Une vie d'art et d'amour (Tome 2)

chapitre 8

Chapitre 8 :

Nous voilà au 18ème mois, soit presque un an et demi que je suis dans cette compagnie à faire ce que j'aime. Je suis toujours avec Léo, cela fait maintenant presque 7 mois que nous sommes ensemble à vaquer d'un appartement à l'autre. Il arrive à me donner confiance petit à petit sur ce que sont les sentiments. Même s'ils ne sont toujours pas présents pour lui j'aime passer du temps avec lui. Nous sommes devenus le vrai petit couple d'artistes, on peint ensemble, on lit ensemble, on joue de la guitare ensemble et on tente de cuisiner à deux, je dis bien tenter de cuisiner car malgré les cours qu'il me donne ce n'est pas toujours ça. Aujourd'hui nous avons encore une exposition, elles sont devenues plus courantes ces derniers temps, c'est bien pour se faire connaître. La dernière fois c'est Emma qui s'est faite remarquer par une grande galerie d'Amsterdam. Je suis dans mon appartement en train de lire un livre et Léo est parti chercher le pain ainsi que quelques courses pour la semaine. Je pose mon livre car j'ai reçu une notification sur mon téléphone, je le déverrouille et vois que c'est une story Instagram de Logan. Je l'ouvre et je les vois tous réunis sauf Louna, même Alycia y est, elle a l'air de bien aller, d'être heureuse ; je me dis qu'après tout je suis bien ici, avec mon Léo et ce stage. Ils me manquent tous, vraiment beaucoup mais je ne sais pas si un jour je partirai d'ici, l'idée de venir m'installer définitivement en France m'a déjà traversé l'esprit. Après tout je me sens bien avec Léo et tout est simple, pas de jalousie et encore moins de dispute. Il est toujours aux petits soins et il me soutient chaque jour, son côté meilleur ami n'est jamais parti et c'est aussi ça que j'aime dans notre relation. La porte s'ouvre et je vois mon copain arriver en trombe du couloir :

-Mady vient m'aider pour les courses s'il te plaît, ça va tomber par terre ! Dit-il en rigolant.

-Ne te tape pas une barre aussi ! Sinon c'est sûr qu'en rigolant tu vas tout faire tomber ! Dis-je à mon tour en rigolant.

-Tu peux me tenir ça s'il te plaît ? Il me tend des gros cartons.

-Oui mais c'est quoi ?

-Des verres et des assiettes que ma mère voulait jeter, du coup je les aie récupérés !

-Bonne idée ! Ça nous fera plus de vaisselle, il nous manquait des verres en plus.

Je porte le gros carton jusqu'à l'îlot central de la cuisine et je le dépose dessus, Léo pendant ce temps range les courses dans mon frigo. J'ouvre le carton et range cette nouvelle vaisselle dans les placards, c'était un jour qui avait commencé de manière banale. Comme tous les matins nous avons nos cours d'art, certaines techniques que nous a appris Daniel reviennent parfois pour qu'on puisse les améliorer voire les travailler à la perfection. La première leçon que notre patron nous a appris c'est que rien n'est parfait dans l'art et c'est ça qui rend chaque tracé unique. Les deux heures se finissent et notre patron nous informe qu'une nouvelle exposition a lieu aujourd'hui mais que nos œuvres sont déjà prêtes et sélectionnées à l'avance. Toute la troupe mange ensemble ce midi, c'est dans ce même restaurant que Léo et moi avons annoncé notre relation il y a déjà quelques mois de cela. Les discussions sont diverses aujourd'hui, celle de Clothy m'intéresse, elle parle de partir en Angleterre avec son copain pour ouvrir un bar galerie, un hybride entre le bar et une galerie donc. L'idée est plutôt pertinente et cela la lancera dans la carrière de l'immobilier ainsi que de l'art ce qui est favorisant pour son projet d'ouvrir une grande galerie plus tard. A vrai dire c'est notre rêve à tous ici, construire pas à pas notre galerie et exposer nos œuvres ainsi que celles d'autres grands artistes. Un endroit qui serait le nôtre et qui serait à notre image artistique. De nos jours et grâce à ce stage nous pouvons tous vivre de l'art mais qu'en sera-t-il de l'avenir ? Arriverons-nous tous à tracer notre voie à travers l'art ou certains abandonneront et changeront d'avenir et de destinée ? J'aimerais voir l'évolution que chacun va avoir, comment ils arriveront à traverser les épreuves et comment ils finiront. Mais je sais qu'à un moment nous allons tous être séparés et cela fera comme avec mes amis de Santa Barbara, un grand trou vide. Nous sortons du restaurant et nous rendons à l'exposition. Le thème principal est l'avenir, il colle parfaitement avec ma réflexion tiens, en même temps c'est un bon sujet. Je me rappelle que pour ce projet j'avais vu les choses différemment que les autres, ils étaient tous partis sur l'idée du futur alors que moi j'avais réalisé un mélange entre les trois temps : le passé, le présent et le futur. J'y avait vu comme une sorte de question philosophique, on remercie mes cours de terminale pour ça. Mon mélange se basait sur cette idée : chaque action du présent ou du passé a une répercussion sur ce que l'on appelle l'avenir. Le futur peut-être plus proche que l'on ne le pense, nous pouvons mourir demain et notre vie prendrait fin ainsi que la notion d'avenir. Je pense que rien n'est prédéfini, tout peut changer par le biais d'une action, voire d'une rencontre. On arrive devant la galerie et Sasha nous ouvre la porte, les invités sont de plus en plus nombreux à chaque exposition, le monde qui grouille devant nos œuvres est impressionnant, à en donner le tournis même. Je vois des visages qui me sont familiers et d'autres totalement inconnus, des femmes et des hommes parlant d'art et de techniques. Chacun partage ses avis sur le sujet, les œuvres et les manières de faire, mais personne ne connaît la véritable inspiration de l'artiste lors de la création de son tableau, avec le recul toute cette mascarade est amusante à voir. La journée passe et comme à son habitude Daniel Templon nous fait un chaleureux discours de remerciement ainsi qu'aux invités qui sont venus. J'allais sortir quand on me retint par le bras, je me retourne et mon patron me fait face, il aborde une expression dure mais aussi affaiblie, je vois que quelques chose le tourmente mais je ne sais pas quoi. Derrière lui, une silhouette de femme se glisse à travers les derniers invités qui sont restés pour finir leurs discussions avec mes collègues. Mon sourire s'élargit quand je la vois arriver devant moi toute souriante, je ne pensais la revoir ici, à Paris. Elle arrive à notre hauteur et soudain je me pose la question du pourquoi elle est ici, que vient-elle faire dans cette galerie, est-elle venue me rendre visite ? Avec son naturel et son air décontracté elle me sourit et me dit:

-Alors Mady contente de revoir ta vieille amie ?

-Et comment ! Tu m'as tellement manquée ! Mais pourquoi tu es ici ?

Mes questions cessent quand mon patron reprit la parole et la coupa dans son élan :

-Elle est ici pour te ramener chez toi Mady.

-Comment ça... Le stage dure deux ans, je ne comprends pas...

-Je suis très fier de toi Mady, tu as énormément progressé durant cette année passée à nos côtés. J'ai vu le potentiel que tu pouvais donner à travers une œuvre et l'acharnement que tu mets dans ton travail. Je serai toujours ton mentor si tu le souhaites mais je dois te laisser faire ta carrière seule désormais Mady...

-Mais... Cela veut dire que je ne fais plus partie du stage ?

-Oui Mady, tu... Tu es virée.