Chapitre 5

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J'ouvre les yeux sur l'intérieur du van bleu que j'ai vu arriver en trombe dans mon jardin avant de perdre connaissance. Les personnes qui m'ont enlevé n'ont pas l'air de se soucier de moi.

- Accélère bon sang !

C'est le jeune homme aux yeux froids que j'ai aperçus tout à l'heure, ses cheveux sont décoiffés et il me tourne le dos, se tenant debout en équilibre les mains agrippées aux deux seuls sièges du véhicule.

- Je fais ce que je peux, mais on ne peut pas dire que ce soit le van le plus rapide de l'histoire des vans !

- Je m'en fiche. Il faut à tout prix les semer. Hors de question qu'ils mettent la main sur elle.

Il se retourne et me voit éveillée. Il a un mouvement de recul et manque de tomber.

- Putain, c'est quoi ça ?

Je fronce les sourcils, vexée. Il parle de moi ? Je m'apprête à lui lancer une répartie cinglante mais je prends conscience qu'un corps est allongé par terre derrière moi. Je baisse les yeux et un cri m'échappe, faisant jurer le conducteur à qui j'ai manifestement fait peur. Deux autres passagers se tournent vers moi, la jeune femme rousse que je n'avais pas vue, assise sur le deuxième siège à l'avant et le blond qui m'a enlevé.

Chacun a les yeux qui défile entre moi et le corps inerte à mes pieds, sauf le conducteur qui reste concentré sur la route.

- Est-ce que je suis...Est-ce que je suis morte ?

La question aurait pu paraître idiote si le corps que je regardais n'était pas le mien. Mon dieu, je gis à mes propres pieds. Comment est-ce physiquement possible ?

- Que se passe-t-il ? Les gars, sérieux, dites-moi !

Le conducteur essaye de regarder derrière son épaule mais manque de sortir de la route, après avoir redressé le volant, il se résout à fixer la route en grommelant.

Je me précipite loin de moi et m'assied, remonte mes genoux contre ma poitrine en évitant de me regarder.

Le Grand châtain aux yeux froids finit par reprendre ses esprits, il détourne le regard de mon moi inconscient pour le tourner vers mon moi conscient.

- Ça m'étonnerait que tu sois morte, ils n'auraient eu aucun intérêt à te tuer.

Voilà qui est rassurant. Voyant qu'il s'intéresse de nouveau à la route, le blond prend la parole et s'approche doucement de moi.

- Lui, c'est Simon. Il n'est pas méchant mais ce n'est pas un grand sentimental. Ne lui en veux pas s'il montre peu d'intérêt pour toi. Il fait tout le temps ça.

Plus il s'approche de moi, plus je recule au fond du van.

- Je m'appelle Alexeï. C'est moi qui t'ai porté, tu te souviens ?

- Tu veux dire que c'est toi qui m'as kidnappée.

Les mots se brisent dans ma gorge, je suis bien loin du ton cassant que je voulais employer. Mes mains tremblent et je frôle la peau de mon autre moi. Un frisson me parcourt et je tente de m'en éloigner en restant toujours aussi loin d'Alexeï que possible. Il n'avance plus, apparemment inquiet de mon état d'esprit.

- Nous t'avons récupéré juste avant qu'ils ne t'enlèvent. Donc techniquement, nous t'avons sauvé.

Je secoue la tête sans le quitter des yeux. Les siens, d'un bleu étincelant brillent curieusement. Il s'assied en tailleur en face de moi, toujours à une distance raisonnable. Les autres parlent à toute vitesse, ils sont préoccupés par nos poursuivants qui, si j'ai bien compris, sont mes agresseurs.

J'ai rêvé de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant