- Alors, vos vacances, Aurélien ? Comment c'était ?
Guillaume, assis face à son patient préféré dans son cabinet, est plus à l'aise qu'à l'accoutumé. Parfum, cheveux peignés et barbe taillée au millimètre, il s'est fait beau pour la venue du jeune fleuriste en ces lieux. Il le regarde en souriant et l'autre en fait de même, il n'a pas l'air anxieux aujourd'hui et Guillaume aime penser que c'est peut être un tout petit peu grâce à lui.
- Ca m'a fait beaucoup de bien de partir un peu à la campagne, j'ai pu me reposer... me faire chouchouter un peu, c'est agréable.
- J'imagine bien, oui.
Nouveau sourire, cette fois-ci avec une pointe d'attendrissement. Guillaume s'imagine , le temps d'un instant, en train de chouchouter Aurélien... Petite soirée posée, massage, bonne musique, bonne bouteille, des baisers, des baisers et encore des baisers, puis...
- Docteur ?
- Oui ?
- Je vous demandais ce que vous aviez fait, vous, pendant ces deux semaines...
- Moi ? Euh...
Le jeune médecin n'ose pas dire qu'il s'est langui de lui pendant des jours et des jours, qu'il n'a fait que ressasser leur soirée ensemble en imaginant plus moins chastement comment elle se serait déroulée si Aurélien était resté dormir... Non, il n'allait pas lui dire ça, il fallait se la jouer détaché. Oui, c'était la meilleure attitude à avoir selon Guillaume. Alors il se lève et dans un sourire maîtrisé qui cache toute l'attirance qu'il éprouve pour le jeune anxieux, il lui propose un café en se dirigeant vers la machine.
- J'suis plutôt thé, vous avez ? lui répond Aurélien dans un petit sourire.
- Tout ce que vous voulez...
Quelques secondes plus tard, Guillaume lui sert une tasse fumante d'Earl Grey (un sucre et nuage de lait) alors que lui savoure une tasse de café qui le réchauffe. Il s'installe de nouveau en face de lui et jette un coup d'oeil à son planning. Après Aurélien, c'est sa pause déjeuner alors il peut prendre le temps de discuter un peu avec lui.
- Moi... eh bien pas grand chose, vous savez... J'ai déballé quelques cartons, je me suis un peu baladé mais j'ai surtout travaillé.
- Permettez moi de vous dire que vous avez l'air fatigué, docteur...
- Oh...
- Pardon, je... vous... vous êtes très beau, c'est pas... euh... pardon je devrais pas dire ça... Mais euh... je... Pardon...
Guillaume se mord la lèvre pour tenter de contrôler le sourire grandissant qui naît sur son visage lorsqu'il entend le babil incertain d'Aurélien. Il le trouve très beau alors, mmh... intéressant...! Le jeune homme semble s'empêtrer dans sa gêne qui se traduit par des joues qui virent au rouge, contrastant avec sa jolie peau claire. Mais ça amuse le plus vieux qui disparait derrière sa tasse de café pour ne pas se faire démasquer.
- Aurélien, c'est bon, j'ai compris, vous en faites pas... je sais que j'ai besoin de vacances... J'en ai pas pris depuis longtemps. Mais ça attendra un peu. Mais assez parlé de moi, comment vous allez ? Vos angoisses, où en êtes-vous ?
- Mes angoisses ? Bah... je... Ça dépend des jours à vrai dire... aujourd'hui ça va plutôt bien... J'ai pris le tram pour venir, d'habitude je préfère venir à pieds pour ne pas avoir à toucher les barres pleines de... brrr... de bactéries... dit-il dans une grimace dégoutée. Mais c'est la première fois depuis longtemps que j'ai pas eu de trop grosses angoisses...
- Vous avez une idée du pourquoi ?
- C'est p't'être un peu bête mais... depuis que j'ai changé de médecin, à vrai dire...
Une chaleur inexpliquée vient remplir le coeur tout entier de Guillaume qui ne sait pas comment réagir à une telle déclaration, si on peut appeler ça comme ça. Encore une fois, le médecin tente de se la jouer cool même s'il n'a envie que d'une chose, se pencher pour capturer les lèvres de son patient préféré.
- C'est... c'est vrai ?
- Oui... Ca fait du bien de se sentir écouté, parfois... et pas jugé. Avant j'avais l'impression d'être fou, de pas être normal, l'impression que jamais je pourrais vivre comme tout le monde. Mais pour la première fois depuis des semaines j'ai pris le tram. Bon je me suis badigeonné de gel hydro-alcoolique mais bon, au moins je l'ai fait.
- Je suis fier de vous Aurélien, et touché de voir que j'ai pu vous permettre d'aller un peu mieux.
Aurélien porte sa tasse à ses lèvres en ne quittant jamais des yeux son médecin. Son coeur bat vite et il espère que le liquide brulant suffira à le calmer. Guillaume quant à lui remarque une nouvelle fois qu'il tient sa tasse à deux mains et il ne peut s'empêcher de trouver ça bougrement adorable.
- Même mes amis ont remarqué que j'allais un peu mieux.
- Et... vous avez quelqu'un, si je peux me permettre cette petite question indiscrète...?
Guillaume dû rougir autant qu'Aurélien à cette question mais ce dernier ne le prend pas mal. Lorsqu'ils avaient déjeuné ensemble, il avait beaucoup questionné son médecin pour apprendre à le connaître alors il ne lui en voulait pas.
- Moi ? Quelqu'un ? Euh... non...
- Pardon, je voulais pas être trop indiscret, je...
Guillaume s'en veut d'avoir un peu dépassé les limites mais l'autre homme le rassure en lui souriant malgré sa gêne non dissimulée.
- Non... non, pas de problème, mais non. Je n'ai personne. En ce moment. Puis, honnêtement, docteur, qui voudrait de quelqu'un comme moi ? Je veux pas être prétentieux mais bon je sais que je suis mignon...
Bordel oui, t'es même carrément canon ! Se retient de dire Guillaume.
- Mais, reprend-il, ça intéresse qui franchement quelqu'un pour qui réussir à prendre le tram est une victoire ? Je me trouve un peu pathétique alors je vois pas ce qu'on pourrait me trouver.... Finit-il en baissant les yeux.
- Vous allez arrêter de vous dévaloriser, Aurélien ?
Ledit Aurélien relève la tête et croise le regard perçant de son médecin.
- Vous êtes conscient que quelque chose ne va pas, et vous faites des efforts pour surmonter vos angoisses, donc ce n'est pas pathétique mais courageux. Ensuite, chacun à ses peurs, ses doutes, ses angoisses, vous n'êtes pas le seul, et vous avez tout un tas d'autres qualités qui feraient chavirer n'importe qui.
Surtout moi.
- Donc, mon conseil... c'est de vous ouvrir aux autres et de vous faire à l'idée qu'il y a peut-être dans votre entourage quelqu'un qui craque pour vous.
- Ca m'étonnerait, mais...
- Promettez moi d'y réfléchir.
Guillaume lui offre un petit sourire complice qui plaît beaucoup à Aurélien. Ce dernier lui rend son sourire en sentant son coeur battre à la chamade, il ne veut pas se faire des films alors il doit chasser coute que coute de son esprit la douce idée que le beau Docteur Tranchant soit attiré par lui.
- C'est promis, docteur.
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Cure my heart - TERMINEE
FanfictionAurélien, jeune homme animé par la crainte de tomber gravement malade croise la route de Guillaume, médecin attentif et d'une beauté rare.