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DIEU DECIDE A TRAVERS LE TEMPS : 23

Comme Foulematou me l'a souvent dit, j'attends que Dieu, à travers le temps et les évènements décide de mon avenir. En attendant, je vais me préparer à recevoir mes trois futurs amours. Je n'ai plus
cherché à connaitre les sexes, je veux avoir la surprise. Mais peu importe, quel que soit leurs sexes, enfant c'est enfant.

Chaque jour, je me réveille en me disant que le jour J pourrait etre aujourd'hui. Puis la journée se termine sans le moindre signe. J'approche des neuf mois et toujours rien. J'avais pourtant appris que
les primipares; c'est-à-dire les femmes accouchant pour la première fois, donnent naissance en
moyenne avant la date prévue pour leur accouchement.
Depuis deux jours, je n'arrive pas à joindre Amina. Elle m'a avertie qu'elle se rendait aux obsèques du père d'un de ses anciennes camarades à l'université et que le réseau pourrait fluctuer.

J'ai maintenant du mal à effectuer des tâches simples sans m'essouffler. J'ai besoin de m'asseoir et
de reposer assez souvent. J'ai marre d'être lourde et imposante et j'ai hâte d'accoucher. Depuis que
Simon m'a rassuré, je me dis que des millions de femmes y sont passées avant moi et même qu'elles recommencent. C'est donc que ça ne doit pas être si terrible.
Quand je me suis mariée, il y a quelques années, ce n'est pas ainsi que j'imaginais mon premier
geste. Je pensais que je ferai un bébé rapidement, puis un autre et ainsi de suite.

Je voulais trois enfants et Diao en voulait quatre. Mais comme on dit souvent, l'homme propose et Dieu
dispose. Nous n'avons pas pu avoir nos enfants comme souhaité en ce moment. Mais quand j'y
pense, finalement il aura ses quatre enfants et même plus si Bintou accouchait de jumeaux. Je me demande même si elle n'aurait pas déjà accouché. J'ai juste pitié de Dd quand je pense à sa
vie future avec Bintou.

En effet, une femme qui ment sur le compte de sa rivale ne saurait être de
bonne moralité. A beau chasser le naturel, il revient au galop. Dd va bientôt comprendre son erreur. Quand je retournerai au pays, je ne compte rien lui dire à propos des enfants car il les a
reniés et traité de batard. Parfois, la vie peut être injuste car j'estime que je ne mérite pas tout ceci de la part de Dd. Mais plutôt que de me lamenter, je me servirai plutôt de cette épreuve pour aller de
l'avant.

Ma mère avait l'habitude de dire Endure la période difficile avec patience, même si elle se prolonge. La patience conduit à la victoire. Les épreuves, loin de nous briser, nous rendent plus forts.

Ces deux derniers jours, j'ai un peu plus forcé sur les efforts : j'ai dansé, fait du rangement et passé l'aspirateur. Le soir je sentais que j'avais mal au ventre mais je me disais que j'avais surement trop
mangé. Vers deux heures du matin, je me réveille, j'ai envie de faire un tour aux toilettes, comme d'habitude. En voulant me rendormir, je sens une légère douleur et une heure plus tard, des
contractions régulières ont commencé.

Lors d'une vraie contraction, on ne peut plus marcher, ni parler, c'est intense. Une contraction dure environ une minute dont trente secondes où ça fait mal, c'est le seuil de la douleur. Foulematou m'a dit au téléphone que quand on est dans cette période de douleur, il faut souffler, rester
positive et se dire que ça va bientôt passer. Ensuite il faut vraiment profiter du temps que l'on a entre chaque contraction pour se reposer.

À quatre heures du matin, j'en avais ras le bol et ça faisait déjà deux heures que je souffrais. J'ai donc téléphoné à Simon. Il m'avait demandé de l'appeler quel que soit l'heure. Il me demande de me
calmer et de réveiller Nantou pour qu'elle m'accompagne à l'hôpital.
À cinq heures environ, nous arrivons à la maternité de l'hôpital. Mes contractions venaient désormais toutes les cinq minutes. J'explique cela à la sage-femme qui m'installe pour m'examiner. Elle
m'explique que si mon col n'est pas assez dilaté, nous rentrerons à la maison. Elle regarde et me dit
:
- Ça vous plait comme date le 16 octobre ?
- oui.
- vous en êtes à quatre centimètres, bravo vous avez bien travaillé.

J'ai explosé en sanglots car je réalisais à cet instant que ça allait vraiment être pour aujourd'hui et que je n'avais pas passé toute la nuit à souffrir pour rien. Je soulève la tête et j'aperçois Simon. J'avais très mal. Simon m'a pris les mains et a essayé de me réconforter mais je pleurais sérieusement.
Le temps me semblait une éternité. A neuf heures, on se déplace alors en salle d'accouchement. Tout se bouscule dans ma tête, le moment tant redouté et tant attendu depuis bientôt six ans est arrivé, je
ne réalise pas...C'était comme une libération après toutes ces années de souffrances.

Dans la salle nous étions quatre, moi, Nantou et deux sages-femmes, c'est tout. Simon a préféré ne pas y assister mais il reste disponible en cas de besoin. L'une des sages-femmes m'explique que
dès que je ressens une contraction, je dois lui dire, rentrer la tête et pousser en bloquant ma respiration.

La contraction arrive et vient le moment de pousser.
- Poussez madame...
Pousser, c'est vraiment difficile et je n'avais pas imaginé que ça serait aussi éprouvant. En fait il faut tenir, tenir, tenir le plus longtemps possible. J'avais du mal à tenir longtemps car j'avais l'impression
que ma tête allait exploser. Heureusement que Nantou et les sages-femmes étaient là pour m'encourager. Ici, les patients sont respectés dans les hôpitaux et sont traités avec délicatesse et courtoisie, contrairement au pays où parfois on observe des écarts de langage envers des femmes en souffrance.

Au bout de quelques minutes de poussées, elle m'annonce : je vois des cheveux ! Je reprends rapidement mes esprits et mes efforts... Je ressens quand la tête passe, les épaules... C'est un
moment tellement incroyable... Mon premier bébé nait : c'est une fille.

Je sens une délivrance mais peu après, de nouvelles contractions se manifestent. Je pousse et le deuxième bébé vient : un garçon.
Le même scénario recommence mais cette fois-ci, le troisième bébé se pointe après juste deux poussées : encore une fille.

Merci Seigneur. Je note tout de suite, malgré qu'elle vient juste de naitre,
qu'elle est le portrait craché de ma défunte mère. A coup sûr, je l'appellerai Hawa. Pour les autres, je verrai plus tard.
Les poids de mes bébés ne sont pas conformes aux exigences requises; ils seront donc maintenus
en observation à la crèche pendant quelques jours. Simon m'assure que ce n'est rien de grave. Je suis épuisée et j'ai besoin de dormir pour récupérer.

J'ai dormi trois bonnes heures et à mon réveil Nantou est toujours avec moi. Ici, les garde-malades sont les infirmières et à peine, un accompagnateur est autorisé à rester dans la salle. Si une autre
personne devait entrer, NNantou allait devoir sortir.

- Te sens-tu moins fatigué Aicha?
- Oui Nantou
- Tu as fourni beaucoup d'efforts
- Tu as de la visite Aicha
- Visite? Qui je connais ici? Je parie que c'est Solo, tu l'as averti je suppose.
- Oui je l'ai averti. Le docteur Simon a spécialement négocié pour que je n'aie pas obligatoirement à sortir quand tu auras de la visite. Je vais les chercher.
Qui sont ces visiteurs? Surement Solo et le mari de Nantou. Je ne vois personne d'autre.

A suivre

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