tristement, pénétrant dans son appartement. Je retire mes souliers et m'assois sur son canapé, observant les dossiers qui trônent sur la table basse. Mon frère revient rapidement avec un verre d'eau qu'il me tend, avant de me demander :

- Bon, explique-moi qu'est-ce qui fait que tu t'es pointée à minuit chez nous.

Je bois une gorgée d'eau fraîche et commence.

- Je... J'y arrive pas, Damien... Le décès de mamie... Je peux pas. Je me suis chicanée avec James, on s'est engueulés sévère et je suis épuisée, exténuée...

Damien fronce les sourcils et me colle contre lui. Je me laisse aller pour la énième fois depuis la mort de ma grand-mère, et fonds en larmes. La main de Damien caresse doucement ma tête afin de ramener le calme en moi, ce qui marche moyennement bien.

- Frangine... Je... C'est dur pour tout le monde, ok ? Mamie nous manque à tous et j'pense à elle tous les jours. Je comprends que c'est plus dur pour toi, étant donné que vous étiez pas mal proches mais faut pas qu'tu te laisse tomber... J'sais pas c'est quoi le motif de votre chicane avec ton pilote mais faut que tu te reprennes. Reste ici, pour l'instant. La nuit porte conseil et tout iras mieux demain.

Je hoche la tête, sentant mes paupières devenir de plus en plus lourdes. Bercée par les battements de mon coeur qui ralentissent doucement, je finis par sombrer dans un sommeil parsemé de cauchemars tous plus effrayants les uns que les autres...

• • •

Le réveil a été rude. Cernes jusqu'aux pieds et mine fatiguée, je ne me sens pas prête à affronter la journée qui s'annonce particulièrement difficile. Je me suis réveillée contre Damien. Nous nous sommes probablement endormis...

J'ai rapidement mangé avec mon frère et me suis installée sur le canapé alors que Damien est parti, étant donné qu'il travaille aujourd'hui. Pour ma part, mon frangin a secrètement appelé mon boss et s'est arrangé pour me donner congé, ce qui fait que j'ai ma journée au complet.

(Mon petit frangin a jugé que niveau psychologique, je suis à saturation...)

Par contre, les évènements de la veille et les paroles de mon frère m'ont fait réaliser une chose : Il faut que je me reprenne en main, que j'aille de l'avant. Si ma mamie était encore là, elle me dirait qu'est-ce que je fais encore là, à m'apitoyer sur mon sort. Elle me dirait que, si un obstacle a été mis sur mon chemin, c'est parce que je suis capable de le surmonter...

Et elle aurait totalement raison...

• • •

Plus tard, en fin d'après-midi, je prends enfin mon courage à deux mains et sors de la maison de mon frère. Je prends une grande inspiration puis expire avant de grimper dans ma voiture, direction mon appartement. Si je veux avancer et faire mon deuil, je dois commencer par la base. Je dois absolument retourner dans mon appartement, chez moi.

J'arrive beaucoup trop rapidement à mon goût et me hisse hors de l'habitacle. Le vent frais du soir fouette mon visage et je marche jusqu'à mon immeuble. Je suis soudainement prise d'une envie de rebrousser chemin et de partir loin mais je combats cette envie, voulant à tous pris réussir.

Je grimpe les escaliers et arrive finalement devant mon appartement. Je pose ma main sur la poignée de porte, inspire un grand coup puis tente d'ouvrir la porte mais elle ne s'ouvre pas.

(Ah oui... Faut peut-être que je débarre la porte d'entrée pour pouvoir entrer ?)

Je soupire, complètement épuisée par ma façon d'agir et de penser, ces temps-ci. J'insère la clé de mon appartement dans la serrure et déverrouillé la porte, pour ensuite entrer. Au moment même où je pose un pied dans l'enceinte de mon chez moi, des flashbacks de moi et ma grand-mère, riant aux éclats me reviennent en tête. Au fur et à mesure de mes pas, un sanglot monte au fond de ma gorge. Je tente de le réprimer, de ne pas pleurer, mais c'est peine perdue.

Seulement, aujourd'hui, je n'ai pas la force de continuer. Je suis complètement épuisée. Je me laisse tomber à genoux, les larmes dévalant sur mes joues. Ma bouche s'ouvre sur un cri silencieux et ma main se précipite dans mes cheveux que je tire. Des spasmes secouent mon corps, mes sanglots silencieux mouillent abondamment mon visage, la douleur qui habite ma tête et ma poitrine depuis sa mort est maintenant insupportable.

Je hoquet, mon souffle saccadé m'empêchant de respirer. J'ai de plus en plus de mal à reprendre ma respiration. Bientôt, j'ai l'impression que les murs bougent. Tout tourne autour de moi, les objets comme les meubles. Je me sens oppressée, comme si on m'avait enfermée dans une minuscule pièce sans issues. La panique monte comme une flèche en moi et je joins mes mains ensemble sous le coup de l'anxiété.

Je suis toute seule et je ne me sens pas bien. Tout devient flou autour de moi, exactement comme le jour où on m'a annoncer la mort de mamie. Mes plaintes se font plus bruyantes et les battements de mon coeur s'accélèrent dangereusement. Seulement, ce n'est pas comme lorsque je suis à proximité de James. C'est comme si j'étais face à un danger, à ma plus grande peur. Je tremble violemment.

Cette fois, James ne sera pas là pour m'aider. Il ne pourra pas venir. Il ne viendra pas.

Je suis seule pour combattre ma peur.

Ma peur d'affronter la réalité.

***
Voilàa !! J'espère que ce chapitre a été à la hauteur de vos attentes et qu'il vous a plu ! ❤️
Luv

Les embûches de l'amour - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant