Rose M

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J'étais une rose

De 25 ans aux éclats

Je ne sais pas à quel état de développement j'en étais, honnêtement

Mais je pense que j'étais très développée.

J'avais fini un énorme cycle de ce que la société humaine impose. J'étais élevée spirituellement. Lucide. Déjà énormément. Et pile depuis quelques mois je m'épanouissais physiquement. Nouvelle vie, nouveau corps. Et tu étais une partie de ce renouveau. Une immense part. Une part qui comblait un vide primordial en moi.

Mais si en surface, la fleur était belle, même si meurtrie car entourée de ronces. Si l'herbe était verte, tendre et ployait soyeusement sous le vent. J'ai mis du temps à comprendre que sous terre, mes racines baignaient dans une eau croupie. Emplie d'insectes gargouillesques, moisissant mes racines, empoisonnant mon eau, dévorant mes chairs à la base. Me retenant enfouie sous terre, dans ce monde Dantesque en leur compagnie, tandis que chacune de mes pétales se battait de toutes ses forces pour s'élever encore et encore plus vers le soleil.

Et tu as tout détruit. Plus que piétiné. Tu as tout arraché, coupé né à la racine, au niveau du sol. Et sans même un regard, sans même y penser, tu as jeté mon cadavre entier à quelques centimètres de mes racines moisies.

Voici, telle que tu m'as laissée.

Mon Amour.

Pendant que tu partais cajoler puis arracher d'autres fleurs.

Mais tu as détruit la plus belle de toutes.

Mais le problème vient de la racine. Tu ne pourras jamais entièrement annihiler cette force, cette essence vitale, de la vie même, que j'ai en moi.

Je vais purifier cette eau. La guérir. Elle ne sera jamais de cristal. Elle sera toujours à minima terreuse. Obscurée. Car je n'ai pas choisi la terre où je me pousse.

Mais je nettoierais de toute mes forces, autant que je le peux, ces racines.

Avant de me ré-élever.

Pendant que toi bébé, tu sera le même, et vieillissant en prime.

Je ne serais plus jamais la même fleur.

Je serais une espèce encore plus évoluée.

Je ne sais moi-même pas encore quoi. Les vents, les tempêtes, les soleils, les pollens, me façonneront.

Mais la force brute c'est moi. Moi c'est moi. Et je me suffis à moi-même.

Tu n'as même pas de racine.

Et même si tu as jeté mon cadavre se desséchant sous le soleil impitoyable, même si mes racines croupissent dans une eau plus que fangeuse.

Tu ne sais pas ce que j'ai déjà traversé. Tu sais. Pour cette vie. Pour des bouts d'autres. Et tu t'en fous. Mais Ô bébé, tu ne sais pas, pour tant d'anciennes vies, et de destinées. Crois-moi.

C'est en moi. Ça a toujours été en moi. Tel un dragon cache en son sein la gemme magique de son pouvoir.

Chaque seconde de ma vie, même anéantie, empoisonne, tuée, disséquée, carbonisée, vaut mieux que ta vie entière.

Je deviendrais, je suis en train, en prenant le temps de germer, de devenir une nouvelle fleur.

Une toute nouvelle espèce.


My Contemplative Pure GazeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant