DIEU DECIDE A TRAVERS LE TEMPS : 26
- J'ai quelque chose d'important à te dire mais c'est dans ton pays que je viendrai te le dire. Je savais ce qu'il voulait me dire. Je sais qu'il nourrit des sentiments pour moi. Et il me m 'est pas indifférent non plus. Mais laissons Dieu décider à travers le temps. Après tout, je suis encore une
femme mariée.
Je n'arrive pas à croire que les triplés ont déjà six mois. Le temps passe vite. Foule va même déjà correctement à quatre pattes, les deux autres s'essaient encore à l'exercice. Pendant que nous faisons nos valises, nous profitons pour bavarder comme d'habitude, Amina et moi.
- pourquoi tu prends ces boites de lait, Aicha?
- c'est pour les enfants.
- Ils vont peser et nous allons payer des excédents à l'aéroport. Cela coute cher. Laisse, on pourra toujours acheter au pays.
- demain, c'est le retour, le temps passe très vite Amina.
- Je voudrais habiter chez Foulematou avec toi Aicha.
- tu es sa future belle-fille, elle ne sera pas contre. J'espère d'ailleurs que Solo ne va pas tarder avant de t'épouser.
- il me l'a même déjà proposé mais j'ai trouvé qu'il ne sert à rien de se presser. Je veux d'abord travailler et faire des économies.
- il faut en parler à Foulematou, elle pourra t'aider.
- vas-tu reprendre ton poste à l'entreprise ?
- non, je veux que les enfants marchent d'abord. Et puis, tu sais que je repars au pays le temps que ma demande soit approuvée et je reviens.
- pour Simon?
- Arrête avec ça Amina, il n'y a rien entre nous.
Aujourd'hui, je repars au pays et cela me fait un drôle d'effet car je me suis habituée à la vie ici. Tout comme à l'allée, le retour a été très long. Mais très différent car cette fois-ci, j'ai été en compagnie de mes trois anges et de Amina. A l'aéroport, le chauffeur de Foulematou nous attend déjà. Il s'occupe des valises et nous le suivons vers la voiture. Mamady avait hâte de revoir ses sœurs mais malheureusement une grippe l'a cloué au lit.
- encore dans ce pays, commence Amina
- attention Amina. Quel que soit le niveau de développement dont nous avons été témoins là-bas, ce pays demeure le nôtre. Il nous a vu naître et a forgé notre personnalité. Nous devons garder notre
propre identité et ne devons pas oublier nos racines. En tout cas, moi je suis fière de nos valeurs culturelles et de nos arts culinaires.
- Solo est entrain de vouloir rentrer pour gérer les entreprises de son père et cela ne me plaît pas beaucoup car cela suppose que nous allons rester ici.
- laisse Dieu agir et tracer ton destin, ma sœur, ne force rien. Si Dieu préfère que tu restes ici, alors c'est ce qui est mieux pour toi.
- c'est vrai Dieu sait faire ses choses, j'ai confiance. Je pense qu'il vaut mieux que nous passons par la pharmacie pour que tu n 'aies pas à ressortir après.
- pourquoi Amina. ?
- le lait des enfants. Tu n'en auras pas besoin ce soir ?
- oui, j'espère que j'en trouverai d'aussi bonnes qualités ici.
- à la pharmacie " Manizé" tu en trouveras.
Je demande donc au chauffeur de faire un détour par la pharmacie. Une fois à l'intérieur de la pharmacie, je me rappelle que je n'ai pas de la monnaie locale sur moi. Je ressors et le chauffeur m'amène dans l'agence de change la plus proche. J'échange la monnaie et en sortant, je croise Dd qui entre. Je reste figée sur place surtout que je m'y attendais pas du tout. Nous nous observons quelques secondes. Finalement, c'est lui qui parle le premier.
- Aicha ! J'ai appris que tu as voyagé. Tu es rentrée depuis quand. ?
- il n'y a pas longtemps, lui répondis-je d'un ton sec.
- Je suis venue faire le change parce que je vais à Paris avec Bintou. Elle est de nouveau enceinte et il faut qu'elle se distraie pour quelques jours; tu as accouché, je suppose. Quel sexe?
- Cela t'intéresse?
- Pas vraiment; je suis curieux, c'est tout. Cela fait une année pratiquement que tu es partie. Là où tu t'es rendu t'a changé. Tu es encore plus coquette qu'avant. Malheureusement, tu as été infidèle et tu
as eu un enfant hors mariage. Mais vois-tu je ne t'en veux plus. Je t'avais dit que je ne t'accorderai jamais le divorce mais Bintou m'a convaincu. Elle a plaidé en ta faveur. Maintenant que tu es là, contacte -moi dès que tu seras prête. Mon numéro n'a pas changé. Avec mes relations, nous allons
accélérer la procédure et tu seras libre pour que le père de ton batard puisse t'épouser.
Je voulais lui répondre car je suis très en colère de ce qu'il prononce encore le mot batard. Non seulement, il m'avait dit qu'il m'a épousé par pitié mais il traite encore sa propre progéniture de batard. Je fais un effort sur moi-même et je lui réponds calmement mais fermement :
- c'est comme tu voudras.
Je le regarde et je continue mon chemin sans lui dire au revoir. Il me fait vraiment pitié. Quel idiot!
Bintou plaide en ma faveur! N'est - ce pas ça l'arrange que je divorce. ? De toute façon, c'est Dd même qui parlé de divorce, ce sera comme il voudra. Autant me libérer le plus vite possible. Qui vivra verra. Un jour viendra où le batard sera sa préoccupation et c'est là où je l'attends. Je repars dans la voiture.
- tu n'imagineras jamais qui j'ai vu Amina
- je sais, c'est Dd, je l'ai vu garer sa voiture.
Aicha, tu penses tellement à ce crétin que ton esprit l'appelle. A peine que tes pieds ont foulé le sol du pays que tu le rencontres. J'espère au moins que tu ne lui as pas sauté au cou en lui disant que
les fruits de votre amour maudit sont dans la voiture.
- non, j'ai fait mieux Amina, je lui ai donné un baiser passionné.
Nous éclatons de rire.
Je retrouve Foulematou avec beaucoup de bonheur. Le lendemain, j'appelle Joséphine qui se pointe aussitôt. Nous nous embrassons.
- hey! ma tite Aicha ! L'accouchement t'a embelli. Tu vois comme mon rêve se réalise?
- tu m'as trop manqué Joséphine
- où sont les enfants ?
- à l'intérieur.
Foulematou et moi sommes restées en contact avec Fanta, qui d'ailleurs est au pays depuis hier. Elle est venue nous rendre visite aujourd'hui et nous sommes contentes de la revoir.
- bon, maintenant, je vais rentrer, s'enquit Fanta
- tu vis où, lui demande Foulematou
- à l'hôtel Noom, répond-elle.
- mais pourquoi, demande Foulematou. Tu n'as pas de parents ici?
- pas vraiment, répond Fanta. Je vais tout t'expliquer plus tard. En fait, je suis à la recherche de ma fille que mon ex-mari m'a arraché avant mon voyage. Cela fait vingt ans qu'il m'empêche de la revoir. Je suis également à la recherche d'une dame. Je suis venue pour révéler un secret que j'ai
tenu longtemps caché. Je vais dire une vérité car ma conscience me gêne. Je
vous donnerai des détails plus tard. C'est une longue histoire.
- Écoute Fanta, ma maison est grande et il y a plusieurs chambres. Viens rester ici pendant ton séjour. Mon chauffeur va t'emmener à l'hôtel pour récupérer tes affaires.
- merci infiniment Foulematou. Tu es très gentille. J'accepte ton offre avec plaisir.
Une fois Fanta partie chercher ses affaires, je demande à Foulematou pourquoi selon elle, l'enfant de Bintou est mort-né? Elle me répondit que Dieu sait ce qu'il fait et qu'un jour, nous saurons peut-être
pourquoi.
Une semaine après notre arrivée, j'appelle Rama Elle était si contente qu'elle me demande de lui indiquer où je vis. Je lui donne rendez- vous dans un endroit public pour le lendemain en lui précisant de venir seule.
- Bonjour Rama
- Bonjour Aicha
- Excuse mon retard Rama. C'est le trafic.
- Aicha, comment vas-tu ? Ça fait si longtemps. Tu es encore plus jolie. Alors et ton bébé. ?
- ça va.
- c'est une fille où un garçon ?
- tu le sauras bientôt, au même moment que les autres membres de votre famille. Comme cela, vous irez dire à Dd que je n'ai pas fait de batard. Je tiens juste à laver mon honneur.
- calme-toi Aicha. C'est Dd qui délire sinon nous tous, nous savons que tu ne peux pas le tromper sur un sujet aussi sensible, tu ne peux pas savoir comme Maman, Oumou et les autres membres de la famille regrettent d'avoir mis la pression à Dd pour qu'il épouse Bintou, Je n'étais pas d'accord mais Dd m'a formellement interdit de t'informer. Aicha je t'en prie, laisse tout tomber. Maman même a déjà compris son erreur. Nous allons t'aider à regagner ton foyer.
- quel foyer Rama? J'ai rencontré Dd, il y a une semaine. Il me faisait comprendre qu'il est prêt à m'accorder le divorce et honnêtement, je suis impatiente.
- Dd a changé. Bintou le domine. Actuellement, il nous prend tous comme ennemis et ne nous salue même plus.
- Gérez ça là -bas Rama, Ça ne me regarde pas. Je veux juste que tu m'aides à rassembler les membres de la famille pour que je leur présente la descendance de Dd. Au moins, on saura que je dis la vérité. Quand vous serez prêts, je vous indiquerai où je vis. Je suis partie Rama, On s'appelle.
Trois jours plus tard, Rama me rappelle. La famille est prête à venir chez moi le lendemain.
A suivre
