Chapitre 2

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J'entends bien que quelqu'un frappe à ma porte, mais je suis trop fatiguée pour me réveiller. Hier, nous avons passé la soirée à regarder les épisodes d'une série brésilienne, ainsi qu'à s'amuser sur plusieurs jeux de société, avec Alaric et maman.

Résultat : je me suis endormie à vingt-trois heures, sans savoir si Al avait triché ou non aux cartes. Je sais que même après m'être endormie, ils sont restés éveillés et ont passé le reste de la soirée ensemble, en amoureux. Le visiteur se fait insistant et je crie nonchalamment à cette personne d'entrer.

J'aperçois alors Simon, habillé d'un simple T-shirt blanc, assorti à un short en jean bleu, accompagné de tongs. Il va sûrement aller se balader dehors.

"-Salut toi !" me lance-t-il en souriant. Je lui tourne le dos et enfouis ma tête sous mon oreiller.

"-Enlève les chaussures",  lui dis-je sèchement.

Après tout, il n'a pas le choix s'il veut entrer, puisque ma chambre est remplie par mon matelas. C'est une pièce exiguë, à peine plus grande qu'une douche, avec pour seules décorations, diverses images accrochées au mur et plusieurs plantes occupant le peu d'espace libre sur le rebord de la fenêtre, ouverte toute la nuit à cause de la chaleur étouffante de l'été.

Comme il n'y a pas un seul mètre carré de sol nu, il est obligé de se débarrasser de ses tongs pour la propreté de mes draps. Il s'exécute et s'assoit près de moi.

"-Je suis désolé de t'avoir lâché hier. J'ai eu une urgence.

-Je ne me souviens pas t'avoir dit que j'étais contrariée", je lui réponds avec désinvolture.

"-Peut-être, mais j'ai croisé le fermier ce matin et il m'a passé un bon savon", rigole-t-il doucement. Je me mords la lèvre inférieure, maudissant Alaric de ne pas savoir tenir sa langue.

"-Il ne sait pas de quoi il parle. Je comprends que tu veuilles passer la soirée avec ta petite amie, je ne t'en veux pas.

-Comment ? Tu ne fréquentes aucun garçon."

Je lui lance l'oreiller à la figure, vexée par sa remarque, même si elle est véridique et sors en trombe de ma chambre. Voilà, ma matinée est gâchée. Il me suit sans difficulté et me bloque le chemin.

"-Quoi ?"je lui demande sur ton froid.

"-Viens à la crique avec moi aujourd'hui.

-Non.

-Pourquoi pas ?

-Tu vas encore me laisser toute seule pour passer du temps avec tes amis.

-Donc tu étais fâchée hier !" s'écrie-t-il d'une voix triomphante.

Consciente que je lui ai avoué mes sentiments, malgré moi, je lui donne un coup de pied à la cheville. Il se recroqueville et j'en profite pour m'échapper dans la salle de bain.

Mon propre reflet me choque profondément. Mes yeux sont cernés par le manque de sommeil et mes longues boucles noires sont aplaties et emmêlées. Seigneur, c'est cette tête-là que Simon vient de voir ! Je saisis une brosse et me bats avec mes cheveux pendant qu'il tente d'ouvrir la porte.

"-Allez s'il te plaît, ouvre-moi Ed !" Supplie-t-il.

Je l'ignore, trop occupée par ma crinière, que je n'ai jamais comprise. Il y a des jours où elle coopère et boucle parfaitement, puis il y a ceux où elle... Ne ressemble à rien. Malheureusement, aujourd'hui est une journée maudite. Et comme si ça ne suffisait pas, j'ai un stupide garçon à mes trousses.

SmokeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant