Chapitre 1, Arc 1 : L'effet papillon

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Dans les livres, l'amour semble toujours tout résoudre et assure le bonheur de tout le monde. Il suffit que le prince embrasse la princesse pour qu'elle se réveille et vient la fameuse phrase : « ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ». Vraiment, ce genre d'histoire ne manque pas dans la librairie de maman.

Elle devrait investir dans des intrigues un peu plus excitantes, plus « peps » comme Simon le dit si bien. Mais bon, après tout, c'est ce que la clientèle veut et les affaires marchent plutôt bien. Le problème, c'est qu'il n'y a plus rien de nouveau à lire et je suis obligée d'attendre trois mois pour que la prochaine livraison arrive. Je vais devoir prendre mon mal en patience et me rabattre sur les magazines de jardinerie, dont les dames âgées raffolent...

Je jette un petit coup d'œil à la pendule, accrochée au-dessus de l'entrée de la boutique : quinze heures cinq. Cet idiot avait promis d'arriver à quinze heures pétantes et il est déjà en retard.

Agacée, je descends du tabouret et fais le tour du comptoir, pour ranger le Danielle Steel que je lisais plus tôt. Ce n'est pas dur de lui trouver une place, puisque la librairie, à peine plus grande que notre appartement au-dessus, est déserte. Comme ce sont les vacances, les étagères sont vides, dévalisées par les villageois avides de passer le temps.

Quand la rentrée sera proche, ils reviendront en masse pour tout rendre et je serai obligée de passer plusieurs heures à enregistrer et ranger tous les ouvrages empruntés.

Ce n'est pas que cela me déplaise, mais si au moins ils prenaient la peine de venir deux jours avant, mais pas la veille, ça m'éviterait une surcharge de travail. Je soupire pour faire passer le temps, ne serait-ce que quelque secondes. Un dernier regard vers l'horloge : quinze heures quinze. Bon, tant pis pour lui, je partirai toute seule.

A peine ai-je retourné la pancarte sur « fermée » que je vois une massive chevelure ébène se ruer vers moi. Il fait signe d'ouvrir la porte, mais je croise les bras pour montrer mon mécontentement. Simon joint alors ses mains pour s'excuser et fait une mine de chien battu. Je me contente de rouler des yeux et l'ouvre tout en fronçant des sourcils.

"-Je vois que la ponctualité n'est toujours pas ta priorité

-Excuse-moi darling, j'ai vraiment fait de mon mieux pour venir le plus vite possible, mais cette stupide Mme Begeon ne voulait pas me lâcher une seule seconde ! Elle m'a obligé à lui réciter les verbes irréguliers, tu te rends compte ?! »

Je réprime un sourire au ridicule de sa remarque. C'est vrai que lui demander ce genre d'exercice est inutile.

"-Ça t'apprendra à sécher les cours d'anglais, sous prétexte que tu parles déjà la langue. Je t'avais prévenu que ça ne plairait pas à ton père."

Simon roule des yeux, signe qu'il trouve la punition ridicule. Après tout, il est à moitié américain et n'utilise que la langue du pays de l'Oncle Sam pour communiquer avec son père. Tante Margot, quant à elle, est tout ce qu'il y a de plus français au monde.

"-Je ne regrette pas. Ça m'a permis de passer plus de temps avec toi et j'ai pu manger les merveilleux cookies d'Isa. Oh, elle est où d'ailleurs ?

-Déjà partie. Elle devait passer chez le boulanger pour commander le pain de demain.

-Oh."

Sur cette remarque, il s'approche de moi et plaque ses lèvres sur mon front, tout en m'ébouriffant les cheveux. Les gens ont tendance à penser que nous sommes frère et sœur, mais non. Nous sommes des amis d'enfance depuis maintenant huit ans. Il a seize ans et moi seulement onze. Il est donc de cinq ans mon aîné.

SmokeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant