XVII. A la croisée des chemins

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9 Octobre 1899

Habituellement, les élèves de Poudlard avaient l'autorisation de regagner leur domicile à partir des vacances de Noël et non avant. Seules des dérogations exceptionnelles pouvaient permettre un retour chez eux lors de la Toussaint. Il n'existait aucune autre raison à ce que des étudiants foulent le seuil de leur maison pendant leur période scolaire.

Excepté en cas d'expulsion provisoire.

La direction de l'école de sorcellerie était réputée pour sa compréhension, sa pédagogie à toute épreuve et sa soif d'enseigner de justes valeurs à ses élèves. Il arrivait toutefois que certaines mauvaises herbes persistent dans leurs déviances et alors les punitions et châtiments corporels pleuvaient sans équivoque.

C'était le cas d'Abelforth Dumbledore.

Dès sa première année au sein du château, le garçon s'était montré solitaire, associable et très difficile à vivre. Ses camarades de classe, le jugeant selon la réputation de son aîné, abandonnèrent rapidement l'idée de s'en faire un ami et il devint même rapidement un marginal qu'il valait mieux éviter. Bien sûr, Albus, élève en même temps que lui, aurait pu contrebalancer la situation mais, le nez plongé dans ses livres et ses trophées, il n'avait rien remarqué.

Son absence à Poudlard marquait une nouvelle ère pour Abelforth, car même si son grand frère n'avait pas levé le petit doigt pour lui venir en aide, sa seule présence avait suffi à décourager certains plaisantins. Ce qui n'était plus le cas cette année. Loin de vouloir devenir le souffre-douleur de l'école, Abelforth se montrait teigneux et disposait de beaucoup de répondant. Les bagarres s'accumulaient sur son ardoise et comme l'autorité familiale n'était plus ce qu'elle était, le jeune sorcier prenait un malin plaisir à remettre en cause l'enseignement de ses professeurs, à tester les limites et à enchaîner les heures de colle.

Au premier abord, Phineas Black avait relégué ce comportement à celui d'un jeune adolescent qui souffrait de la perte de ses parents et cherchait à attirer l'attention sur lui, mais il devint rapidement évident qu'Abelforth cachait une colère sourde en lui et que la seule manière pour lui de l'exprimer passait par des actes physiquement violents. Les cachots n'avaient plus de secret pour lui vu le nombre d'heures qu'il y passait, punitions après punitions, corrections sur corrections. Son corps se recouvrait petit à petit des marques pédagogiques des adultes.

Face à une telle situation et un tel manque de maturité, la commission des enseignants de Poudlard avait décidé de renvoyer le jeune sorcier à son domicile l'espace de deux semaines, afin qu'il puisse réfléchir à son comportement et aux conséquences que de telles actions porteraient sur son avenir.

Bien sûr, tous ignoraient qu'une telle décision était justement l'objectif premier de l'élève turbulent : rentrer à la maison.

Malgré la promesse d'Albus, le benjamin ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour leur jeune sœur et, depuis la mort de leur mère, ils savaient tous deux combien la magie renfermée d'Ariana pouvait être puissante et dangereuse. Autant pour les autres que pour elle-même. Et ce fut d'ailleurs avec une certaine appréhension que le jeune élève regagna sa maison par le portoloin mis à sa disposition. L'adulte chargé de l'accompagner s'assura qu'il se rendait bien à son domicile avant de transplaner en vitesse pour retourner à ses occupations, ô combien plus intéressantes.

Alors qu'Abelforth approchait de l'entrée, il décela sans difficulté des éclats de voix animées et enthousiastes qui s'évadaient de leur séjour. Perplexe et intrigué, le jeune homme s'immobilisa et tendit l'oreille afin de saisir quelques bribes de la conversation. Son sang se glaça lorsqu'il reconnut une voix grave à l'accent du Nord. Gellert Grindelwald !

La Déliquescence de l'EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant