'Es-tu heureuse?'

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Il y a une chose qui m'a toujours interrogée. Une chose que je n'ai jamais comprise, une chose que j'ai toujours haï :

Pourquoi ne demandes t-on jamais aux gens s'ils sont heureux ?

Quand on rencontre quelqu'un, les premières questions qui tombent sont toujours : qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Que veux-tu faire plus tard ? Combien d'ex as-tu eu ? Es-tu en couple ? Mariée ? Des enfants ?

Quand on revoit quelqu'un que l'on connait bien les questions sont : alors le boulot ? Les enfants ? La santé ? Comment ça se passe au lit ?

On parle de sujets dont on devrait pas. On demande à une personne comment vont les amours, alors qu'actuellement ça se passe peut-être mal, et qu'elle est hyper sensible à ce sujet en ce moment. Et quand bien même ça irait bien, cela ne nous regarde pas.

On parle de nos exs, on parle de sexe, de sujets profondément intimes, comme on parlerait du loto ou du marquage de routes. On désacralise, on banalise, on se confie aux mauvaises personnes, obligées de répondre. En finissant par se persuader que cela est normal, en essayant de se convaincre que ces détails intimes ne deviendront pas un coup de couteau dans le dos.

Etant étudiante, j'ai vécu cela plus que quiconque. 'Tu fais quoi comme études?' 'Tu veux faire quoi plus tard ?' 'Tu vis seule dans un 20m2 ?'.

Pas une seule fois, on m'a demandé 'Es-tu heureuse ?' 'Ta classe est sympa ?' 'Tu te sens bien dans cette ville ?'.

Et cela me choque profondément. Quand je rencontre quelqu'un, jamais je n'irais lui poser de questions indiscrètes. Ce qui peut vous non sembler non indiscret peut très bien l'être. Jamais je ne demanderais quelque chose d'aussi impersonnel. Pas simplement par refus de ce système commun que je viens d'énumérer, mais bien par naturalité.

Comme tout le monde, quand je rencontre quelqu'un que je ne connais pas, je ne vais pas y aller de but en blanc. Je vais poser des questions d'approches, pour entamer le dialogue et la relation certes, mais des questions sur ce qu'est vraiment la personne. Pas son CV, pas sa façade de profil Facebook non. L'esprit c'est 'discutions, apprends-moi ce qui fait tu es toi.'

Et rapidement, une des premières questions qui me vient à l'esprit c'est 'cette personne est-elle heureuse ?'. J'ai ma propre conception de 'l'heureux', de que je distingue selon moi du 'vrai bonheur' et du 'bonheur'.

Bien sûr je ne demande pas cette question au début. Parfois je ne la demande jamais. En revanche je devine, je ressens, je suppose, je comprends. Presque toujours juste. Et parfois, sans même que l'autre personne le sache, je deviens un petit lutin, une petite fée, qui essaie de s'adapter à ses manques, ses besoins : rien de contraignant, rien qui ne me fasse pas être moi-même. Juste de petites choses qui l'aideront à mieux se réceptionner, à se sentir mieux, ne serait-ce que quelques secondes, lorsque nous sommes ensemble.

Quand je connais la personne plus intimement, parfois au bout de plusieurs mois, de plusieurs années ou parfois pas, je lui demande, je lui pose clairement et distinctement la question : 'Est-ce que tu es heureux?' 'Est-ce que tu es heureuse ?'. Pas par curiosité malsaine, généralité ou ennui comme font la plupart des gens; mais vraiment parce que cela m'importe.

J'aimerais qu'un jour, une personne, qu'elle soit lambda, proche ou pas, présente une heure ou pour toujours dans ma vie me pose cette question.

'Mélodie, es-tu heureuse ?'

'Mélodie, es-tu heureuse ?'

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My Contemplative Pure GazeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant