Le facteur est passé

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Il s'était passé près de dix ans depuis que notre oncle Vernon et notre tante Pétunia nous avaient trouvés devant leur porte, mon cousin Harry et moi, à quelques semaines d'intervalle. Privet Drive était toujours à sa place. Les haies étaient toujours bien taillées, les rues toujours propres. Ce jour-là, le soleil se leva sur les mêmes petits jardins proprets, ses rayons s'infiltrant dans le living-room de la maison des Dursley.

- Allez, debout ! Immédiatement !
Ce fut la voix perçante et suraiguë de la tante Pétunia qui nous réveilla, comme chaque matin.
- Sortez ! Dépêchez-vous !
Notre tante tambourina à la porte du placard que nous occupions Harry et moi, sous l'escalier. Mon cousin glissa hors du lit et commença à s'habiller, tandis que je m'octroyais quelques minutes de repos supplémentaires. Je savais que c'était l'anniversaire de Dudley, mon autre cousin et le fils unique des Dursley. Je considérais qu'il s'agissait d'une raison suffisante pour rester au lit toute la journée.

Malheureusement l'oncle Vernon et la tante Pétunia n'étaient pas de cet avis. A peine Harry avait-il mis un pied dans la cuisine que je les entendis aboyer :
-Et ta cousine, qu'est-ce qu'elle fait ? Réveille-la, sinon c'est moi qui vais m'en charger !
-Elle est devenue sourde ? Va la chercher !
Je sentis une main me caresser les cheveux.
-Viens maintenant Penny, sinon tu vas encore avoir des ennuis.
J'ouvris les yeux et souris. Harry était bien la seule personne à laquelle j'obéissais de bon cœur.
-Tu sais bien que les ennuis nous attendent de toute façon dans la cuisine. Le père, la mère, le fils.

Harry, Dudley et moi étions trois cousins du même âge. Pourtant nous nous ressemblions peu. Harry était brun aux yeux verts, j'étais blonde aux yeux noirs, Dudley quant à lui avait une grosse figure rose, un cou presque inexistant et d'épais cheveux blonds. Il était le portrait craché de l'oncle Vernon. Là où la tante Pétunia voyait un chérubin, je voyais un gros cochon avec une perruque.

Harry était la seule personne de ma famille pour qui j'éprouvais de l'affection. La cohabitation avec les Dursley aurait été impossible sans lui. Il avait un tempérament bien plus doux, un caractère bien plus docile que le mien. A l'école, je me battais toujours avec les copains de Dudley pour le défendre. Nous étions très proches, peut-être était-ce parce que nous étions tous les deux orphelins, peut-être était-ce parce que nous avions grandi dans le même placard, peut-être était-ce parce que nous étions détestés par le reste de la famille. En tout cas, je l'aimais profondément et il me le rendait bien. Nous nous complétions, la symbiose était parfaite.

Harry était le seul de la famille à porter des lunettes rondes. Mais il était surtout le seul à porter sur le front une cicatrice en forme d'éclair. A la question : comment lui était-elle venue, la seule réponse évasive que la tante Pétunia ait jamais consenti à donner était :
- Dans l'accident de voiture qui a tué tes parents.
Et elle nous avait interdit d'en parler davantage. Ne pas poser de questions était la première règle à observer si l'on voulait vivre tranquille avec les Dursley. C'était sans doute la raison pour laquelle je n'avais jamais cherché à connaître la réelle cause du décès de mes parents. Pourtant, là non plus, la réponse de la tante Pétunia ne m'avait jamais vraiment convaincue. Mes parents seraient également morts dans un accident de voiture, peu avant ceux d'Harry. Mais contrairement à eux, je m'en serais sortie sans la moindre égratignure.

Harry et moi étions les enfants des deux sœurs de la tante Pétunia. Harry était le fils de Lily Potter. Quant à moi, j'étais la fille de la sœur aînée, Rose Wyatt. Seulement voilà, la tante Pétunia aimait penser qu'elle était fille unique et aucune allusion à ses sœurs ou à leurs maris ne pouvait être tolérée sous le toit des Dursley. Néanmoins, mon oncle et ma tante répétaient souvent comment, alors qu'ils ignoraient mon existence, ils avaient eu la très mauvaise surprise de me trouver un matin sur le seuil de leur porte, alors que je n'étais qu'un bébé. Comment, quelques semaines plus tard, "la chose" s'était reproduite avec "une seconde apparition" devant chez eux, celle de bébé Harry. Et enfin comment, à partir de là, ils n'avaient "pas eu d'autre choix" que de nous élever, étant la seule famille qui nous restait.

Harry Potter et le phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant