Chapitre 21

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Les femmes soldats escortèrent nos trois jeunes gens jusqu'au palais. Toute la population s'écartait à l'arrivée des gardes. Et mieux ne valait pas rester au milieu du chemin, sous peine d'être violemment repoussé.

Le palais était une grande construction de pierre, la plus grande que Jarl n'ai jamais vu. Dans le nord, c'était déjà un exploit de construire un donjon de pierre, alors un palais !
Mais il n'eut pas le temps de le contempler qu'il fut poussé pour continuer son chemin.

L'intérieur de la structure était richement décoré. On voyait qu'il s'agissait de la demeure d'une reine.
Les gardes conduisirent le petit groupe jusque dans une grande salle. Beaucoup de personnes s'y trouvaient déjà, mais la plus visible était celle qui était assise sur un trône imposant. La reine attendait leur venue sans aucune expression sur le visage.

Énora et Kelyn s'agenouillèrent devant la reine, comme il était de coutume de le faire. Pour Jarl en revanche, il n'eut pas le temps de faire quoique se soit que des gardes l'immobilisèrent et le forcèrent à s'agenouiller. Il tenta de se débattre, mais finit par abandonner sous la menace d'une dague.
Énora aurait voulu intervenir, mais elle s'abstient de le faire. Cela n'aurait fait qu'empirer la situation.

Un sourire carnassier commença à se dessiner sur les lèvres de la reine Moira. A ses côtés, un homme imposant était assis sur les marches qui s'élevaient jusqu'au trône. Il regardait avec insistance, et avec un regard noir, les nouveaux arrivants.

- et bien ! Cela fait longtemps que l'ont ne sait pas vu. J'ai entendu dire que vous aviez fait une bonne campagne dans le nord.

On pouvait deviner la haine et la moquerie dans la voix de la reine. Elle essayait de se montrer accueillante.
Énora gardait la tête basse, serrant les points et sans répondre.
Kelyn cherchait à retenir ses tremblements avec difficulté. Elle craignait cette personne.

Pour Jarl, il ne réagissait pas. Non seulement il était immobilisé, mais en plus elle parlait dans sa langue. Il avait beau avoir passé quelques mois avec les amazones, il ne savait pas encore parler leur langage.

La reine se leva de son trône et réclama le silence auprès de sa cour.

- j'ai une bonne nouvelle pour vous mon cher peuple ! Mes filles sont enfin rentrées à Kvinnheim !

A ses mots, les personnes de la cour se mirent à chuchoter. Certaines se mirent même à ricaner. Énora chercha à retenir un rictus de dégoût. Elle détestait ses personnes, surtout cette femme qui se prétendait être sa mère.

- bien ! Cela fait trois ans que vous êtes parties . Vous n'avez même pas daigné envoyer de vos nouvelles, ni même répondre à mon appel lorsque je vous est fait demander. Et vous revoilà après tant d'années... et accompagnées d'un Sjeldrage.

La reine avait repris son sérieux en prononçant sa dernière phrase. Elle se doutait bien que ses filles n'étaient pas rentrées pour rien.
Elle se leva et s'approcha d'Enora et se pencha à son oreille:

- si tu es venue te venger, alors fait le ! Défi moi en duel, comme tu l'avais prévu...

Énora ne put cacher sa surprise. Comment savait-elle qu'elle voulait la défier lors d'un duel royal ?

- ... a moins que tu ne puisses pas le faire encore ! Tu n'es toujours pas devenue une dragonnière !

La reine Moira avait prononcé ces mots d'une manière triomphale. Chacune de ses phrases servait à la rabaisser.
Énora se sentait impuissante. Elle rêvait de tuer cette femme de ses propres mains, mais elle devait se retenir. Il y avait des gardes et le Sjeldrage de la reine, Glovarm. Agir maintenant mettrait en danger Kelyn et Jarl.

- ne t'inquiète pas ma chère fille ! Je sais me montrer patiente. J'attendrai le jour où tu pourras venir me défier. Enfin... si tu réussis à conserver ton Sjeldrage !

Énora comprit tout de suite ce que voulait dire la reine. Et le cruel sourire qu'elle affichait ne la rassurait pas. Un Sjeldrage est très important pour une amazone, puisqu'il permet à celle-ci de prétendre au titre de reine.

C'est donc avec impuissance et désespoir qu'Enora vit la reine s'approcher du nordien. Elle allait sûrement essayer de le charmer et de le rallier à sa cause. Si elle réussissait, Énora perdrait sa seule chance de se venger.

Le problème, c'est qu'elle ignorait ce qu'allait faire Jarl. Ils avaient beaux s'être rapprochés depuis quelques mois, il n'en restait pas moins imprévisible. Elowen avait tenté de la mettre en garde que cette situation risquait d'arriver, mais elle ne l'avait pas écouté.

A présent, elle priait tous les dieux qu'elle connaissait en voyant sa mère se tenir devant Jarl. Elle espérait au fond d'elle que le nordien la choisirait elle.

Cœur d'homme, âme de dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant