LES FILS D'ODIN

LES FILS D'ODIN Chap 38 : Le loup et le jeune prince

Un mois, cela faisait un mois depuis cette fichue bataille et l'attaque de ce sorcier qui avait bien failli lui coûter la vie. Loki avait déjà été blessé. Il avait combattu tout type de monstre, il avait frôlé la mort... il l'avait même souhaitée quand il était au plus mal, mais c'était bien la première fois où il s'en était autant rapproché. Quand Thor le berçait dans ses bras, quand la douleur était devenue trop insurmontable, quand son corps ne lui avait plus répondu, pas même son cœur qui battait de manière désordonnée, il avait su qu'il était en train de mourir. Il avait tremblé de fièvre, de douleur et d'épuisement... même les bras de son frère n'avaient pas été suffisants pour le réchauffer et il avait cédé. L'ombre, la nuit, le néant... Il les avait appréhendés pendant un instant étrange où il avait flotté, perdu entre deux mondes, avant que l'amour ne l'enveloppe et que sa mère, comme l'ange gardien qu'elle avait toujours été, ne l'arrache à la Mort.

Alors, il avait survécu... Sans doute plus physiquement qu'émotionnellement en y repensant, mais il avait survécu. C'était déjà ça.

L'hiver était toujours aussi rude et le palais lui était insupportable pour différentes raisons. Déjà, parce qu'il voyait sa mère toujours inquiète, même s'il tentait de la rassurer par des sourires auxquels elle ne croyait pas. Ensuite, parce qu'il y avait Sif. Depuis le baiser qu'ils avaient échangé, Loki avait compris que la jeune femme voulait lui parler, mais il n'était pas pressé d'avoir cette discussion avec elle. Pire, il la redoutait. De manière inattendue, elle était devenue son amie et il savait très bien qu'il pouvait la perdre. Cela le terrifiait. A part son frère, qu'il voyait lentement s'éloigner, Loki n'avait pas réellement d'amis. Il se sentait seul et il n'avait pas envie de la perdre. Alors, il repoussait l'instant où il se trouverait seul en sa compagnie.

Mais surtout, il ne voulait pas rester au palais parce qu'il y avait son frère et son père. Les deux venaient bien prendre de ses nouvelles, mais Loki n'arrivait pas à s'enlever de l'idée qu'au départ, ils l'avaient abandonné. Quand la lame avait déchiré ses chairs, quand il s'était écroulé sur le sol, il avait frémi de douleur en pensant à eux, en pensant qu'ils allaient venir le chercher, que tout irait bien. Mais ça n'avait pas été le cas... Ils ne s'étaient pas inquiétés, pas tout de suite. Loki avait eu le temps de souffrir, de se voir mourir, de sentir la neige recouvrir peu à peu son corps pour le faire disparaître et il leur en voulait pour ça.

Il savait qu'il ne devrait pas, que dans le feu de l'action et du combat, tout pouvait se passer, mais ce qui lui faisait mal, c'est qu'il avait compris que malgré les mots qui se voulaient rassurants, leurs récentes disputes avaient laissé des traces profondes... des traces qui les rendaient lentement indifférents et c'était bien pire. Oh, ils pouvaient bien lui dire qu'ils étaient désolés, qu'ils l'aimaient, Loki n'était plus sûr que ces mots-là aient encore un sens. Il était en train de devenir le dieu de la malice et du mensonge, mais il avait l'impression qu'il n'était pas le seul à savoir mentir.

Un frisson le parcourut. Le froid mordait sa peau, mais il ne venait pas de là, c'était son cœur et une douleur bien plus violente que sa blessure qui le faisait frémir. Une larme coula sur sa joue et Loki l'essuya rapidement avant que le froid ne la gèle sur sa peau.

Comme il aimait le calme d'un paysage sous la neige... Comme il se moquait éperdument du mordant du froid. Surtout qu'avec de telles températures, il devait bien être le seul à se promener au-dehors.

Loki fit quelques pas, s'éloignant un peu plus du palais pour gagner les abords de la forêt. C'était tellement plus tranquille par ici. Seulement, le jeune homme se rendit compte assez brutalement qu'il avait dû présumer de ses forces. Ses jambes se mirent à trembler et un vertige sournois s'empara de lui. Il manqua de s'écrouler, mais parvint jusqu'à un rocher sur lequel il se laissa tomber lourdement assis. Un glapissement de douleur lui échappa pendant que sa main se porta à sa poitrine et que des papillons passèrent devant ses yeux. Loki frissonna pendant que sa main se pressa plus fort sur sa blessure pas encore guérie. Même assis, il chancela et il se cramponna de l'autre main à la pierre, gardant les yeux fermés avec obstination pour attendre la fin de ses vertiges.