IV. Alea jacta est

67 9 16
                                    

12 Août 1891

Une délicieuse odeur de pain grillé envahit la petite cuisine familiale alors qu'une chaleur étouffante s'installait en ce début de matinée.

Bien que le soleil soit sorti de son sommeil depuis à peine quelques minutes, déjà la fournaise de l'été prenait place et Kendra tira rapidement les rideaux pour tenter de conserver un minimum de fraîcheur dans l'habitation.

La jeune mère nettoyait quelques framboises cueillies la veille, quand Perceval l'entoura de ses bras protecteurs avant de déposer un doux baiser dans son cou. Les boucles brunes de sa femme lui chatouillèrent le nez et il se perdit dans son parfum hypnotisant et Kendra esquissa un sourire charmeur.

Le calme régnait encore dans la petite maison et les deux parents profitaient de quelques instants solitaires. Ils se jetaient amoureusement des regards complices et se frôlaient de temps à autre.

La magie qui entourait leur quotidien n'était rien en comparaison de ce bonheur simple qu'était le leur.

Un grincement résonna à l'étage, rapidement accompagné de pas feutrés.

Ils furent bientôt suivis d'autres grincements et d'éclats de voix : le reste de la maison s'éveillait.

- Les monstres arrivent, soupira Perceval avec pourtant un visage lumineux.

- Pauvres de nous, plaisanta Kendra en déposant devant lui une tasse de thé fumante.

Il lui répondit d'un large sourire avant de l'attirer à lui pour l'embrasser.

À cet instant, la grande invasion se déroula dans les rires et le dynamisme matinal de leurs trois rayons de soleil.

Adieu la douce tranquillité poétique des amours.

Avec des enfants, elle était vite remplacée par un quotidien changeant et débordant d'une nouvelle vie. Et, pour rien au monde, Kendra et Perceval s'en priveraient.

Après avoir embrassé leurs parents, le trio gagnant prit place autour de la table et se servit dans un joyeux brouhaha enfantin.

Alors qu'ils contaient avec enthousiasme les trépidantes aventures que chacun avait vécues dans ses songes, un bruit furtif se fit entendre à l'extérieur et un battement d'ailes les interrompit. À travers les rideaux de la fenêtre, ils devinèrent sans mal un grand-duc, posté sur son rebord. Les ailes encore déployées, l'animal battit des plumes avec satisfaction avant de se recourber sur lui-même avec un petit cri jovial.

Kendra retira de ses serres le courrier puis prit soin de lui servir une petite coupelle d'eau pour le remercier. L'oiseau se laissa docilement faire avant de reprendre sa route, sans un regard en arrière.

Ébahis, Ariana et Abelforth contemplèrent encore un court instant le bel animal avant qu'il ne prenne son envol, éblouis par cette beauté simple de la nature.

Albus, lui, se focalisait sur les photos mouvantes du journal.

Après avoir jeté un rapide coup d'œil aux quelques lettres qui leur étaient adressées, Perceval se saisit de la Gazette et observa avec son fils la une du journal. Aussitôt ses sourcils se froncèrent imperceptiblement, mais cet infime mouvement n'échappa pas au regard vigilent de son épouse qui posa une main réconfortante sur son épaule.

- Rien de grave mon cœur ? l'interrogea-t-elle.

- Non, la rassura-t-il aussitôt. Phineas Black vient d'être nommé directeur de Poudlard, lui apprit-il simplement.

- Un ancien camarade d'école, non ? releva Kendra alors qu'elle servait un bol de lait à une Ariana assoiffée.

Son mari hocha gravement la tête avant de se plonger dans la lecture de l'article correspondant. Son attention toute focalisée sur le texte, Perceval but distraitement son thé pendant que les enfants expliquaient à leur mère le superbe programme de la journée.

La Déliquescence de l'EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant