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DIEU DECIDE A TRAVERS LE TEMPS : 22

Je sors de cette consultation toute effondrée après la discussion avec Simon. Lorsque nous subissons des malheurs, nous ignorons souvent qu’il y a plus malheureux que nous. Une citation anonyme dit
"Je me plaignais de ne pas avoir de chaussures, jusqu'au jour où j'ai rencontré une personne qui
n'avait pas de pieds."
Avec le récit de Simon, je me rends compte que mon fardeau n’est pas si lourd à porter : moi, je me plains d’avoir été humiliée et rejetée par mon propre mari alors que lui, il a perdu femme et enfants
d’une façon tragique. Tout est grâce.

Les jours passent et le moment d'accoucher approche. Quelques fois quand j'y pense, je panique. J'ai appris que l'accouchement est douloureux. En plus, je ne m'y connais pas en la matière: comment vais-je me débrouiller, comment s’occuper des bébés, comment les laver, quoi faire et ne pas faire avec les nouveau-nés?
Après ma dernière consultation, j’exprime à Simon mes préoccupations de l’heure.

- Simon, j'ai peur de l'accouchement.
- Aicha, c'est normal que cela te fasse peur car c'est l'inconnu et les expériences dont font part les autres femmes ne sont pas toujours très encourageantes, mais ce ne sont pas les tiennes. Dis- toi que ton accouchement sera le tien et pas celui d'une autre et que ton expérience ne sera pas celle d'une autre. Les accouchements de ma défunte femme, paix à son âme et à celles de mes chers enfants, se sont merveilleusement bien passés. Aicha, si la douleur te fait peur, c'est normal car qui
peut bien avoir envie de souffrir ? Il y a des moyens aujourd'hui pour ne pas souffrir. C’est l’accouchement sous péridurale c’est- à - dire que tu ne sentiras pas de douleur. A toi de bien
préparer ce dont tu as le plus envie pour toi. Mais de toi à moi Aicha, je te conseille de vivre pleinement ton accouchement. Souviens-toi que Dieu a dit "tu enfanteras dans la douleur " Et puis tu vois bien le nombre de mères sur terre, c'est que ce n'est pas insurmontable, je t'assure. Ne
t'inquiète donc pas.

Ces mots de Simon me rassurent.
- c'est toi qui va m'accoucher. ?
- non ce sont les sages- femmes. Je n'interviendrai que si c'est la césarienne, ce que je ne te souhaite pas.
- Merci Simon. Tes paroles soignent mon esprit et je me sens plus confiante.
Depuis le début du huitième mois, Foulematou m'appelle régulièrement pour me donner du courage. J'ai également les encouragements de Nantou, de Amina, de josephine et de Mamady depuis le pays.

Simon m'a dit qu'à partir de la semaine prochaine, les enfants peuvent se pointer à tout moment. Un des moments les plus excitants de la grossesse est la préparation de la valise qui accompagne à
l’hôpital. Foulematou m’a dit qu’il faut idéalement la préparer au début du huitième mois pour être prête à partir quand le moment tant attendu sera venu. Les bébés avertissent rarement avant d’arriver et ils pourraient me prendre par surprise.

En apprêtant le sac avec l’aide de Nantou, je m’émeus devant les petits pyjamas et les douces couvertures qui serviront à envelopper mes petits anges.
Nous sommes en train de nous atteler à cette tache quand Mon téléphone sonne. Encore Solo! Il m'embête trop celui -là mais j'adore l'écouter car avec lui je ris toujours et cela me détend.

- Allô
- la plus belle des mamans, ça va. ?
- oui le plus endurci des célibataires.
- ok, je sais que le grand jour approche. Dès que ton ventre fait "flip" tu m'appelles et je viens immédiatement.
Voilà, je savais que j'allais rigoler avec lui comme d'habitude.
- tu es Médecin ?
- je veux t'assister et être le premier à prendre les bébés dans mes bras.
- yeeeeh ! Tu es mon mari.?
- non, mais en tant que ton.....
Il s'arrête.
- finis ta phrase. En tant que mon quoi.?
- en tant que ton ami le plus sûr.
- hum! OK. Dès que mon ventre fait" flip" Je t'appelle, Monsieur l'ami le plus sûr.

Il m’arrive de penser par moment à Diao. Malgré tout l’effort que je fais, il y a une partie de moi qui reste attachée à lui. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il reste en sommeil dans un coin de ma tête, même si je n’en parle plus. Est-ce parce qu’il est le seul et unique homme de ma vie? Les premiers amours sont déterminants pour notre vie amoureuse future et s’ils ont été de belles histoires alors ils ont une place inestimable dans notre cœur à tout jamais ... Un jour, me sentant préoccupée, Simon me demande ce qui ne va pas.

- Honnêtement Simon, je pense encore à mon mari de temps en temps même si je ne veux plus être avec lui par rancœur; l’entendre me dire qu’il m’a épousé par pitié m’a fait très mal. Est-ce que tu penses
que je réussirai à l’oublier un jour?
- Quand tu écrases un chewing gum, tu fais tout pour l'enlever même si c'est chiant, que sa colle et que cela prend du temps. C'est un peu la même chose pour oublier un grand amour. C'est qu'un premier amour est toujours spécial, il est teinté d'innocence et de passion et dans les suivants on ne retrouvera jamais la même chose. Mais il n’en demeure pas moins que personne n’est irremplaçable, seul Dieu ne peut être remplacé dans la vie de quelqu’un.

Depuis que Simon m'a raconté son histoire, ma vision des choses a changé. Je ne pense plus que je vis un terrible malheur. Je suis reconnaissante à Dieu pour ma condition car j'ai compris qu'il y a bien pire.
Et puis Simon me parle beaucoup. Il est très spirituel et prend toujours la vie du bon côté. Ceci qui fait que lorsque les pensées négatives et déprimantes veulent m’attrister, je souris et je me dis que je
suis toujours en vie. C’est le plus important car le soleil se couche chaque soir mais il ne se lèvera pas demain pour certains d'entre nous. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Comme Foulematou me l’a souvent dit, j’attends que Dieu, à travers le temps et les évènements décide de mon avenir. En attendant, je vais me préparer à recevoir mes trois futurs amours. Je n’ai plus
cherché à connaitre les sexes, je veux avoir la surprise. Mais peu importe, quel que soit leurs sexes, enfant c’est enfant.

A suivre dans l'épisode 22

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