Piéces du puzzle

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PDV de Lalyah

J'ai cru que cette nuit était sans fin .
Je me suis levée  assez excitée. La file pour les toilettes était plus longue que d'habitude ou c'est juste moi qui était plus impatiente qu'autre chose .
Je me suis trouvée ridicule à choisir entre les trois seuls vêtements en ma possession: pour sûr la tenue de serveuse est à bannir , celle avec laquelle je passe mes journées au centre l'est encore plus .
Seule la robe , la seule chose de valeur qui me reste est assez correcte pour recevoir Rachid.
Après m'être décidée , je vérifie si les 9 mètres carrés que je partage avec Putica sont en bon ordre .
Je m'assieds sur mon lit les jambes croisées à me triturer les doigts en vérifiant l'heure.
Est ce qu'il viendra , ne suis je pas ingénue à attendre un parfait inconnu aux promesses démesurées mais j'avais quand bien même foi .

Pdv de Rachid :

Sur le trajet vers le foyer pour SDF , je ne cessais de me faire des scénarios de toute sorte .
En vrai , j'avais peur des conditions dans lesquelles j'allais la retrouver.
Je ne me fais toujours pas à l'idée que Leila puisse en être arrivée là .
Je ne veux pas la brusquer mais il m'insupporte qu'elle reste une nuit de plus dans cet endroit . Alors je pense à comment la convaincre de se fier à moi alors qu'elle a toutes les raisons d'avoir des réserves .
Au delà de ca comment lui faire retrouver la mémoire ?
Devrais je avertir Ayman ?
Qu'en est il de ses parents?
Il est sûr que je vais prolonger mon séjour à Paris mais comment sans éveiller les soupcons de Bousso?
Dois je la mettre dans la confidence ?
Je ne sais plus où donner de la tête , je me dis que chaque chose en son temps.
D'abord l'approcher la mettre en confiance puis prendre contact avec un psy pour envisager la meilleure manière de lui faire recouvrir la mémoire .
Je finis par trouver une place où me garer.
Arrivé à l'accueil , je demande le responsable : un homme vêtu comme un prêtre se présente à moi .
Rapidement je lui fais part des dons qu'il réceptionnera dans environ 30 min mais j'insiste davantage sur la nécessité de voir Lalyah .
Il est réticent d'abord puis je lui explique que je suis de sa famille sans entrer dans les détails.
Après des formalités il me conduit à son logis .
Elle sourit dés qu'elle me voit avant d'arpenter un visage neutre.
Peut être avait elle peur que je ne vienne pas .
Elle avait le regard fixé sur ses genoux et jouait avec ses doigts .
Elle portait une robe portefeuille à motifs qui lui arrivait aux genoux avec des ballerines noires toutes simples. Il lui arrivait de rabattre ses cheveux derrière son oreille par moment.

Ce spectacle qui s'offrait à moi m' a obnubilé au point d'en oublier le détail de la chambre.
C'était incroyablement contigu.9 mètres carrés à peine, des habits empilés ,une minuscule fenêtre ,deux lits superposés, des murs avec des graffitis.Ma Leïla vivait littéralement dans une cellule de prison et pourtant elle n' a rien perdu de sa lumière .Si je la savais forte , je n' aurai jamais soupçonné sa résilience.

Leïla( d' une petite voix ): J'aurai aimer  t'accueillir dans d'autres conditions mais c' est mon humble demeure.

Je me sentis gêné qu' elle se sente jugée ainsi.

Moi: Non du tout, tout ce qui est petit et mignon , en plus c' est bien entretenu.

Elle esquissa un sourire. Ce sourire ,des années après, avait toujours le même effet sur moi et encore plus car je le croyais à tout jamais disparu, enseveli par une multitude de grains de sable qui constituait sa dernière demeure.

Leïla : Alors tu comptes rester là à me regarder puis sourire !

Moi: Non après vous mademoiselle Ba

Leïla: Bas? Je n'ai pas porté de bas pourtant.

Elle est toujours aussi drôle mais après je me rappelle qu'elle est tout bonnement amnésique pour ne même pas se souvenir de son nom de jeune fille.
On finit tout de même par quitter le foyer . On allait déjeuner aux délices gauloises .
Elle était d'un calme olympien pendant tout le trajet. Et des souvenirs d'elle au collège Jean Mermoz me revenaient: notre stage à l'hôpital , notre tout premier baiser dans la cave à médicaments.Qu'il était inattendu et pourtant tout plein de tendresse. Sa lèvre supérieure intercalée entre les miennes . On se détachait, se regardait , s'essoufflait puis y retournait.
Leïla: Est ce indiscret de vous demander à quoi vous penser?
Moi : Est ce déplacé de vous faire savoir que vous étiez au centre de mes pensées ?

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 05, 2019 ⏰

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