C'était la mienne... quel idiot!
Une paranoïa se manifestait, elle me frustrait! Me tendait! Embrouillait mon esprit et mes membres. Devant l'étagère, mes mains tremblaient et des dizaines de procès s'en échappaient de manière incontrôlable, la panique qui me prenait fit monter en moi une pression sans précédent, je crachais dans ma barbe des jurons dénués de sens quand je vis mon nom sur une page d'un livre que je feuilletais... j'arrachai la page entre deux regards furtifs vers la porte, et la fourrai au fond de ma poche.
Je servais la loi, courage! Je repris mon souffle, et, un peu plus calme, ma lecture en diagonale.
Dix minutes ou bien une heure plus tard j'avais tout lu, mais nulle trace, aucune, du procès du régicide je pestiférai tombant à genou et fouillant vainement un sable mouvant de parchemins... ici, le procès d'un "voleur de liberté", là, celui d'un violeur... non, c'était le même... le tournis l'emportait sur mes perceptions, chacun de mes souffles étaient ceux d'un mulfe mourant.
J'entendis une porte claquer dans le couloir, puis une voix : "Gardes !". Les pas s'éloignèrent en vitesse, je me redressai, puis retombai sous le poids de l'épuisement, mes yeux suivirent les pieds d'une femme qui se dirigeait vers l'escalier pour y descendre. Quand elle passa le mur, il ne restait à ma vision qu'un halo de clarté d'étoile... Venant du haut de l'escalier, il enluminait une feuille portée par la brise ; elle virvoltait avec pudeur au dessus du palier...
Dans un dernier effort, je me levai titubant, et atteignant le parchemin, me baissai pour l'attraper. "Procès du régicide dit Furcassien de Virni". La pression failli retomber immédiatement, mais puisant dans mes ultimes forces j'entrepris ma descente. Soudain, des ombres se profilèrent! Elles étaient rapides et troubles! Je fis un demi-tour net et couru vers le toit. Mauvais choix! C'était là où on devait annoncer le début des festivités... une grande pile de papiers, étouffée par de lourdes bûches, se dressait sur une table de pierre ronde.
Le tout est arrosé de résine de pins, hautement inflammable et provoquant une telle luminosité à son allumage que mon dernier espoir est de me glisser sous la table et de faire jaillir le feu juste avant l'arrivée des gardes. Ainsi la lumière pourra peut-être projetter une ombre sous la table assez puissante pour qu'elle m'occulte.
...[tâches d'encre chaotiques]...
Sous ce dolmen de marbre je griffone ceux qui sont sûrement mes derniers mots... Je ne sais ce qu'attendent les gardes pour me chercher ici ; j'en ai eu le temps de résumer ma situation...
Le temps encore, s'est étrangement compacté. Mais enfin, au loin, des cliquetis d'armes sonnent comme un glas! Je ne peux plus sortir... ils arrivent...
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Nirar d'Ellis, Honneur d'un bourreau désigné
FantasiUn homme d'honneur est forcé à faire subir des atrocités. Tiraillé entre légalité et légitimité, le protagoniste part en quête de clairvoyance dans le froid pays de Nold qu'est le sien. Premier récit terminé. Pas de réécriture prévu, je souhaite for...