Résolutions

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Ce jour-ci, j'ai tiré une leçon, on ne piétine pas son honneur et sa légitimité de vivre en échouant, mais, quand on renie sa morale, quand, en son propre nom, on la souille elle-même, alors, oui, c'est vraiment là, qu'on échoue.

J'allais mettre fin à mes jours avec honneur bien que cela m'ait été interdit pendant mon procès parce que je ne pouvais plus vivre avec ces atrocités sur la conscience. À mes yeux, je méritais tout de même, pour mon loyal service, la décence et la dignité. Toute la troupe était assise par terre autour d'un feu, alcool à la main.

Je fus tiré de mes pensées par Nantis qui débattait tout seul contre lui même : "Cette loi n'était pas juste de nous condamner ainsi ? Quand bien même ! Nous avons accepté ce jugement injuste en l'accomplissant, si nous avions été justes, nous nous serions révoltés! Alors désormais nous méritons une vraie pénitence à accomplir pour cette vraie faute commise nul homme ne devrait subir cela. Subir quoi ? La torture ? questionna-t-il, non, pire, commettre la torture...

-Reste à savoir quelle pénitence, la mort ? murmuré-je.

-Pour le savoir, il faut d'abord savoir à quel point nous avons été dans le tort. Nous avons agit sans réfléchir, nous avons obéit sans contredire, mais le donneur d'ordre était-il de confiance ? Voilà ma question !"

De toute part dans la salle, on s'insurgeait à voix basse par principe, on n'insulte pas le sang royal impunément, mais jamais on aurait su remettre en cause ce fait. C'est ma voix qui prit le dessus dans le vacarme : 

-Oserais-tu remettre en question l'épouse du roi, notre  bien-aimé Tosmar ? Oses-tu réellement entacher la mémoire du Roi, ô combien saint, Tosmar ? Ne te rappelles-tu pas que sachant qu'un jour il allait mourir, il avait dit "Un jour je mourrai, mais ma dynastie durera pour les siècles des siècles." ? Tu étais, comme nous tous, présent sur le sommet du grand phare d'Irnos, t'en souviens -tu ?

-Bien sûr que je m'en souviens, comment l'oublier ?

-Mais tu ne sais pas pourquoi il disait ça. Un silence planait. J'attendais d'avoir la plus grande attention de tous sur moi. Le jour même de l'assassinat, il m'a convoqué dans son bureau, et alors que vous attendiez derrière la porte, il m'a rappelé ce même moment à Irnos. Il m'a demandé pourquoi il savait que sa dynastie serait éternelle, sans attendre de réponse il m'a dit : "Grâce à toi Nirar. Grâce à toi et à tous ceux qui sont derrière cette porte". En vous j'ai la plus parfaite confiance, car par vous j'ai la plus parfaite loyauté. 

Ces mots les touchaient.

Il m'a aussi annoncé autre chose, il voulait créer un ordre secret qui, quoi qu'il arrive, préserverait la dynastie de tout les mauvais sorts qui pourraient lui advenir. Et c'est nous, sieurs chevaliers, qu'il voulait nommer à la base de cet ordre. Il prévoyait la cérémonie dans un lieu confidentiel qui aurait dû être notre repère secret. Comme vous l'imaginez, si Tosmar a voulu un lieu secret et que seul lui savait où il se trouvait, il est désormais perdu à jamais. Alors, Nantis, après tout cela, veut tu remettre en cause le lien de confiance qu'il y avait entre le roi et nous tous ?"

Tout le monde était ému de cette preuve que le roi les respectait autant. Mais Nantis dans la bande était clairement le plus perspicace, maintes et maintes fois il avait sauvé la petite compagnie de prendre des risques inconsidérés, et cette fois-ci encore son rôle allait être essentiel.

"Je ne remets pas en cause ce lien. Je remets en cause le lien qui nous unit avec sa femme, la reine. La reine, n'est. pas. Tosmar. ponctua-t-il.

-Mais la reine a été choisie par le roi, elle a été choisie pour être le second vecteur nécessaire à la création de la descendance de la dynastie ! Remets-tu en cause alors les saints choix de Tosmar ?

Nirar d'Ellis, Honneur d'un bourreau désignéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant