Chapitre 5 : Seuls

84 2 4
                                    

Alors que le remous régulier des vagues faisait tanguer le bateau et que le vent du large terminait sa course sur mon visage, la fraîcheur du temps en pleine mer me réveilla enfin. Vérifiant n'avoir pas rêvé pour la troisième fois au moins, mon regard alla des affaires à la jeune femme en elle-même qui ne semblait pas perturber le moins du monde par la situation. Elle avait fait tout cela comme si c'était naturel, et continuait d'agir ainsi, se déplaçant des cordages à la poupe. Les idées encore besoin d'être éclairci, je repris ses derniers mots.

- Au fait, comment ça tu ne pouvais pas me laisser y aller tout seul ? Je suis parfaitement responsable !

- Tu plaisantes ? Tu arrives toujours à te fourrer dans des situations pas possibles.

- Mais c'est parce que Bertrade est toujours là à m'emporter dans ses sales coups ! Moi, je suis juste là au mauvais endroit au mauvais moment.

- Si tu penses comme ça pour tout, c'est mal parti. Heureusement qu'il y a quelqu'un pour équilibrer la balance parce que la chance et toi, ça à l'air de faire deux.

- Je te ferai remarquer que tu te fais souvent prendre dedans aussi. Mais au fait, ce n'est même pas une excuse valable. Tu es la fille du chef ! Tu ne devrais pas être là ! Et puis, comment tu as fait pour le convaincre d'abord ?

- Ma mère s'en chargera ! Ça ira !

- Attends, tu veux dire que tu es parti comme ça ? Sur un coup de tête ?

Presque le visage livide, l'inquiétude de devoir supporter la foudre paternelle me vint soudainement.

- Bien-sûr que non, j'y ai beaucoup réfléchi mais si j'avais dû en parler à mon père, on serait encore sur Beurk pour une semaine. Et vu que Monsieur était pressé, j'ai dû faire avec.

Jetant presque mon visage contre ma main droite, je fis violemment claquer le tout.

- Par tous les dieux, je suis mort.

- On va éviter, c'est un peu pour ça que je suis là à la base.

- Tu n'as vraiment pas confiance, hein ?

- Pas le moins du monde !

Je soupirai, vaincu. Alors que j'affichais une mine désespérée, elle s'approcha de moi l'air toujours aussi amusée.

- Je plaisante !

- Vraiment ? J'en doute.

- Comme tu veux.

Haussant les épaules, elle se retourna, posa les mains sur le bois du navire et se plaça de telle sorte à pouvoir admirer le paysage dans sa globalité.

- De toute façon, ce voyage vaut le coup. Tu te rends compte ? Nous qui n'avons presque jamais quitté l'île, nous sommes complètement libres d'aller où on veut !

Elle engloba tout son champ de vision en un mouvement de bras, perdu dans une contemplation admirative. De mon côté, tout aussi perdu qu'elle mais dans mes propres pensées, je prononçai tout haut une sensation que j'avais sans vraiment là comprendre moi-même.

- Ce n'est pas ça la vraie liberté...

- Hum ?

- Pardon tu disais ?

Nous nous regardions à nouveau, notre conversation qui ne menait plus nulle part provoqua alors un fou rire général. Ce n'est que lorsqu'on finit par se calmer qu'elle ajoutât.

- Au fait ?

- Oui ?

- On commence par quoi ? Tu as une idée d'où se diriger pour l'instant ?

Rolf - Une nouvelle épopéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant