Charlie est une étudiante australienne quelque peu sauvage, qui manque cruellement de tact. Malgré tout, en raison de son physique avantageux et de son apparente confiance en elle, les hommes gravitent autour d'elle comme les particules de glace aut...
Accompagné de l'équipe de waterpolo au grand complet, Dan passe les portes du hall de l'Université avec une magnificence à couper le souffle. Le regard des étudiants qui supportent l'équipe se parsème instantanément d'un zeste d'admiration et d'une cuillère à café de jalousie, et je me retiens de rouler des yeux devant ce spectacle.
Pathétique.
Mais dans un sens, être capitaine d'une des plus fortes équipes de toute l'Australie, ce n'est pas donné à tout le monde. Et puis quelque part, je les comprends. Parce qu'après tout, que je le veuille ou non, Dan est mon ex petit-ami...
C'est la raison pour laquelle il faut que j'évite ce gars à tout prix.
Malheureusement pour moi, les dieux ou je ne sais quoi décident de me jouer un mauvais tour. En effet, je n'ai pas le temps de finir de fourrer mes calepins dans mon casier métallique rouge cerise, que j'entends au loin mon précieux prénom rouler dans sa bouche aux lèvres asséchées par le chlore :
— Charlie !
Mes épaules se crispent et je claque la porte de mon casier dans un mouvement agacé. Diantre ! Mon désir d'invisibilité n'est apparemment pas assez puissant. Mes yeux se mettent alors à la recherche d'un endroit où je pourrai m'enfuir au plus vite. Toutefois, le hall blindé par l'heure de pointe d'une Université gigantesque n'est peut-être pas le meilleur endroit pour prendre ses jambes à son cou.
La voix de Dan se rapproche lorsqu'il m'appelle une seconde fois et ce coup-ci, c'est une décharge de panique qui remonte le long de mon échine. C'est à croire qu'un éclair a pris la place de mes flux sanguins. Une goutte de sueur vient glisser le long de ma tempe et je serre les dents. Il faut absolument que je trouve une échappatoire à ce guet-apens et ce, au plus vite. C'est une question de vie ou de mort. Pourquoi ? Parce que je n'assume toujours pas de l'avoir plaqué publiquement lors de l'annonce-micro quotidienne de l'école.
Oui je sais, c'est mal. Mais c'est aussi diaboliquement ingénieux, non ?
Seulement, Dan n'est pas méchant. C'est tout le contraire d'ailleurs. Il ne mérite pas ce que je lui ai fait. Mais notre relation devenait trop...sérieuse pour moi. Je ne dois pas m'attacher. Je n'en ai ni la force, ni l'envie.
Soudain, une silhouette se met à clignoter dans le coin de ma vision prédatrice et je reconnais vaguement la figure d'un des gars de l'option athlétisme ; après leur séance, les étudiants ayant obtenu le plus mauvais temps ont le gage de courir sur le tapis de course de l'une des salles de musculation du campus. Le truc, c'est qu'ils vont à celle dans laquelle je me rends presque tous les jours. C'est comme ça que son visage s'est peu à peu inscrit dans ma cervelle : Apparemment, il arrive tout le temps en dernier.
Adossé aux casiers pas loin de ma position, il semble en grande conversation avec deux autres jeunes hommes. Bingo ! De ce fait, prise d'un élan de je ne sais quoi et parce que je sens que Dan arrive juste derrière-moi, je fais l'une des choses les plus stupides de toute mon existence.
Ainsi, j'attrape le semi-inconnu par les lacets de son sweat à capuche, je le tire avec brutalité dans ma direction et plaque mes lèvres contre les siennes.
Un peu comme deux astéroïdes qui traversent l'espace à toute vitesse et qui soudain, alors que rien n'aurait pu le pronostiquer, se heurtent l'un à l'autre. La même brutalité qu'une vague titanesque qui s'écraserait sans aucun scrupule sur une plage et dont l'écume et le sable mouillé, malgré la disparité de leurs composants, ne feraient qu'un. Ce que je ne peux pas non plus prédire, c'est si cet incident sera un véritable désastre, ou une magnifique poussière d'étoiles de mer.
Mais ce dont je suis certaine, c'est que cette stupidité va probablement me suivre toute ma vie.
À suivre...
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