1174 - Suite à une série d'hivers extrêmement rigoureux, les joraenings sont un peuple décimé dans lequel ne reste que quelques milliers d'habitants affamés. Leur dernier espoir est de construire une flotte suffisamment importante pour embarquer les...
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Thomas avait quitté Mosjen le sept novembre, pour embarquer à Harfleur le lendemain sur un navire edelvarg à destination de l'Irlande.
Après six jours de navigation, il débarquait dans le port de Dubh Linn d'où il chevaucha pendant encore cinq jours vers le nord.
Le château edelvarg de Glasrinn ressemblait de loin à une toute petite forteresse construite, au bout d'une pointe rocheuse et au bord d'un à pic vertigineux de près de deux cents mètres.
Un petit rempart en protégeait l'unique accès terrestre, derrière lequel se trouvait une tour. Cet endroit était le premier château qu'avait possédé l'ordre des edelvargs. Il était situé près de l'endroit ou avait débarqué l'armée des mages noirs plus de mille ans auparavant. Ignorant tout de l'origine de cette armée, l'empereur avait confié la défense de cette modeste place forte à cet ordre nouvellement créé.
Une fois devant les portes, Thomas fut interpellé par une jeune edelvarg :
« Qui va là ?
-Thomas Highberg.
-Vous êtes le grand maître ? Répondit-elle, plus surprise que méfiante.
-Lui-même. »
Les portes s'ouvrirent quelques secondes plus tard et il vit face à lui une jeune fille, probablement une apprentie commençant sa formation :
« Bonjour, maître. Dit-elle en s'inclinant maladroitement. Que puis-je faire pour vous ?
-Bonjour, Maître Karsten est ici ?
-Oui, c'est mon maître. Suivez-moi. »
Elle le guida jusqu'à la tour d'où un escalier descendait jusque dans les profondeurs de la falaise. L'essentiel du château était invisible depuis la terre mais l'était beaucoup moins depuis la mer. Dans la falaise, étaient creusés sept niveaux de galeries abritant tout ce dont un château a besoin : Vivres, armes, matériel, chambres, cuisines...
La jeune apprentie guida Thomas jusqu'à une forge où se trouvait entre autres un homme au corps très fin et au visage sympathique. Quand il les vit, il interrompit son activité et se dirigea vers Thomas :
« Comme c'est bon de se revoir.
-C'est un plaisir partagé, mon cher.
-Quel bon vent vous amène ?
-Malheureusement, pas si bon. Puis-je vous parler en privé une fois que vous aurez du temps ?
-Bien sûr. Sora va vous guider jusqu'à mes appartements.
-Sora ? Ne serait-elle pas la cousine de Gareth Atrecht ?
Quand elle entendit que le grand maître avait parlé d'elle, la jeune fille rougit :
« C'est exact, maître. »
Les appartements de Karsten était assez peu luxueux pour ceux d'un commandant de château, mais tout de même assez confortable. Alors que Thomas profitait de l'attente pour se reposer, Karsten abrégea ses obligations pour le rejoindre :
« Je vous écoute.
-Il s'est passé quelque chose d'étrange à Mosjen, d'étrange, d'inexplicable et de dangereux. Une magicienne est née au sein de l'ordre de deux parents non magiciens.
-Vraiment ?
-Il s'agit de Nancy. »
Karsten hésita un instant :
« Comment est-ce possible ?
-Si seulement je le savais...J'ai tenté de le cacher mais ses problèmes de comportement font qu'elle ne comprend pas le danger qu'elle court et elle a fait de la magie devant un habitant du château.
-Il ne l'a pas dénoncée ?
-Non, heureusement, il s'agissait du petit Gareth Atrecht, et il s'est lié d'amitié avec elle, donc je suis pratiquement sur qu'il ne la dénoncera pas. Ce qui m'inquiète plus, c'est qu'est-ce qu'une telle naissance peut signifier ? -Je l'ignore, mais c'est ici que se trouvent les plus vieilles archives de l'ordre. Il est fort possible d'y trouver des informations.
-Je sais que les archives contiennent principalement des ouvrages sur l'histoire de la magie. Celles sur son fonctionnement ont été détruites il y a longtemps. Je recherche avant tout un endroit susceptible d'abriter encore des magiciens vivants.
-Allons voir. »
L'histoire des edelvargs était passionnante. Sur les trois derniers siècles, il s'agissait principalement de récits sur les médiations d'edelvargs entre des puissances cherchant une issue à un conflit.
Mais ce qui intéressait Thomas se trouvait au-delà, à l'époque des derniers empereurs occidentaux. Là, se trouvaient plutôt des récits narrant la traque de magiciens tous décrits comme des monstres assoiffés de sangs poursuivit par des edelvargs rasant des villages entiers de magiciens tout en étant décrit comme de preux chevaliers défenseurs de la foi.
Thomas et Karsten prirent beaucoup de notes et firent une liste de lieux ayant été nettoyés moins méthodiquement ou plus récemment.
Dans les alentours, le plus proche se trouvait en Bretagne, dans la forêt de Brocéliande. Toutes les informations sur cette endroit et les histoires et les légendes qui y étaient liés laissaient à supposer que des magiciens s'y trouvaient encore :
« On y va.
-Tu veux dire, maintenant ?
-Le plus vite possible. »
Karsten prit le temps d'expliquer à Sora pourquoi il ne souhaitait pas l'emmener avec lui : « Pour faire simple, la fille de maître Thomas détient quelque chose qui la met en grand danger. Ceux qui sont au courant risquent également de graves ennuis si tout cela se répand. Je ne veux pas que tu te mettes en danger pour ça. Donc, tu resteras ici. -C'est quand même mon cousin... -Je sais, mais fais moi confiance, moins tu en sauras, mieux ça sera. »
La voix de Karsten était devenu impérieuse, presque plus qu'il ne l'aurait voulu car Sora le regarda avec une légère déception. Il ajouta pour se faire pardonner : « Je vais demander au commandant en second s'il peut faire en sorte que tu passes quelques temps dans ta famille en attendant mon retour. »
Elle sourit, acquiesça et le salua, toute heureuse de pouvoir revoir le petit duché de son père dans les îles Féroés et ses frères âgés de trois et cinq ans.
