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DIEU DECIDE A TRAVERS LE TEMPS  : 19

-Rama, s'il te plaît. ......
- ce n'est pas Rama. C'est maman Dd. S'il te plaît, Aicha, ne raccroche pas.
Je suis si surprise. J'ai envie de lui raccrocher au nez mais en même temps je suis curieuse de savoir ce qu'elle veut me dire. Mon Dieu, dois-je raccrocher ou dois -je l'écouter

Je reste silencieuse. Je l'entends dire Allô Allô Allô. Finalement, je réponds.
- oui?
- Aicha, est-ce que tu peux venir chez moi?
- non, je ne peux pas.
- ok, où habites -tu? Moi, je peux venir.
- si vous avez quelque chose à me dire, dites -le par téléphone.
- ce n'est pas une affaire de téléphone Aicha.
- dans ce cas, cela risque de ne pas être possible.
- j'ai appris que tu es enceinte Aicha et que Dd refuse la grossesse. Il faut qu'on en parle car en dépit de tout, je reconnais que tu es une femme sage et que cet enfant est de Dd. C'est injuste qu'il ne le reconnaisse pas. Je n'ai aucun problème avec toi Aicha, je voulais juste des petits-enfants. Quel que
soit la femme qui sera avec mon fils, si elle ne fait pas d'enfants, elle sera toujours mon ennemi. C'est de tout ceci que je veux discuter avec toi. Donne -moi un rendez - vous.
- ok, je vais réfléchir et vous donner une date. Je vous rappelle la semaine prochaine.

Qui va la rappeler ? moi Aicha? Diao refuse et elle ma belle-mère accepte. Elle regrette déjà ! C'est peut -être un piège qu'elle me tend. Dans tous les cas, je n'ai aucune intention de la revoir pour éventuellement entendre des mots qui vont me déplaire. Le Médecin m'a recommandé d'être sereine et calme pour un bon déroulement de ma grossesse. Et je compte bien continuer de suivre ses conseils.
Je prends mon bain, puis mon petit déjeuner. Je mange beaucoup et je me sens lourde. Je m'étends sur le lit pour me reposer car j'ai dépensé beaucoup d'énergie en dansant. Au moment où le sommeil commence à me prendre, mon téléphone retentit ; je regarde l'écran : c'est l'Ambassade.

- Allô
- Madame Aicha Sylla.?
- Oui, c'est moi.
- vous pouvez passer retirer votre passeport à tout moment.
- merci.
Enfin! J'espère juste que le visa m'a été accordé car il est parfois refusé pour des motifs précis. Je ne peux plus dormir. Je me lève et je vais voir si Foulematou est déjà réveillée car elle adore faire la
grasse matinée. Je la croise qui sort de sa chambre.

- Bonjour maman.
- Bonjour Aicha. Tu n'es pas allée travailler ?
- non, je suis trop joyeuse pour me concentrer.
Elle sourit.
- tu venais dans ma chambre ?
- oui, l'Ambassade vient de m'appeler. Je vais chercher mon passeport.
- ne prends pas la voiture seule. Fais - toi conduire.
- ok, à tout à l'heure.

Je viens de retirer mon passeport et je l'ouvre. Le visa m'a été délivré pour six mois. En cas de prolongement de séjour, je dois contacter le ministère de l'immigration sur place. Plus rien me retient alors ici. J'irai découvrir des horizons nouveaux, faire des expériences nouvelles et puiser de divers
enseignements. Je rentre et je vois Foulematou assise sur la terrasse de son domicile.

- Alors Aicha, bonne nouvelle. ?
- oui maman. Le visa est prêt.
- très bien. Quand souhaites -tu partir. ?
- ce sera quand vous voulez.
- tu vas me manquer si tu pars, je me suis habituée à ta présence. Demain, je t'emmène faire les courses. Tu dois acheter des habits chauds car il fait très froid là-bas. Tu dois bien te protéger pour
le départ. Une fois là -bas, mes enfants vont te prendre d'autres vêtements adaptés.
- ok mais chez qui je vais exactement parmi les deux?
- chez Nantou évidemment. Solo est célibataire et est tout le temps au dehors. Il ne pourra pas s'occuper de toi. Toutefois, tu peux aller rendre visite.
- il m'a dit qu'il est dans une ville différente de celle où vit Nantou.
- oui, Solo est à Montréal ville francophone et Nantou est à Toronto, ville anglophone.
- il y a des villes francophones et d'autres anglophones dans le même pays?
- oui, le Canada est bilingue. L'anglais et le français sont les deux langues officielles.
- la mère de Dd m'a appelé; elle souhaite me voir, maman.
- et qu'est- ce que tu en penses ?
- quoi qu'elle veuille me dire, je ne veux pas l'écouter. Je sens un piège et je ne veux pas qu'il se passe quelque chose qui m'empêche de voyager. Je lui ai dit que je vais la rappeler.
- que t'a-t-elle dit exactement?
- Elle a appris que je suis enceinte et que Dd refuse d'assumer la paternité, qu'elle n'a aucun problème avec moi et que toute femme qui serait incapable de donner une descendance à son fils sera son ennemi.
- Ce que j'aime chez ta belle-mère, c'est sa franchise. Elle est claire et te dis ce qu'elle pense; c'est mieux que de rire avec toi et de poignarder dans le dos. C'est normal qu'elle veuille que son fils ait un enfant. C'était à Dd de ne pas céder à sa pression. Je ne souhaite pas non plus que tu la
voies mais pour des raisons précises. Je ne sais pas ce qu'elle va te dire et il vaut mieux ne pas prendre de risque car le Médecin a bien recommandé d'éviter les émotions fortes. Je pense qu'elle aura tout le temps de te parler quand tu reviendras après ton accouchement. Pour l'instant, ne dis àpersonne à part ta sœur et ton frère que tu vas avoir des triplés. Même pas à tes amies qui viennent souvent ici car on ne connait jamais le cœur de l'être humain.

Je passe la semaine à faire les courses avec ma sœur. Elle va beaucoup me manquer. Mamady aussi mais ceux que je vais retrouver là- bas sont aussi comme des frères. Et puis, ce n'est que pour quelques mois. De toute façon, je ne peux pas rester là-bas car il me faut de l'aide pour gérer trois enfants.

- Aicha, ma chère sœur, cette ville sera vide sans toi, pour six longs mois.
- pas du tout Amina, la femme de Mamady est là pour toi.
- ce n'est pas la même chose et tu le sais. J'aurais aussi aimé être la première à prendre tes bébés dans mes bras. Oh, si je pouvais en avoir aussi.
- Prie d'abord pour avoir un bon mari Amina, le reste viendra.
- parlant de mari, au fait, il y a quelque chose que je veux te dire mais je ne sais pas comment tu vas prendre.
- Amina, si tu n 'es pas sûr que cela va me plaire, garde le pour toi, tu me le diras à mon retour. Je ne veux pas d'émotion forte.

Je suis au jour de mon voyage. Dieu est vraiment merveilleux. Non seulement il me donne trois enfants, mais il me fait la grâce d'aller accoucher à l'extérieur. Je ne finirai jamais de le louer. Mon vol est prévu pour vingt- trois heures. Je dois être à l'aéroport à vingt -heures. À l'approche de l'heure indiquée, je stresse quand même car je n'ai jamais pris l'avion. Dd m'a tout donné mais il n'a jamais voulu me faire voyager. C'est lui seul qui allait et venait. Je me rends à l'aéroport accompagnée de Foulematou, Amina, Mamady et Joséphine.

Une fois à l'aéroport, Foulematou m'explique comment faire les formalités. Je n'avais jamais pris l'avion de ma vie, c'était la première fois. Je suis attristée par ma séparation avec eux,  Je me dirige vers le comptoir d'enregistrement. Je fais enregistrer mes bagages et l'on me donne ma carte d'embarquement sur laquelle figurait mon numéro de siège.

Je retourne prendre congé de mes accompagnateurs car une fois dans la salle d'embarquement, il ne serait plus possible de revenir à l'entrée. Les adieux sont difficiles avec ma sœur et mon frère car je
ne les ai jamais quittés. Tour à tour, je serre les membres de ma famille dans mes bras et je ressens de la tristesse. C'est vraiment pénible de quitter les gens qu'on aime même pour un court moment.
Je reviens dans l'enceinte du hall départ, je suis la flèche qui mène vers le contrôle de sécurité. C'est l'étape la plus pénible mais il y va de notre sécurité. J'attends maintenant le début de la procédure d'embarquement qui ne tarde pas à débuter. Une fois dans l'avion, je repère ma place, côté hublot, histoire de profiter pleinement du premier vol de ma vie. Je mets mon bagage à main dans le compartiment au - dessus de ma tête. Je m'installe et j'attends. Les passagers continuent d'entrer dans l'avion. Quelques minutes, plus tard, mon voisin de siège vient et s'assoit. C'est un homme blanc qui me fait un large sourire en ne manquant pas de me saluer.

Après que les passagers aient fini de s'installer, les hôtesses commencent la démonstration des mesures de sécurité, puis l'avion se positionne sur la piste. Il roule doucement jusqu'à la ligne de
départ puis prend son élan, il accélère et s'envole. Il bouge, il claque, il vibre. Ma première réaction, c'est l'angoisse. Mais je me calme très vite. Par la fenêtre, je voyais le sol s'éloigner rapidement, les
maisons, les voitures, les bâtiments deviennent des miniatures. Sur le moment, je me pose un tas de questions : « Qu'est-ce que je fais là ? J'ai changé d'avis, reposez-moi au sol ! Je suis trop jeune pour mourir. Est-ce que j'ai eu raison de monter ? Pourquoi ça fait du bruit ? On commence à être haut, là ! Et puis l'avion rentre dans un nuage. Tout est blanc et brumeux, je ne vois plus rien. Je réalise qu'on est en haut lorsqu'enfin l'avion s'extirpe de toute cette vapeur. La chose vraiment folle dans un premier vol à cet âge, c'est qu'on réalise que l'on n'a jamais vu les nuages autrement que depuis la terre. Mais prendre l'avion si tard a été une chance inouïe. Je pense que nous devons
remercier Dieu de certaines grâces qu'il nous accorde dans la vie. Ma belle-mère allait attendre mon appel en vain. Je souris à cette pensée.

A suivre dans l'épisode 20

DIEU DECIDE À TRAVERS LE TEMPSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant