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Dr. Guillaume TRANCHANT
Médecine Générale.Aurélien fixe depuis dix minutes la plaque sur laquelle sont gravés ces quelques mots en se demandant à quoi ressemble l'homme qui se trouve derrière la porte. Il n'est pas seul dans la salle d'attente et sa jambe droite ne cesse de bouger. Il pose une main dessus pour tenter de calmer les tremblements mais la seule idée d'être entouré de gens qui toussent leurs miasmes fiévreux en sa direction l'angoisse.
Le cliquetis des aiguilles des secondes de l'horloge accrochée au mur résonne dans son crâne et s'il ne focalise pas son attention sur quelque chose d'autre maintenant, il va devenir dingue. Pourtant, heureux hasard ou non, la voix douce du médecin l'arrache de ses pensées.
- Monsieur Cotentin ? C'est à nous.
Aurélien relève la tête, le cœur battant à la chamade et ses yeux se posent sur l'homme qui lui sourit. Il est grand, brun, une barbe taillée au millimètre près, des petites lunettes rondes avec une mèche qui lui cache le front.
Le jeune homme se lève, attrape sa veste et se dirige vers le médecin qui lui tend la main. Aurélien la jauge quelque secondes avant de la serrer fébrilement, maudissant la moiteur qui se dégage de sa peau.
- On y va ?
Guillaume le fait entrer dans son cabinet et l'invite d'un geste de la main à s'installer sur la chaise. Aurélien dépose sa veste sur le dossier et s'exécute en silence. Il sort un petit flacon de gel hydro alcoolique de sa poche et se frotte les mains après y avoir déposé une petite goute.
- Alors... Qu'est ce qui vous amène ?
Guillaume lui sourit, s'installant à son bureau. Il fait glisser d'un doigt gracieux ses lunettes sur son nez pour les remettre à leur place. Aurélien ne sait pas vraiment par où commencer alors il sort un petit carnet de son sac. Après avoir feuilleté quelques pages, il s'éclaircit la voix, sa jambe tremblant toujours.
- Je.... j'ai sur le bras un grain de beauté qui m'inquiète un peu... j'ai essayé de pas aller regarder sur internet mais... l'attente entre hier soir et le rendez vous de ce matin était trop longue alors je me suis dit que j'allais vérifier alors... j'ai noté quelques trucs.... tenez....
Aurélien lui tend son carnet, sans oser croiser le regard de Guillaume, de peur que lui aussi ait les yeux moqueurs.
- Alors.....
Guillaume lit très sérieusement les pages noircies la veille par le jeune homme en face de lui. Il bouge les lèvres en même temps que ses yeux parcourent les lignes avec soin.
- Vous voulez bien me montrer votre bras ?
- C'est vrai ?
- Oui, sourit-il, montrez moi.
Le plus vieux se lève et accompagne Aurélien jusqu'à la table d'auscultation sur laquelle celui ci s'installe. Il remonte doucement la manche de sa chemise avec une telle délicatesse que Guillaume sent une chaleur légère envahir son bas ventre.
Doucement, le jeune médecin prend le bras de son patient dans ses mains pour l'examiner avec attention. Ses doigts fins se perdent sur la peau diaphane du jeune homme qui frissonne au contact. Aurélien le scrute avec attention, ne sachant pas comment évacuer le stresse autrement qu'en mordillant sa lèvre inférieure.
- Tout va bien, pas de panique, okay ?
Leurs regards se croisent et Guillaume se perd dans les prunelles sombres et observatrices du jeune homme en face de lui. Les papillons n'ont pas quitté le creux de ses reins, ils s'emballent même de plus en plus.
- Montrez-moi ce qui vous inquiète, dit-il de sa voix la plus douce.
- Ici, docteur.
Aurélien lui désigne ce qui le chiffonne et Guillaume y pose son doigt précautionneusement.
- Ici ?
- Oui... vous savez je sais que je ne dois pas regarder sur internet, vos confrères me l'ont déjà dit mais je préfère être mentalement préparé à entendre la mauvaise nouvelle. J'avais une vieille tante comme ça, tout allait bien, elle va chez le médecin et on lui apprend qu'il lui reste trois mois à vivre... alors je me dis que si c'est diagnostiqué à temps peut-être que...
- Tout va bien. Tout est parfaitement normal.
- Vraiment ? Peut être qu'il faudrait faire d'autres examens... je... c'est pas que je ne vous fait pas confiance mais...
Lorsqu'Aurélien paniquait, il se perdait dans un flot de paroles qu'il avait du mal à réfréner. Sa jambe ne s'arrêtait plus de trembler, il pouvait se mordre la lèvres jusqu'au sang et même parfois, lorsqu'il n'y avait rien ou personne pour le calmer, il faisait une crise d'angoisse.
Afin de calmer cette logorrhée intarissable, Guillaume pose une main sur son épaule.
- Vous avez eu la bonne réaction.
Aurélien s'attend à tout sauf à une telle déclaration. La main rassurante de son médecin sur le fait rougir un peu, teintant son visage d'une jolie couleur rosée.
- Vous avez eu un doute et plutôt que d'ignorer un potentiel diagnostique plus grave, vous êtes venu consulter. On éviterait beaucoup de drames si plus de personnes venaient se faire dépister. Mieux vaut prévenir que guérir, non ?
- Oui, je... oui.
Guillaume prend sur la petite table en fer près de lui son tensiomètre qu'il enroule autour du bras du jeune homme.
- En revanche, dit-il en appuyant frénétiquement sur la pompe, tous ces sites que vous consultez... c'est pas bon... ça vous angoisse pour rien. Vous avez quel âge ?
- 25 ans.
Guillaume laisse l'appareil mesurer la tension d'Aurélien. Pendant ces quelques secondes, le plus vieux sourit à l'autre qui esquisse un petit sourire timide. C'est agréable de se sentir écouté et compris.
- Votre tentions est un peu haute... Que faites vous, dans la vie ?
- Je suis fleuriste.
- Quel joli métier. Ça doit être intéressant non ? Vous pouvez retirer votre chemise s'il vous plaît ?
- O... Oui...
Aurélien déboutonne silencieusement sa chemise bleu ciel et la fait délicatement tomber le long de ses épaules avant de l'enlever. Guillaume, troublé par la beauté qui émane de ce corps finement dessiné manque de faire tomber son stéthoscope.
Le brun pose délicatement l'objet métallique sur son dos qu'il sent frissonner. Il entend un soupir s'échapper des lèvres d'Aurélien et ça le rend tout chose.
- Respirez profondément... voilà... comme ça...
Les yeux de Guillaume glissent de ses épaules jusqu'à la chute de ses reins. Parsemé de quelques taches de rousseurs, sa peau claire attire le plus vieux qui lutte pour ne pas la caresser.
- Vous êtes doux... pardon... je veux dire vos gestes sont doux...
- Merci...
Aurélien rougit peut être presque tout autant de Guillaume qui, au fil de la consultation, se rend compte qu'il n'est pas insensible aux charmes involontaires du jeune homme.
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Cure my heart - TERMINEE
FanfictionAurélien, jeune homme animé par la crainte de tomber gravement malade croise la route de Guillaume, médecin attentif et d'une beauté rare.