Chapitre 13

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Ce fut la première fois en trois semaines que Jarl passa une nuit plutôt confortable. Certes, il était dehors, dans une cage avec une légère couverture, mais cela valait mieux que rester attaché à un poteau.

Aux premières lueurs du jour, Énora vînt chercher le jeune nordien. Elle fut surprise en voyant qu'il se laissait faire. Il sortit de la cage et alla jusqu'au terrain d'entraînement sans poser de difficultés.

Nos deux héros furent surpris en voyant autant de monde les entourer . Presque tout le camp s'était rassemblé pour assister au dressage. Bien évidemment, Elowen était présente. Et elle comptait assister à toute la séance pour enfin donner son verdict.

Une fois prêt, l'entraînement commença. Énora attaqua sans répit le nordien. Elle voulait montrer sa force, non pas à Jarl qui en faisait les frais depuis trois semaines, mais à ses sœurs d'armes.

Jarl, quand à lui, était méconnaissable. Il était doux comme un agneau la veille, mais à présent il se battait comme un loup. Il avait beau être épuisé physiquement et mentalement, il jeta toutes ses forces dans la bataille.

Énora fut surprise en voyant que Jarl arrivait à anticiper certaines de ses attaques. Il réussit aussi à atteindre deux ou trois fois sa cible, mais seulement du bout de sa lame.

La matinée toucha bientôt à sa fin, et par conséquence, le combat aussi. Énora était fière d'elle. Malgré quelques surprises, elle était restée maîtresse de la situation. Elle avais dominé tout le combat, même si la résistance du nordien lui avait posé quelques difficultés.

Sa démonstration de force face aux autres amazones lui permit de garder la tête haute. Elle avait prouvé qu'elle restait supérieure à son Sjeldrage. Mais cela ne suffisait pas à Elowen. On pouvait le voir dans ses yeux, il en fallait plus pour la convaincre.

Elle se tourna alors face au jeune homme. Il peinait à réprendre sa respiration, les mains posées sur les genoux. Énora profita de ce moment pour l'attaquer de nouveau. Elle le désarma et l'envoya au sol. Il allait se relever, quand elle cria son ordre.

- reste à terre !

A ce moment, le nordien se figea à quatre pattes. Il ne savait pas quoi faire. Son honneur lui ordonnait de se relever et de faire face à son adversaire. Mais sa raison lui demandait d'obéir.  Tout se mélangea dans sa tête.

- j'ai dit: À TERRE !

Et c'est dans un long soupir que Jarl le nordien se résigna à obéir. Il s'allongea ventre au sol, bras écartés et mains en évidence. Jarl venait de se soumettre. Il venait d'accepter d'obéir aux ordres de sa maîtresse.

Énora n'eut pas le temps de se réjouir qu'Elowen s'approcha d'eux. Elle regarda le jeune homme, puis la jeune amazone. Avec un regard provocateur, elle écrasa la tête de Jarl avec son pied.
Celui-ci allait réagir quand il fut stoppé dans sa course par un nouvel ordre.

Énora assistait  impuissante à la scène. Elle savait que l'avenir de son Sjeldrage dépendait du bon vouloir d'Elowen.
Elle avait appris à connaître les humeurs du jeune homme. C'est sûrement grâce à cela qu'elle eut le réflexe de donner son ordre avant que celui-ci n'agisse.

- ne bouge plus !

Résigner, Jarl obéit et se laissa faire. Tout ce qu'il pouvait faire était de serrer les points de colère.

Elowen continuait de regarder Énora, toujours avec un sourire en coin. Elle analysait ses réactions.
Elle avait bien réussi à maîtriser le Sjeldrage. Mais il restait dangereux et encore sauvage.

Elle finit par rendre son verdict, son regard ancré dans celui d'Enora.

- le nordien vivra !

Suite à ses mots, elle partit en direction du camp sans aucun regard vers la foule.
Énora s'écroula. Toute la pression qu'elle avait accumulé depuis trois semaines venait de disparaître. Elle avait réussi !

Elle se tourna vers Jarl qui était resté au sol. Elle ne pouvait pas voir son visage qui était tourné, mais elle se doutait qu'il y avait toujours cette lueur sauvage au fond de ses yeux. Il allait sûrement lui poser encore des problèmes dans l'avenir, mais elle ne préféra pas y penser pour le moment.

Elle s'approcha de lui, fière de sa victoire. Elle posa sa main sur sa tête et lui offrit quelques caresses.

- c'est bien... très bien ! Tu as... mérité un... un bon repas !

Sa voix tremblante trahissait sa joie et son soulagement. Elle venait de vivre l'une des épreuves les plus stressante de sa vie. Mais au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas finit. Il lui restait encore beaucoup à faire avant de devenir une dragonnière.

Cœur d'homme, âme de dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant