Prologue

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  « Mon garçon ? Un poulet et deux chopes d'hydromel.

-Bien, monsieur. »

Les deux voyageurs s'assirent à une table dans un coin de l'auberge. Leur entrée ne passa pas inaperçue. Leurs corps étaient dissimulés dans de larges capes noires, les capuches étaient encore rabattues sur leurs têtes. Ceux qui avaient pu les voir de face remarquèrent qu'ils portaient chacun une épée à leurs ceintures et que leurs tuniques, noires également, arboraient une discrète étoile verte au niveau de la poitrine.

Quand ils retirèrent leurs capuches, tous purent voir qu'ils étaient blonds. Ceux qui s'essayèrent à deviner leur âge leurs donnèrent la cinquantaine, et il n'était pas difficile de comprendre qu'ils étaient frères. Leurs visages étaient marqués par les nombreux combats qu'ils semblaient avoir mené au cours de leurs vies respectives.

L'un d'entre eux parcourut la pièce du regard. On était en fin de matinée et la plupart des voyageurs présents ce jour-là attendaient qu'on leur serve le repas de midi. Il y avait peu de monde sur les routes, comme c'était le cas en temps de guerre :

« Ah ! Thomas ! S'écria un homme assis un peu plus loin. »

Les témoins remarquèrent aussitôt que ce dernier portait la même tenue que les deux arrivants. Il se leva et les rejoignit :

« Bonjour, maître Hitz. l'accueillit calmement le premier.

-Bonjour, maître. Bonjour, Richard. Vous revenez de Montlouis, n'est-ce pas ?

-Tout à fait.

-Alors, ça y est ? La guerre est terminée ?

-Oui, répondit Thomas en parlant bien fort pour que toute la pièce l'entende. Le roi d'Angleterre a fait la paix avec ses fils. »

Il y eut plusieurs cris de joie dans les clients et dans le personnel de l'auberge. Plusieurs levèrent leurs verres, d'autres vinrent voir les trois hommes pour en savoir plus. Mais une exclamation de l'aubergiste détourna leur attention :

« Tournée générale ! »

Après avoir trinqué plusieurs fois, Thomas, Richard et Hitz reprirent leur table :

« Quels sont les conditions du traité de paix ?

-Les fils du roi se sont réconciliés avec lui, le roi de France s'est retiré. Pas de grand changements pour l'instant, mais il reste au roi d'Angleterre de nombreux seigneurs rebelles prisonniers dont il doit décider de ce qu'il adviendra des terres. Le roi de Normandie doit aussi traiter le cas du comte de Chester. La guerre est finie, pour nous, en tout cas.

-En tout cas, vous pouvez être fiers de vous. L'ordre a tenu son rang et a empêché de nombreux excès.

-Trop peu à mon goût. Nous n'avons pas réussi à éviter les pillages de Verneuil, de Nottingham et de Norwich.

-Tout ces méfaits ont été commis par les rebelles. Ayez au moins la satisfaction d'avoir aidé le bon camp. C'est grâce à vous que le siège de Rouen a été levé sans effusion de sang. Quant à vous, Richard, vous êtes devenu un héros en Angleterre. N'avez vous pas vous-même guidé les troupes royale vers la victoire à Alnwick et capturé vous-même le traître Robert de Beaumont ?

-Je vous remercie pour ces compliments, Hitz. Mais vous savez bien que mon rôle implique de rechercher où nous avons échoué.

-Je sais bien, mais nous n'empêcherons jamais complètement la guerre de faire des victimes innocentes.

-Hélas, nous avons choisi une voie bien difficile à suivre. Le temps était sûrement plus simple quand les edelvargs se contentaient de chasser les magiciens.

L'odyssée des JoraeningsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant