- Eh bah, Guillaume ! T'es classe, t'as un rencart ce soir ?
- Moi ? non, pas du tout, pourquoi ?
- J'sais pas... La veste, la chemise, la coiffure, le parfum, tout ça... On à l'impression que tu t'es fait beau pour une nana !
Guillaume esquisse un petit sourire poli avant de porter de nouveau la cigarette à ses lèvres. Sa collègue Brigitte est la troisième personne à le complimenter sur sa tenue ce matin et le jeune homme se demande s'il n'en à pas fait peut-être un peu trop.
- Non, non... C'est juste... comme ça. J'avais envie, c'est tout.
- Y a pas de Madame Tranchant, alors ?
- Une Madame Tranchant ? s'amuse t-il avant de reprendre, non non... Il y a presque eu un Monsieur Tranchant a un moment, mais ça s'est pas fait.
- Ah parce que t'es... Enfin...
Le jeune médecin discerne une pointe de dégoût dans sa voix et regarde avec un mépris qu'il tente de cacher son visage se décomposer.
- Homo, oui, c'est pas une insulte, tu sais.
- Non, non, j'ai pas dit ça.... Bon, je... je dois y aller. J'ai un patient qui va bientôt arriver. Bonne journée !
Guillaume la regarde balancer sa clope parterre avant de filer à l'intérieur du cabinet. Quelle conne, se dit-il intérieurement en se penchant pour ramasser la cigarette et la jeter dans le cendrier prévu à cet effet. C'était déjà elle, la semaine précédente, qui avait été médisante vis à vis d'Aurélien. Pas une personne sympathique, en somme. Guillaume reste adossé contre le mur, finissant en silence sa chesterfield. Il s'était promis d'arrêter de fumer une fois arrivé à Caen mais il ne peut se résoudre à dire adieu à ce plaisir abrasif. Alors il reste là, laissant la fumée virevolter dans ses poumons dans une danse macabre jusqu'à ce qu'il réalise que son prochain patient va bientôt arriver.
*
Le sourire qui s'affiche sur les lèvres de Guillaume lorsqu'il sert la main d'Aurélien est plus qu'évocateur. Son cœur tremble, il ne contrôle plus les papillons qui s'agitent à l'intérieur de lui. Il touche de nouveau sa peau et s'il avait pu chérir cette main encore plus longtemps, il l'aurait fait avec plaisir tant il été devenu en quelques rencontres accro à la chaleur qui se dégageait d'Aurélien. Ses yeux se posent sur la bouche du plus jeune, il est encore en train de se mordre la lèvre. Il garde sa main dans la sienne quelques secondes de trop avant de bredouiller un bonjour timide auquel Aurélien répond.
Guillaume est encore plus anxieux qu'à sa première prise de sang mais il essaye de rester calme et professionnel. Il remonte les manches de sa chemise, replace la mèche de devant son front et attrape un stylo, se préparant à écrire.
- Dites moi ce que je peux faire pour vous aujourd'hui ?
Son sourire est franc, rassurant mais Aurélien ne cesse de triturer les manches de son sweat trop grand pour lui. Il n'ose pas parler, de peur qu'encore une fois les remarques désagréables fusent.
- Aurélien, dites moi ce qui ne va pas. Vous semblez anxieux.
- Je... Je sais pas, je ne me sentais pas bien aujourd'hui, alors... alors j'ai appelé pour prendre un rendez vous, j'ai des palpitations, des vertiges, j'ai chaud puis après j'ai froid, je... je me sens faible, j'étais en train de faire une composition florale, avec des roses blanches et des branches fleuries de cerisier, et... et je me suis senti très mal... j'ai cru que j'allais... je sais pas... mourir ou m'évanouir et...
- Quand avez vous mangé pour la dernière fois ?
- Ce matin.
- Et sans me mentir, ça donne quoi ?
Aurélien relève la tête et voit que Guillaume sourit, il plaisante. Le plus jeune se sent en confiance et décide de lui dire la vérité.
- Hier matin, j'ai dû boire un café...
- Je vois... c'est certainement pour ça que vous ne vous sentez pas bien.
Aurélien hoche la tête, concentrant toutes ses forces pour ne pas fondre en larmes devant Guillaume, tant il a eu peur. Ce dernier il'invite à le suivre afin de prendre sa tension et vérifier que tout va bien. Intérieurement, Guillaume n'est que joie mais il a honte de ressentir un tel sentiment. Il va pouvoir de nouveau frôler sa peau si douce et admirer ce corps à moitié nu qui hante ses nuits depuis le premier jour. Mais il sait qu'éprouver autant d'affection et même pire... du désir pour un patient est contre la déontologie. Pourtant... lorsqu'Aurelien retire doucement son sweat, entraînant avec lui son tee-shirt, Guillaume se sent fondre en découvrant pour la seconde fois ce torse qui l'envoûte tant. Aurélien est allongé, le haut de son corps dévoilé entièrement aux yeux de son médecin qui le chéri en secret. Il veut de nouveau sentir son toucher délicat, sentir ses doigts fins parcourir sa peau. Ses joues se tintent de rose au moment même où Guillaume pose sur lui une main timide.
*
Alors qu'Aurélien se rhabille en silence, Guillaume prépare son ordonnance. Fort heureusement, le plus jeune n'a rien de grave alors il lui prescrit quelques vitamines, afin de le remettre en forme et de le rassurer.
Guillaume a bien compris que le mal qui ronge Aurélien n'est pas physique mais d'un ordre plus délicat et subtile. Toutes ces angoisses, cette peur panique de tomber malade, tout cela cache forcément une raison plus personnelle.
C'est pour cela même que le jeune médecin fait tout pour le mettre à l'aise. Il veut qu'Aurélien se sente assez en confiance pour lui dire ce qu'il a sur le coeur et au fil du temps, peut-être l'aider à sortir de cette perpétuelle angoisse de tomber malade.
- Je prends ça tous les matins, alors ? Demande timidement le jeune brun.
- Oui, ça va vous redonner de l'énergie. Mais il faut manger aussi. Si vous ne mangez pas régulièrement, vous allez vous allez nécessairement vous sentir plus faible. Ça paraît bête mais plein de gens vont au delà de leurs limites.
- J'avais un mariage à préparer, j'ai pas eu le temps.
- Eh bien prenez la prochaine fois.
Guillaume le gratifie d'un sourire sincère, s'il n'avait pas été son médecin, il l'aurai certainement inviter à dîner ce soir. Il meurt d'envie d'en apprendre plus sur lui. Pas en tant que personnel médical mais en tant qu'homme qui craque totalement pour un autre. Il veut connaître le genre de musique sur laquelle il danse, le genre de livre qui le tient en haleine jusqu'à tard dans la nuit.
- D'accord, je vous fait confiance, docteur.
Aurélien regarde sa montre et fait une petite moue désolée.
- Il est tard. J'ai pas mal de route à pieds quand je vais arriver tout sera fermer. Ça attendra demain.
- Je fais les meilleures omelettes, vous aimez ça ?
- pardon ?
- J'habite pas loin... je... je peux vous faire à manger, je cuisine vraiment bien ! et vous ramener en voiture ensuite...?
Guillaume regrette déjà ce qu'il vient de proposer. Il se gifle intérieurement jusqu'à ce qu'Aurélien accepte son invitation.
- J'adore ça.
Aurélien et Guillaume échangent un sourire complice. Ils se plaisent, c'est flagrant, même si les deux hommes sont bien trop occupés à se lancer des regards timides pour comprendre que c'est réciproque.
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Cure my heart - TERMINEE
FanfictionAurélien, jeune homme animé par la crainte de tomber gravement malade croise la route de Guillaume, médecin attentif et d'une beauté rare.