Rencontres inadvertentes

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|| CHAPITRE 5 ||

« Chère Invindia,

Tu me vois navrée de te mettre au courant que tu es, selon le dire des nos parents, à présent en train de purger de ton précieux temps dans un couvent, ce qui te permettra de nous revenir par la suite en bonne et due forme. Mais, tu me vois ravie que tu te portes si bien, au vu de ta lettre sarcastique.

Je n'étais pas au courant malheureusement de ces manigances. Père et Mère ne se montrent que rarement ces temps-ci, et nous ne connaissons non plus la raison qui a entraîné ton départ forcé. Sache que je mène mon enquête au sein du palais. Discrètement, de toute évidence.

Une seule chose est confirmée : Rocheloin n'est archivé nul part comme un royaume allié. J'ai vérifié toute information, il n'y a pas de doute.

Sois prudente. Je ne vois pas à quoi cela reviendrait que tu résides en terrain ennemi, cependant, nous ne pouvons exclure cette possibilité. Je t'envoie des renseignements le plus vite possible, il me faudra toutefois un minimum de délai. S'introduire dans les archives ne s'avère pas plus facile que cela.

Je te tiens au courant ma sœur,

Princesse Amayelle.

PS : L'Auberge depuis laquelle je t'envoie ceci fait des pizpes à se damner, tu a-do-re-rais ! »


* * *


— Dis donc ! fit joyeusement la jeune Créature, quelle charmante école ! Nous avons décidément raté quelque chose durant cette dernière semaine !

La blonde qu'elle entraînait dans son sillage ne rétorqua rien, la tête baissée.

Après avoir dérobé une dose de nourriture suffisante pour un mois, les deux adolescentes s'étaient terrées dans leur chambre, pour ne plus en sortir. Effectivement, des recherches heureusement assez mal organisées s'effectuaient dans la totalité de l'Académie : qui avait osé écraser les trois pestes à l'aide d'un morceau de plafond ?

Si Junko s'était facilement habituée à cette vie d'ermite, Invindia s'était, de son côté, murée dans son silence, et avait dévoré ses parts quotidiennes en peu de temps – soit, une petite semaine. Résultat : elles n'avaient plus rien à se mettre sous la dent.

La Créature avait excusé Invindia facilement (bien que cette dernière n'ait quémandé le pardon), et usait de sarcasme pour s'en remettre – elle estimait cela nécessaire pour se remonter son propre moral. Décidément, son Altesse blonde était une vraie plaie ! Elles n'avaient, d'ailleurs, pas du tout abordé le sujet « cantine », puisque Junko avait facilement deviné que cela avait atteint profondément sa congénère, et ceci l'arrangeait tout du moins, ne voulant point lui avouer que c'était elle qui avait en réalité décroché le plafond, et par la même occasion, aplati le trio infernal en conséquence.

Bien qu'elle se régalait des mines dépitées d'Invindia, elle se demandait aussi « pourquoi un tel bouleversement ? ». La Princesse avait l'air dotée d'une tête dure, ainsi que d'un caractère d'acier. L'avis de jeunes filles frustrées n'avait pas à la toucher si particulièrement. À moins que cela ne signifie un point faible chez l'adolescente royale ? Il est vrai que tout le monde en détenait au moins un.

L'intimidation donc, nota soigneusement Junko.

En apprendre davantage sur les humains et leurs airs hagards était une source de jouissance. Il s'agissait décidément d'êtres bien fragiles.

ROCHELOINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant