Chapitre 6

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Mes paupières sont de plomb. J'essaye de les ouvrir mais l'effort me paraît surhumain. J'ai mal à la tête. J'ai fait un rêve très étrange aussi : les x-men qui m'enlèvent des mains des men in black. Improbable, mais divertissant. Un peu effrayant aussi. J'entends quelqu'un tousser à côté de moi. Tante Katherine ? Papa ? J'essaye à nouveau d'ouvrir les yeux mais la lumière me fait horriblement souffrir. Je m'installe en tailleur et porte les mains à ma tête comme si ça allait soulager quoi que ce soit.

- Au moins on est sûr qu'elle n'est pas morte. J'ai beau avoir dit le contraire, j'avais un doute.

A ces mots, j'ouvre les yeux d'un coup. J'ai l'impression que des milliers d'aiguilles me transpercent l'intérieur du crâne. Je gémis, incapable de lever les yeux vers ceux qui m'observent.

- Tiens, ça devrait atténuer ta migraine.

Une voix féminine. Comment s'appelle la rousse déjà ? Elle me tend une gélule et une bouteille d'eau que je prends avec plaisir. Je l'avale et bois quelques gorgées au passage. Mon ventre gronde. Je me rends compte que je meurs de faim.

- Il va falloir lui expliquer. Alexeï, à toi l'honneur. Tu as commencé, finis.

Je me tourne vers le blond qui me fait une grimace comme s'il ressentait lui aussi la souffrance qui m'assaille la tête à chaque mot prononcé.

- Bon, par où commencer ?

Je hausse les épaules, comment pourrais-je le savoir ? Il inspire profondément et reprend là où il s'est arrêté quelques minutes auparavant.

- Est-ce que récemment tu as perdu une personne de ta famille ou un ami ? Ou alors tu es morte cliniquement, pendant un court moment ?

C'est la première fois depuis qu'ils m'ont emmené avec eux que j'ai le temps de penser à Papa. La sensation de vide, remisé au second plan avec tous les récents événements se propage instantanément en moi et je retiens quelques larmes bloquées au fond de ma gorge. Comment ai-je pu oublier Papa ?

Je me concentre sur les autres, ils ont tous ce voile de tristesse dans leurs yeux. Je ne suis pas la seule à avoir perdu un proche.

Je hoche la tête, sans plus de précision, ça ne regarde personne. Alexeï poursuit.

- On a appris, qu'en cas de choc émotionnel, de très rares cas, peut-être un seul sur dix-mille je n'ai plus le nombre exact, une personne développe une sorte de don.

-

Je fronce les sourcils, me rappelant les paroles de l'homme duquel ils m'ont sauvé quelques heures auparavant.

- C'est ce qu'ils m'ont dit les deux autres.

- C'est la vérité. En revanche, nos intentions sont différentes. Eux, voulaient se servir de toi comme cobaye. Tu comprends, c'est si rare, un humain capable d'utiliser une partie du cerveau que peu de personnes sont capables d'utiliser.

Il s'interrompt. C'est Lucas qui enchaîne, fixant un point invisible en face de lui.

- J'ai entendu dire qu'ils te forcent à utiliser ton don en te lobotomisant. Ils utilisent encore les électrodes sur les tempes, tu sais, à l'ancienne. Si tu n'en meurs pas au début, ça te transforme petit à petit en légume. De toute façon, à la fin, ils te dissèquent le cerveau pour voir à quoi ça ressemble là-dedans

D'un geste, il tape sur le haut de sa tête avec un sourire menaçant sur les lèvres. Je frissonne avant de voir la jeune rousse donner un coup dans le torse de Lucas.

J'ai rêvé de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant