Inflitration

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Mais peu importe pour l'instant, je m'en occuperais une fois ma mission accomplie.

Il y avait devant la maison de justice une grande place pavée, cette pierre très sombre donnait un carctère morose mais à la fois élégant à la cité. Disposée en demi cercle les bâtiments de la cour étaient principalement des commerces communs. Y figurait tout de même un armurier et un pigeonnier, je m'y introduisit pour informer mes compagons de mon arrivée et surtout de la mort de Nantis. Le corbeau partit, j'avais pris l'un des plus rapides. Le coeur presque plus léger je me dirigea vers cet immense pic rocheux, l'entrée était gardée par deux gardes leur tenue dans les nuances de vert était mise en valeur par le fer qui brillait à l'exposition de la lumière de la lune, il faisait nuit très tôt en ce moment. L'entrée m'était innacessible, je devais trouver un stratagème. J'avais bien sûr l'équipement royal, mais n'avait aucun signet et ne savais si j'avais été destitué de mes titres.

J'ai donc décidé de miser mon infiltration sur une mise en scène chaotique. Il y avait quelques mendiants dans la rue, je choisis les plus jeunes pour une mission bien précise et un peu dangereuse. Heureusement pour quelques pièces ils auraient tout fait. Ils devaient simplement asperger les torches des gardes puis les narguer, poussant ces derniers à les faire déguerpir.

Ça n'était pas très digne et je m'en voulais d'entrer comme un espion dans ce qui fut comme ma propre demeure... Le plan fonctionna à merveille et je vis les gamins déguerpir face aux gardes pendant qu'un autre ramassait une petite bourse que j'avais semé derrière moi juste avant d'entrer.

J'étais à présent dans un tunnel d'une dizaine de mètres, le tapis était souillé de traces de bottes crasseuses. Au fond, un escalier dont les rares fenêtres laissaient rentrer une froide lueur bleutée contrastant avec la chaleur orangée des nombreuses torches du couloir. Alors que j'aperçevais les premières marches du colimaçon un pied dépassa, il fallait que je me cache, mais aucun renfoncement dans les murs... ma seule chance était sous l'escalier lui-même. Je plongeai pour y atterrir avant que les pas ne pénètrent dans le hall, mais je me pris les pieds dans le tapis...

Par terre, étalé, je soulevais la cape qui s'était retourné sur mes bois de cerfs et voyant leurs regards étonnés et rieurs, je demandai cyniquement comme un vieillard sénile éhonté : "Allez-vous rester planté là? celui de gauche s'empressa de donner son gros tas de feuillets à son compagnon et de me relever. Je continuai :
-Sont-ce là des procès destinés à la fête de la réconciliation de ce soir ?
-Oui messire
-De quand datent-ils?
-D'il y a une semaine messire.
-Bien, ne vous hâtez pas trop, ils eurent l'air très étonné alors aussitôt je repris, on m'a dit que les préparatifs à l'extèrieur étaient en retard, vous feriez mieux que tout soit prêt au même moment, sinon cela ferait tâche.
-D'accord, merci messire."

Je tournai les talons, il s'en fallu d'extrêmement peu pour que je sois démasqué et j'étais dès à présent dans une course contre la montre, le procès que j'allais chercher devait être l'un des prochains à être embarqués. Je montai les marches deux à deux, c'est à dire autant que mes genoux me le permirent. Cent, deux-cent ou bien deux-mille le nombre de marches semblaient interminables sous la pression. Heureusement, je connaissais le lieu. Arrivé au troisième étage, un petit couloir, cinq portes, je m'élançai vers celle du fond, enclenchai la poignée, la porte ne s'ouvrit pas, il fallait une clef. Le temps pressait et l'obscurité ambiante me tournait en psychose. Je tirai mon épée et après une fraction de seconde d'hésitation, la plantai entre deux lattes de la porte, fis levier... ça ne marchait pas, elle était trop renforcée... Tant pis si je me faisais remarquer, j'augmentai la pression avec la lame puis donnai des puissants coups de pieds, une latte craqua dans un fracas qui s'emblait être celui d'un tonnerre dans une nuit silencieuse. J'en fis céder trois autres, le montant bas était totalement défoncé, je pouvais m'extirper de l'autre côté en rampant.

La salle était assez éclairée, il y avait des feuillets partout par terre et j'eus peur de la possibilité que le jugement soit l'un d'eux, mais quelques unes des étagères les plus proches étaient encor remplies et c'étaient logiquement celles de la semaine. Dans un dernier souffle je m'y jetai, quand je vis, dans une vision horifique, une grande ombre se profiler par terre...

Nirar d'Ellis, Honneur d'un bourreau désignéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant