Chapitre 5

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Notes : Gardez en tête que Simon et Darya parlent en anglais :)



Point de vue de Simon

Je dévale les rues de Roubongarde, heureux d'avoir réussi à échapper aux griffes de mon père. J'ai pris soin d'éteindre mon téléphone, sachant très bien qu'il doit sûrement y avoir plus d'une dizaine d'appels manqués. Je me ferai sermonner une fois rentré, mais tant pis.

Darya part demain. Je refuse de laisser passer une occasion de la voir une dernière fois, avant qu'elle ne s'en aille. Je cours presque, ignorant le regard des villageois, estomaqués par mon costume sur-mesure débraillé et mes cheveux en bataille. Je me serais changé si j'avais eu le temps, mais elle ne m'a envoyé un message qu'il y a dix minutes et à peine ai-je inventé une excuse pour justifier mon départ précipité que je suis parti.

J'aperçois enfin son hôtel et ignore le réceptionniste, sachant très bien où se trouve sa chambre. Il ne place même pas deux mots que je frappe à la porte de celle que j'aime, impatient de la voir. J'inspire une grande bouffée d'air, toujours aussi stressé que la première fois où nous nous somme retrouvés seuls dans cette pièce.

Elle m'a emmené dans son logement, m'assurant que Dimitri était de sortie avec quelques amis pour la soirée, après que nous ayons aidé Edlynn. J'appréhendais un peu ce moment, mais au final, je n'ai rien regretté de cette nuit où elle m'a volé le peu d'innocence qui me restait.

J'ai le souffle coupé lorsqu'elle ouvre la porte, encore plus éblouissante que d'habitude dans sa longue robe d'été moulante rouge, dévoilant ainsi ses formes voluptueuses dont le goût reste encré sur mes lèvres.

"-Ne rêvasse pas et entre !" Me presse-t-elle en s'emparant de mon bras.

Je la suis et perds mon regard dans ses yeux ténébreux.

"-Tu m'as manqué...

-Toi aussi", je lui murmure entre deux baisers volés.

Elle rit doucement et s'éloigne pour nous ouvrir une bouteille de vin. La chambre aux airs anciens est rangée, dénudée des affaires promptement étouffées dans une valise. J'avale ma salive, conscient que ces instants que je passe avec elle sont les derniers. J'évite d'y penser, sachant que mon cœur risque de me faire mal, si j'envisage la perspective de ne plus jamais la revoir.

"-Dary, tu es sûre de devoir partir demain ? Je veux dire, tu peux bien repousser ton départ...

-Pardonne-moi mon chéri, j'ai des affaires urgentes à régler.

-Alors quand est-ce que tu reviens ? Ou pourquoi ne pourrais-je pas venir avec toi ? Mon père a un jet privé..."

Son soupir m'interrompt et je comprends par son regard exaspéré, qu'elle ne veut pas en parler. Je me tais, ignorant la douleur qui transperce ma poitrine. Elle se rapproche de moi avec deux verres de vin rouge, me tendant ainsi l'autre. Je n'aime pas l'alcool, mais je me force à boire, ne voulant pas qu'elle me traite encore d'enfant.

Darya s'assoit alors sur le lit baldaquin et m'invite à me poser près d'elle, les yeux lourds de désir. Je m'exécute, excité par la perspective de ce qui va suivre.

"-N'est-ce pas le mariage de la mère de ton amie aujourd'hui ?

-Si, mais je viendrais à la réception de ce soir. De toute façon, la chapelle est remplie de fleurs, je ne pourrais pas résister plus longtemps que la dernière fois..."

Elle rit aux éclats au souvenir du moment où nous avons quittés la librairie, rempli d'éternuement et de nez coulant.

"-Je ne comprends toujours pas pourquoi tu n'as pas refusé" s'exclame-t-elle.

"-Isa et Ed sont comme ma famille. Je voulais les aider, même si j'ai dû ignorer mon allergie pendant une heure.

-Famille unh... Je ne suis pas certaine de ça...

-Comment ça ?

-Rien." Déclare-t-elle de son fort accent russe, en posant son verre vide sur le chevet.

Je fais de même, conscient de ce qu'elle compte faire. Les traits délicats de Darya trompent n'importe qui. Dans sa tenue sensuelle et ses cheveux légèrement ondulés, signe qu'elle vient de prendre une douche, le haut de ses vingt-ans se reflète mieux, la débarrassant de son éternel air d'adolescence qu'elle porte au quotidien.

Elle dépose ses lèvres délicates sur les miennes et je m'engouffre lentement dans un tourbillon de passion, dont les draps témoignent. L'expérience qu'elle possède rend notre fusion encore plus inoubliable et j'ai peur de ne pas pouvoir la laisser partir, sans souffrir au passage...

J'ouvre lentement mes paupières, réveillé par les légers bruits de pas de Darya. Elle appelle quelqu'un dans la salle de bain et semble chuchoter. Je tends l'oreille, mais c'est peine perdue, son interlocuteur est apparemment russe.

Je m'étire paresseusement dans les draps du vieil hôtel du village, regrettant le tissu agréable de mon lit. Ce bâtiment aurait besoin de revoir ses chambres... Le ton hausse brusquement dans la pièce d'à côté et je sens qu'elle s'énerve. Un silence incongru s'installe avant qu'elle n'entre en trombe dans la salle, la mine inquiète.

"-Qu'est-ce qu'il se passe ?" Je lui demande, intrigué par tant de précipitation.

Elle s'est rhabillée et porte étrangement des chaussures. Elle prend sa valise et ce n'est qu'à cet instant que je commence à être suspicieux.

"-Dary, qu'y a-t-il ?

-Je dois partir."

Sa réponse me déstabilise au plus haut point, mais elle ne se donne pas la peine de me fournir des explications. Au moment où je compte l'interrompre, quelqu'un frappe violemment à la porte. Le beau visage de Darya se décompose alors de peur. Je me dirige vers la poignée, agacé par de telles manières, mais elle me retient.

"-N'ouvre pas !

-Mais...

-N'ouvre pas ! Il va me tuer si il nous voit!" Crie-t-elle avec désespoir.

Même pas une de seconde après, la dite porte est enfoncée par Dimitri, furieux. Je n'ai même pas le temps de relativiser la situation que je reçois une valse de coups-de-poing, accompagnés de coups de pied et tombe à terre, recroquevillé de douleur.

Il crie alors sur sa sœur, en pleurs et lui tire la main pour partir.

"-Où est-ce que tu l'emmènes...?" Essaye-je de dire, mais mes côtes me font horriblement mal.

Il semble m'insulter, mais je ne comprends rien, puis à un moment, je pense l'apercevoir enfiler une bague au doigt de Darya. Je lui jette alors un regard confus et pendant une fraction de seconde, je crois lire "pardon" sur ses lèvres, avant de perdre conscience.

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