Eleanor sortit de la chambre de Barnes, faisant claquer rageusement les talons de ses bottes contre le sol. Elle se dirigea vers le bureau de son supérieur, tandis que les autres soldats se collaient contre les murs pour éviter de se retrouver sur son chemin. Le sergent Petrova ne semblait d'humeur à laisser passer le moindre écart, et tout le monde se souvenait de la dernière fois où un caporal l'avait bousculé. Ce jour là, la jeune femme l'avait mis à terre en quelques secondes avec une facilité déconcertante, avant de piétiner méthodiquement son visage avec ses bottes. Personne ne voulait finir comme lui.
La porte du bureau s'ouvrit à la volée sous le regard amusé d'Ernest.
- Le soldat te donne du fil à retordre à ce que je vois, s'amusa-t-il tandis que sa subordonnée claquait la porte. C'est quelque chose de nouveau pour toi ?
- Je vais le tuer, gronda-t-elle, les poings serrés. Qu'est-ce que je suis censée faire ? Quand vous m'avez donné cette mission, il n'y avait écrit nulle part que j'allais devoir me coltiner un homme taciturne et muet. C'est la troisième fois en deux jours que je vais le voir et rien ! Pas un mot !
- Peut-être que tu devrais employer la manière forte ?
- Si je lui fais du mal, il ne me pourra pas me faire confiance, s'opposa Eleanor.
- Qui t'a parlé de confiance ? Tu dois juste faire en sorte qu'il t'obéisse.
- Excusez-moi, mais vous avez dit qu'il serait mon partenaire, pas mon sous-fifre. Si nous ne nous entendons pas, nous ne pouvons pas travailler ensemble. Et puis, personne ne m'a prévenu qu'il ne savait rien de son passé. Qu'est-ce que je suis censée lui dire ? Qu'est-ce que je dois garder secret ?Ernest rigola en secouant la tête, et fit signe à la jeune femme de s'asseoir face à lui.
- Tu es une fille bien Eleanor.
- Merci ?
- Je suis désolé que ça soit à toi qu'on ait donné ce travail.
- Je ne comprends pas, fit doucement la jeune femme, les yeux plissés.
- Personne n'a jamais réussi à dialoguer avec le soldat de l'hiver, expliqua le colonel. Nous ne faisons que lui donner les ordres, il les appliquent, et il revient.
- Alors pourquoi avoir fait de moi sa coéquipière ?Eleanor fronçait les sourcils, ne comprenant pas ce qu'Hydra attendait d'elle. Ils voulaient qu'elle fasse équipe avec un assassin d'une centaine d'années, qui avait toujours travaillé en solo ? Et ils pensaient qu'il marcherait dans la combine ? La jeune femme étouffa quelques jurons et s'appuya contre le dossier de sa chaise.
- Pierce voulait attendre encore un peu, mais je pense que tu mérites de savoir dans quoi tu t'embarques, avoua Ernest en sortant une liasse de feuilles, avec en première page la photo de Nick Fury.
- Notre cible est le directeur du SHIELD ? s'étouffa Eleanor en manquant de tomber de sa chaise.Bien sûr, pensa Eleanor en comprenant la difficulté de leur tâche. Nick Fury était un des ennemis principaux d'Hydra, les autres étant les Avengers. Si son meurtre était programmé, le but d'Hydra était tout proche. Et si elle faisait partie de cette mission... Elle serait peut-être celle qui le tuerait. Une montée d'adrénaline réveilla Eleanor et elle demanda :
- Et le projet Insight ?
- Il sera lancé par Pierce. La seule chose sur laquelle tu dois te concentrer est Fury.La jeune femme hocha la tête, et leva les yeux au ciel, pensive.
- J'aurai peut-être dû refuser cette offre. Si je fais tout rater...
- Tu y arriveras El'.Ernest la regarda sourire face à ce surnom, et l'espace d'un instant, il eut l'impression qu'il avait devant lui la petite fille de sept ans qui s'amusait à le regarder travailler, à moitié avachie sur son bureau. Puis le visage d'Eleanor retrouva son sérieux et elle lança :
- Je retourne voir Barnes, il faut que je réussisse à engager la conversation avant la fin de la journée, quitte à m'enfermer avec lui jusqu'à ce qu'il en ait marre de moi.
- Tu pourrais lui servir de distraction, plaisanta le colonel.
- Je n'ai pas signé pour ça, rétorqua la jeune femme en sortant de la pièce.Elle était déterminée à faire parler le soldat, que se soit de gré ou de force.
Eleanor était allongée sur le sol, juste à côté du lit du soldat et faisait défiler les pages du livre qu'elle lisait sur son téléphone. De l'autre côté de la pièce, le soldat la regardait faire, perplexe. Quand elle était arrivée, cinq heures plus tôt, la jeune femme n'avait rien dit et avait immédiatement fermé la porte à clé, avant de s'étendre sur le sol et d'oublier son existence.
Le soldat avait passé la totalité du temps à l'observer, se demandant quel était son plan. Pourtant, l'agent Petrova semblait attendre qu'il se décide à faire quelque chose. Le soldat pesa le pour et le contre dans sa tête avant de se lever et de s'asseoir sur le sol, juste à côté de la jeune femme. Celle-ci leva les yeux vers lui et se redressa, brossant ses longs cheveux noirs hors de son visage.
- Comment allez-vous agent Barnes ?
- Bien..., répondit le soldat.Eleanor hocha la tête, et continua :
- Je sais que nous sommes partis sur de très mauvaises bases. Nous pouvons recommencer si vous le voulez bien ? Ou alors vous préférez faire équipe avec quelqu'un d'autre ?
- Quelqu'un d'autre ?
- Une autre personne que moi. Je vous ai promis de ne pas vous faire de mal, parce que c'est ma manière d'agir. Mais ce n'est pas le cas des autres agent Barnes, le prévint Eleanor en faisant tournoyer son téléphone dans sa main.
- Alors si je fais équipe avec vous...
- Vous aurez plus de liberté qu'avec quelqu'un d'autre. Hydra vous voit comme une arme, vous êtes juste mon coéquipier.
- Vous êtes sûre que vous êtes du côté d'Hydra ? demanda le soldat. Vous n'agissez pas comme eux.
- Mes actions sont peut-être différentes mais mon objectif est le même agent Barnes.L'homme se tendit devant le ton dur du sergent Petrova. Il baissa la tête, le regard concentré sur le sol.
- Est-ce que je peux vous appeler Petrova ?
- Bien sûr, sourit la jeune femme. Je peux juste vous appelez Barnes ?
- C'est mon nom ?
- Votre nom de famille. Vous vous appelez James Buchanan Barnes.
- Et votre nom entier ? demanda le soldat en la regardant.Il y avait comme un voile de tristesse dans ses yeux bleus, et la jeune femme répondit sans réfléchir :
- Eleanor. Mais je ne veux pas...
- Je peux continuer à vous appelez Petrova.Elle hocha la tête avec un petit sourire, la gorge nouée.
- Merci.
- Qu'est-ce que vous avez dans la main ?
- Un iPhone, fit Eleanor en lui tendant l'appareil. C'est un téléphone portable, un des seuls objets américains que les russes adorent.
- Je n'ai jamais vu ça, murmura Barnes en inspectant minutieusement le téléphone. C'est incroyable.Le ton admiratif du soldat la fit sourire, et c'est allongés l'un à côté de l'autre qu'ils passèrent le reste de la journée.
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Opération Héraclès
FanficQuand Eleanor Petrova, espionne d'Hydra, se retrouve à faire équipe avec le soldat de l'hiver, elle ne s'attend pas à ce que sa vision du monde soit changée. Quand sa loyauté se heurte à ses principes, Eleanor doit faire un choix. Faire confiance à...