Dans la forêt : Un nouvel équipier

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— Regarde, sur le haut de la croix !... Je crois que c'est un indice.

Bethany se rassit complétement pour laisser la place à Matei de vérifier ses dires.

— Tu as raison. Si nous n'avions pas été positionnés ici, nous n'aurions jamais pu le voir ; on peut espérer que personne d'autre ne l'a vu. Attendons un peu pour être sûrs.

Bethany hocha encore la tête, ravie d'avoir enfin servi à quelque chose. Se sentant pousser des ailes grâce à toute cette excitation, elle prit même l'initiative de proposer :

— Tu pourrais... euh, (-hum-) rester ici et moi j'irais le chercher, au-au cas où si quelqu'un me surprend...(hum-hum) Tu pourrais...

La voix de la jeune fille s'éteint dans sa gorge mais celle de Matt reprit naturellement la phrase, sans relever le trouble de Beth.

— Te couvrir, d'accord. Mais tu seras capable d'escalader la croix, avec ton bras ?

Bethany porta automatiquement sa main à son épaule gauche qu'elle frotta nerveusement. Elle ne s'était pas plainte pourtant, mais ça ne l'étonnait même plus du jeune garçon d'avoir remarqué ça.

— Il me fait encore un peu mal, mais la douleur a bien diminué depuis tout à l'heure.

Les deux adolescents attendirent encore quelques minutes avant de mettre leur plan à exécution. Il ne restait plus personne dans la clairière. Bethany se leva, toujours légèrement pliée en deux, et commença à dévaler précautionneusement la pente douce jusqu'à arriver au bord de l'à-pic. Elle s'accroupit et étudia l'escarpement. La tranche, quasi verticale, tranche de terre, de pierres et de racines, plongeait sur une petite dizaine de mètres avant de retrouver un sol plat et couvert de litière végétale. Si elle sautait directement, c'était une entorse assurée, voire une fracture. Bethany avait pas mal d'expérience à force de crapahuter dans l'immense parc du domaine des Parker et elle chercha autour d'elle un passage qui lui permettrait de descendre sans dangers. Ses yeux s'arrêtèrent sur un vieux chêne tordu dont les longues branches s'aventuraient bien au-delà du vide. Juste en-dessous, un énorme rocher d'un peu plus de deux mètres de haut émergeait du mur de terre tel un iceberg hors de l'océan : il pourrait faire figure de plateforme intermédiaire. Ce n'était pas exactement "sans dangers", mais ça ferait l'affaire.

Bethany s'éloigna du bord et courut sur une cinquantaine de mètres pour rejoindre son passage d'infortune. Escalader l'arbre ne fut pas très difficile ; le chêne avait de nombreuses branches basses qui lui permirent de se hisser sans difficultés. Elle grimpa agilement jusqu'à la branche la plus longue, où elle s'assit à califourchon et entreprit de se déplacer en glissant sur les fesses et se tractant avec les bras. Elle avança ainsi le plus possible, jusqu'à sentir que la branche s'abaissait sous son poids, mais avant d'entendre des craquements. Bethany regarda le sol sous ses pieds, qui lui semblait bien lointain. Heureusement, si la triste existence de la jeune fille s'était vue épargnée d'au moins une phobie, c'était bien celle des hauteurs. Elle localisa son caillou, prit une rapide inspiration et se coucha sur sa branche qu'elle enlaça de ses bras.

Elle descendit alors prudemment un pied dans le vide, suivi du deuxième, laissant son poids la porter vers le bas, pendue par ses bras. Elle baissa la tête. Le sol n'était pas beaucoup plus près, mais le rocher semblait atteignable. Elle inspira lentement, une fois, deux fois, se répéta : ce n'est qu'une simulation, simulation, simulation... Et lâcha. Le vent souleva brièvement ses cheveux avant que ses pieds ne heurtent la pente, qu'elle dévala sur les fesses jusqu'à être bloquée par le rocher. Une fois stabilisée, elle attendit qu'une vague de douleur remonte dans ses jambes – rien. Elle avait étonnement bien calculé son coup. À part quelques égratignures sur les fesses,  rien de grave à déplorer.

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