Chapitre 2 - RK900

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Note: Un chapitre assez difficile à écrire, car j'ai hésité entre plusieurs enchaînements, mais c'est un passage auquel je réfléchis depuis octobre (déjà 8 mois ?!) et je suis ravie de pouvoir enfin partager l'histoire de Conrad !

Bonne lecture~

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Quatre jours auparavant

Dehors, le ciel de mars se confondait avec celui de novembre. La pluie s'acharnait sur Detroit, versant ses trombes grises, aussi froides que l'eau au creux de l'océan, sur les corps de brique et battant l'argile solide.

La pluie qui coulait dans la douche, en revanche, était digne de celle des tropiques. Elle dépassait les trente degrés, d'après ce que la peau de l'androïde pouvait mesurer, et ses gouttes étaient plus rondes.

« Je pourrais rester là des heures.

— Espèce de déviant. »

Gavin se rinçait les cheveux, le dos appuyé contre le torse de Conrad. Sa peau rougissait à cause de la chaleur, tandis que celle de l'androïde restait intacte.

« Parce que je deviens fainéant ?

— Parce que tu flippes. Je le sais. »

L'androïde ne pouvait pas le contredire. Quand ils sortiraient de la douche, ils devraient se préparer pour se rendre à la Tour de CyberLife. La sensation de nausée devenait, chez les machines, celle de crampes, à cause d'une charge trop importante de courant qui perturbait les biocomposants.

Sa peau artificielle était, par endroits, désactivée, et la chair blanche trahissait des signes d'inquiétude. Sur sa hanche, une ligne de lumières clignotait de façon inhabituelle, attirant le regard de Gavin.

« CyberLife t'aurait déjà désactivé si...

— Je n'ai pas peur d'être désactivé ; j'ai peur de ce que je vais découvrir.

— Hé, Conrad, » il prit un ton très sérieux, plaçant ses mains contre la mâchoire de l'androïde. Conrad lui écarta les cheveux qui, alourdis par l'eau, tombaient sur son front. « Peu importe ce que t'as fait avant ton arrivé en septembre : c'est une ancienne vie et la nouvelle a commencé quand t'es arrivé au commissariat. C'est tout. »

Gavin pressa ensuite sa paume contre la hanche solide, cachant les signes alarmants. Puis, il sortit de la douche, laissant l'androïde seul sous la douche.

Entre les coulures de l'eau, Conrad pouvait apercevoir Gnocchi qui était roulé en boule dans le panier à linge ouvert, dormant sur les vêtements de Gavin, et sur les siens.

Peu importe ce qui s'était passé les premiers mois de son existence ; c'était ce quotidien qui serait son futur, et tant que CyberLife le lui accordait, il n'avait pas à s'inquiéter.

Conrad finit par sortir à son tour. Il s'apprêta à se sécher, quand il aperçut le miroir couvert de condensation : un message était inscrit dans la vapeur.

Courage, boîte de conserve.

Je t'aime.

La seconde phrase était écrite en tout petit dans le coin droit, presque écrasée par le premier encouragement. Ce n'était qu'un petit message, mais le courant électrique s'atténua.

Dans les lettres étroites, le RK900 pouvait apercevoir son reflet, croiser son propre regard. CyberLife avait donné à ses yeux une couleur bien particulière, assez hors-norme : pourquoi choisir cette nuance d'acier pour un déviant qui avait le droit de s'intégrer ?

Visage Familier III - L'Héritage de CyboreaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant