Elle sentait le lichen, pourrir sur ses os, proliférer sur ses membres.
Sous son épiderme, directement à même sa chair à vif, elle sentait la brûlure de la pourriture.
Les extrémités de son corps se faire dévorer par l'acide des milliers de bactéries qui avaient fait d'elle une prisonnière vivante, d'une cage rappelant une vierge de fer, en combinaison moulante.
Ces champignons lichénisants, qui l'avaient complètement recouverte. Dévorant ses chairs, pénétrant les moindres recoins de ses intimités, vers des dégâts si irréversibles; que même si on la sauvait in extremis, ni dieu ni aucune autre farce ne saurait lui redonner les morceaux de viande qui manquaient à présent à son corps. Des trous sanguinolents perçaient dans son corps, laissant à voir des lacs miniatures de sang coagulé, des cratères de chair putréfiés, qui avaient éclatés tels des fleurs en éclosion.
Prisonnière de... cette cave ? Cette voûte ? Depuis des années. Elle avait arrêté de lutter. Pas de rats, pas d'insectes, juste ce lichen. Elle ne savait quand elle allait mourir ni ce qui en serait la cause directe. Arrêt de fonctionnement des organes ? Lichen ayant atteint un organe vital ? Empoisonnement du sang ? Elle ne savait.
Elle avait tout oublié. Elle ne savait même pas si son état était normal, si elle n'aurait même pas dû déjà mourir. Allongée depuis si longtemps, ses muscles presque atrophiés, une faim absente dévorante et une dignité exsangue et souillée. Elle avait tout oublié. Elle voulait juste que tout s'arrête. Tout ce qu'elle avait subi depuis toutes ces années.
Elle ne souvenait plus 'd'avant', de 'pourquoi' de 'comment'.
Il y avait le lichen.
Juste le lichen.
Qui lentement la ramenait à la nature, la fossilisait.
La retournant vers la mort, vie dont elle n'aurait jamais dû émerger.
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