chapitre 7

3 2 0
                                    

Nous sommes arrêtés au milieu de nulle part au nord de la Virginie Occidentale, les bois nous entourent. Chacun prend plaisir à se dégourdir les jambes autour du van, dissimulés entre les arbres.
Il est tard et la nuit semble avoir engloutit les alentours avec voracité. Simon nous sépare en deux groupes pour aller chercher du bois. Je me retrouve avec Alexeï et il me confie la lampe torche avec l’intention de ramasser le bois sans mon aide. Quelle galanterie.
Je n’ai jamais été très courageuse, malgré le nombre incalculable de camping que Papa m’a emmené faire, j’ai toujours sursauté à chaque froissement de feuille ou de brindille brisée. J’ouvre donc la bouche, plus pour calmer mes angoisses que par réelle envie d’engager la conversation.

- Alexeï ?
- Hmm ?
- Tout à l’heure, Lucas a mentionné ton don en se demandant si j’avais le même que toi.
- Oui ?

Il s’arrête, je braque la lampe sur lui. Son sourire amusé a des airs horrifiques sous la lumière artificielle. Je déglutis. L’idée saugrenue que, si je meurs ici, personne ne retrouvera mon corps, me vient à l’esprit. Je ferais parti de ces affaires non élucidées, classées par défaut dans les fichiers de la police.

- Tu veux savoir ce que je sais faire, c’est ça ?

Je hoche la tête, même si je ne suis plus vraiment sûr de ce que je veux. Pour quelle raison ai-je posé cette question déjà ? Une branche se casse derrière moi. Mon cœur bat si vite que je pense frôler la crise cardiaque. Est-ce qu’on peut mourir de peur ? Je me retourne vivement et recule inconsciemment contre le torse chaud et rassurant du blond. Il ne fait rien, semble satisfait de la situation.
Des pas font bouger les feuilles au sol, je bouge le faisceau de la lampe de tous les côtés, mes sens en éveil.

- Tu as entendu ?

Je chuchote, pas parce que je veux être discrète mais parce que je suis si effrayée que mes mots sortent avec peine de ma bouche. Je tremble légèrement, l’adrénaline s’empare de moi et j’aperçois une ombre se glisser dans la lumière puis disparaître à nouveau.

- Fais quelque chose !

Cette fois je cris presque, ma voix monte dans les aiguës. Il place ses mains atour de mes épaules et je soupire de frustration. Ce n’est pas en les gardant occupées à faire semblant de me protéger qu’il y parviendra réellement!
Je tourne la tête vers son ombre pour lui demander un peu plus fermement de réagir mais je me fige. La lumière semble obscurcie par quelque chose de gros.
Je pose mon regard devant moi, mon cœur bondissant si fort dans ma poitrine qu’il me fait mal. Je pousse un cri de surprise avant de me rendre compte qu’il s’agit d’Alexeï.

- Pourquoi tu me regarde comme ça ?

Il me regarde les sourcils levés. Mon sang se glace, je me dégage des mains de la personne qui me tiens toujours par les épaules et d’un geste, je balance la lampe vers sa tête en reculant.

- Aïe !

Alexeï me retient les épaules tandis que je me débats pour m’écarter et il…éclate de rire. J’avais raison, je vais mourir dans ces bois, assassinée par deux psychopathes. Qui est l’autre ? Simon ? Lucas ?

- Marysa, arrête !

Je me dégage et recule alors qu’il reprend la lampe de poche tombée au sol. Il s’éclaire et je le regarde prête à hurler de nouveau. Il pointe alors le faisceau vers l’autre homme qui n’est autre que…lui.
J’ouvre la bouche, perplexe.

- Je…Je ne comprends pas.

Les poings en avant, prête à en découdre, je regarde les deux silhouettes se rapprocher l’une de l’autre.

J'ai rêvé de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant